The Umbrella Academy : Notre belle famille de super-héros torturés (bilan)

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2.5

Une saison de voyages dans le temps, de super-héros et de super-pouvoirs de frères et soeurs torturés : The Umbrella Academy, bilan d’une saison qui n’embrasse pas tout son potentiel. 

Alors que Netflix perd ses héros des séries Marvel de son catalogue, une nouvelle franchise de super-héros adaptée de comics a été mise en ligne le 15 février dernier chez le géant du streaming américain : The Umbrella Academy.

Inspirée des romans graphiques (The Umbrella Academy : Apocalypse suite), à succès créés et écrits par Gerard Way (My Chemical Romance), illustrés par Gabriel Bá et publiés aux États-Unis par Dark Horse Comics, Umbrella Academy est une série à l’image des comics même si un peu moins dark et plus conventionnelle.

Une histoire de famille… et de parapluie

Débridée, fantasque, psychédélique et satirique, elle se dévoile à travers une esthétique assez intéressante, loin de certaines consoeurs sérielles de super-héros (comme les multiples Marvel de Netflix ou autres chaines de Network.)

Umbrella Academy est une série de super-héros aux antipodes de son genre. Dans l’esprit d’une Legion (qu’elle est loin d’égaler), The Umbrella Academy s’attaque aux mythe des super-héros aux pouvoirs surnaturels différemment et presque sans limites conventionnelles.

43 femmes, 7 numéros

Tout commence quand 43 femmes dans le monde accouchent simultanément d’enfants suite à une grossesse éclair. Un riche détenteur de prix Nobel, Sir Rupert Hargreeves, décide de recueillir un maximum de ces enfants miraculeux et créé une académie, l’Umbrella Academy, puisque ces enfants bien évidemment développent des capacités hors normes et surnaturelles.

Au final il n’adoptera que 7 enfants. A l’age adulte, ces derniers se retrouvent réunis après le décès du patriarche. Alors que le monde devra faire face à une Apocalypse qui se profile, la famille recomposée va devoir faire face elle aussi à ses propres démons et tenter de recréer des liens qu’ils ont perdu ou jamais forgé.

Folle et débridée

Comme le laissait penser la bande-annonce rocambolesque de cette nouvelle création originale signée Netflix, Umbrella Academy est bien une série dans la veine des films Kingsman ou Kick-ass, avec des séquences stylisées, des chorégraphies sur fond de mélodies pop-rock et bad-ass, servie par une esthétique tranchée et travaillée. Indubitablement, Umbrella Academy et une série visuellement léchée et recherchée, personne ne pourra dire le contraire, notamment vis-à-vis de son genre, tentant de réinventer un peu l’école du professeur Xavier des X-Men de manière plus pop et déjantée.

Ainsi, au fil des 10 épisodes qui composent cette première saison, la série propose de véritables séquences jouissives et artistiquement poussées, à l’image d’une séquence en noir et blanc d’une rare beauté en télévision par exemple, tout comme les multiples chorégraphies ou séquences de tueries proposées par les deux tueurs à gages Hazel et Cha-Cha. Des séquences édulcorés et pétillantes, dignes des comics qui ont inspirés la série.

Notre belle famille

Umbrella Academy, au-delà d’être un récit fantastique de super-héros atypiques, est une série avant tout sur la famille, dysfonctionnelle, bien sûr ! Un classique en télévision quand il s’agit de de la famille, même quand cette dernière possède et partage des pouvoirs.

Si tous ces enfants qui ont grandi ne partagent aucun lien du sang, leur passé familial joue un rôle important dans leur personnalité ainsi qu’évolution en tant qu’êtres humains, atypiques ou non. Une série plus psychologique que surnaturelle, alors qu’on aurait imaginé découvrir une fabrique de super-héros plus folle avec cette Académie hors normes, dans la veine de Harry Potter ou X-Men.

Plus psychologique que psychédélique

Une série qui s’attarde beaucoup sur les ravages de l’éducation particulière de leur père adoptif, plus savant fou que véritable figure patriarcale, ainsi que les liens qui unissent cette famille d’enfants adoptés. Une grande famille peu conventionnelle certes, qui au final ressemble un peu à toutes les autres, avec leurs crises et leurs problèmes, des liens fraternels plus forts ou inexistant, des deuils qui n’ont jamais été fait, ou la pression d’avoir une destinée, puisque cette famille n’existe que pour servir les pouvoirs dont ces enfants ont hérité.

Des liens qui vont être explorés à travers chaque personnage, qui ont droit chacun à leur propre épisode ( à la manière de The Haunting of Hill House), sans pour autant dénigrer les enjeux de l’intrigue principale, à savoir tenter d’éviter une Apocalypse très proche.

Enjeux assez basiques et classiques pour une série de super-héros (même s’ils sont ici plus loosers que super-héros), proposés à travers une narration balisée et devinable, puisque chaque personnage présenté tombe dans les écueils d’un destin attendu dans cette intrigue, tant ils peuvent être stéréotypés (on pense à Hazel par exemple, ou Leonard Peabody qui prend beaucoup trop de place et qui dès le début apparaît comme un agent double ou antagoniste potentiel…).

Personnages tristes et monolithiques

L’autre défaut d’Umbrella Academy réside dans ses personnages principaux un peu fades et stéréotypés. Le seul qui arrive à sortir du lot est numéro 5, véritable héros de la série interprété avec brio par le jeune acteur qui l’incarne (Aidan Gallagher). Vania/Numéro 7, incarnée par Ellen Page – dont on comprend très vite l’importance et la place dans l’intrigue de cette saison dès le premier épisode – est morne et souvent soporifique, puisque torturée par son enfance et place dans cette famille.

Diego est plus que cliché en justicier aux couteaux, Luther en retrait et monolithique au possible, Klaus, plus caricatural que n’importe quel junkie du cinéma ou de la télévision. Même si certains, comme Klaus, auront un peu plus de rondeur et profondeur au fil des épisodes, d’autres restent aussi plats qu’ils nous ont été présentés en début de saison, sans chercher à être explorés plus profondément. Et c’est bien dommage.

Prises de risques … très vite évitées ou corrigées

Umbrella Academy se veut comme une série de super-héros atypiques et sans limite, tentant de repousser les frontières inhérentes à son genre. Si bien-sûr la série excelle souvent dans sa mise en scène et réalisation, dans le fond, à savoir la narration et écriture ou évolution des personnages, peu de risques sont pris.

Même si Umbrella Academy réinvente et s’approprie la thématique des voyages dans le temps de manière intéressante, elle se perd dans les méandres des méfaits psychologiques ainsi que l’impact de l’attitude ou manque d’amour du père Hargreeves sur ses enfants. Elle essaye parfois d’explorer des choses intéressantes cependant, sans aller au bout de ses choix narratifs, notamment concernant la romance presque incestueuse entre Allison et Luther par exemple, qui sera très vite effacée par un retour en arrière dans le temps, ou la mort d’un personnage principal, évitée après un cliffhanger facile.

Un plaisir auditif quand même

Même si Umbrella Academy souffre de beaucoup de défauts, elle n’en reste pas moins une série divertissante et loin d’être désagréable. Le grand point fort de série au-delà de sa réalisation, est son choix musical, des morceaux de variété pop-rock jusqu’à sa bande originale épique composée par Jeff Russo (Legion).

Des mélodies qui ajoutent une plus-value à l’esthétique de la série, qui aurait pu être bien meilleure si elle n’avait pas essayé de canaliser l’esprit débridée fantasque et bizarre du comics qui l’a inspiré dans son écriture. Il faudra attendre la saison 2, qui ne tardera pas à être annoncée, puisque le final de saison 1 offre une conclusion ouverte, pour savoir si The Umbrella Academy pourrait être bien plus psychédélique qu’elle ne l’a été – sagement – dans cette première saison.

Crédit photos : ©Netflix

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