Gomorra, Saison 5 : « Les derniers jours de tournage ont été très difficiles » pour Salvatore Esposito

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 Brainterview mafioso-italo-franglaise avec Salvatore Esposito, interprète de Gennaro ‘Genny’ Sevastano à l’occasion de son passage à Cannesérie, et la fin de la série italienne mythique.

Présentée en avant-première mondiale lors de la cérémonie de clôture de la quatrième édition du festival Canneséries, la cinquième saison de Gomorra se déchaîne enfin, à raison de deux épisodes chaque week-end depuis le 20 novembre dernier sur Canal+, et marque les retrouvailles tant attendues entre Ciro (Marco D’Amore) et Genny (Salvatore Esposito) pour un ultime face à face explosif.

Afin de dresser ensemble le bilan de la plus immersive de toutes les séries « mafieuses » jamais tournées, le Cerveau a rencontré Salvatore Esposito. Celui qui, depuis ses débuts de petit bourgeois insouciant jusqu’à son ascension à la tête de ce qu’il reste du Clan Sevastano, incarne si magistralement le rôle du camorriste Gennaro, dit Genny. Un vrai « méchant » comme on ne se lasse pas de les adorer.

Né à Naples, la ville-même qui donne son cadre principal à Gomorra, Salvatore Esposito ne tourne en fait que depuis quelques années et, le plus souvent, dans son propre pays. Toutefois, on a tout de même pu le voir dans Taxi 5 (encore en chef de gang italien), ainsi qu’en fasciste hyper violent dans la saison 4 de Fargo. À noter qu’en 2013 : il débutait à la télévision dans la série Il clan dei camorristi, déjà focalisée sur les coulisses de la Mafia Napolitaine…

 

Après deux ans d’attente, la cinquième saison de Gomorra est donc enfin arrivée… Que ressentez-vous à l’aube de sa diffusion ?

Je pense qu’il va être très intéressant, pour les téléspectateurs, de voir comment tout cela se termine. En revanche, pour nous autres comédiens, le sentiment est forcément un peu plus doux-amer. D’un côté, il est agréable de pouvoir se consacrer à de nouvelles choses, se plonger dans de nouveaux projets… Mais, de l’autre, il est vraiment difficile de dire « adieu » à une si particulière aventure.

Comment avez-vous vécu vos derniers jours sur le plateau ?

Ces derniers jours de tournage ont été très difficiles car, finalement, tout arrivé assez vite. Et c’était plutôt intense. Nous tenions tous à offrir notre maximum… Cette sensation de « fin » nous a aidés à puiser au plus profond de nos sentiments. J’ai consacré huit ans de ma vie à Gomorra et j’ai littéralement adoré chacun des jours passés sur la série. Y compris les plus difficiles. Voire, parfois, pénibles. Car, absolument tous m’ont appris ou apporté quelque chose. Sans même parler du plaisir et du privilège d’avoir collaboré avec une si belle équipe.

Genny peut se révéler en personnage de peu de mots… Mais, au fil des ans, vous avez su lui conférer une gestuelle propre et, pour le coup, extrêmement « parlante ». On peut deviner ce qu’il a en tête uniquement à sa façon de tourner et de retourner sa bague…

C’était loin d’être évident. Il m’a fallu ajouter un petit élément à chaque nouvel épisode. Tout doucement. « Piano, piano ». Du premier épisode jusqu’au dernier. La manière de jouer avec la bague dont vous parlez, ou le travail sur le regard, font totalement partie de ce long processus d’évolution. Chaque évènement qu’il traverse, qui le touche… du décès de sa mère à la complexité de sa relation avec Ciro jusqu’à sa mort présumée… Tous, le marquent un peu plus profondément. Autant ses propres expériences que celles que vivent, ou subissent, les autres personnages rejaillissent sur lui… jusqu’à, enfin, en faire quelqu’un de complet.

De l’art de donner vie à un personnage iconique…

Ce que, moi, je fais n’est pas difficile. C’est vers les producteurs et l’ensemble des équipes créatives qu’il faut se tourner. La vraie difficulté est de créer ce personnage. Personnellement, je n’ai qu’à trouver un rôle qui me permette de montrer ce que j’ai envie de faire à travers lui. De même que ce lui peut exprimer à travers moi… Mais je n’ai pas à me préoccuper des mêmes choses que les réalisateurs ou les scénaristes. Je peux jouer un Saint un jour et un Super-Héros le lendemain : je travaillerai toujours très dur pour rendre le personnage le plus iconique possible ; comme c’est peut-être effectivement le cas pour Genny. Je ne sais pas si j’y parviens mais, en tout cas, j’essaie.

Comment expliquez-vous l’intarissable engouement des spectateurs envers les « histoires de gangsters » ?

Bien sûr que tout le monde aime Le Parrain, Scarface, Les Affranchis, Il était une fois en Amérique et tant d’autres… Il existe, véritablement, un langage cinématographique lié au Crime. Et étant moi-même comédien, j’ai pu expérimenter ce langage des deux côtés de la barrière ; tantôt assis dans une salle de cinéma tantôt devant la caméra. Selon moi, le plus intéressant est de comprendre comment fonctionnent les dynamiques de ce type de personnes. Comment quelqu’un de « mauvais » peut-il en en arriver à, ou être capable de, prendre de telles décisions ? À faire des choix si radicaux et d’en assumer les conséquences ? Il y a résolument quelque chose de fascinant dans le fait d’avoir l’opportunité de devenir témoin, d’assister à ce basculement. Celui-là même qui permet à certaines personnes de commettre des actions que la plupart d’entre nous, commun des mortels, ne serions absolument jamais capables de faire.

Au final, Gomorra compte cinq saisons et un téléfilm (L’immortale, centré sur l’exil de Ciro). Mais n’auriez-vous pas aimé voir le destin des Sevastano porté sur grand-écran ?

J’aurais beaucoup aimé (Rires) ! D’ailleurs, j’ai toujours considéré Gomorra comme étant plus cinématographique que « purement » télévisuelle.

Gomorra saison 5, est diffusée sur CANAL+. Les saisons 1 à 4 sont visibles en intégralité sur myCANAL.

Crédit photos : Droits réservés 

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