The Haunting of Hill House : Incarnations surnaturelles et familiales (bilan)

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4.5

La dernière série originale de Netflix : The Haunting of  Hill House est disponible sur Netflix. Un drame horrifique plus familial et psychologique qu’il en a l’air.

Le genre de l’horreur n’a jamais été l’apanage de la Télévision avant notre ère. Pourtant depuis quelques années, l’Horreur commence à se faire une place de choix en séries, de American Horror Story à l’Exorciste, en passant par The Purge.

La dernière à voir le jour : The Haunting of Hill House, création originale de Netflix, mise en ligne ce vendredi 12 Octobre. Une saison 1 de 10 épisodes, inspirée par une maison hantée des plus glaçantes, dans la pure tradition de ces mythes et autres fables occultes.

Haunted House

Les maisons hantées font partie du folklore du genre de l’Horreur au cinéma, ce bien avant Conjuring, de Poltergeist à The Hour.

Avec une esthétique et une écriture codifiée au possible, le mythe des Maisons Hantées à l’écran, généralement inspiré par plusieurs fables gothiques ou croyances mortifères, ou la littérature gothique, n’a jamais vraiment été adapté sur le petit écran (bien que certains pourraient arguer que quelques séries oubliées, comme Kingdom Hospital, inspirées par Stephen King, jouaient avec le concept). Peut-être car ces codes ne se prêtent pas essentiellement aux codes d’écritures télévisuels et intrigues épisodiques.

C’est pourtant le challenge que s’est fixé Mike Flanaghan (Ouija : Les Origines, Pas un bruit), créateur de la série The Haunting of Hill House, qui arrive à dépoussiérer un genre vu et revu au cinéma en l’adaptant pour Netflix.

Manoir, mon beau Manoir

The Haunting of Hill House est bien évidemment une intrigue sur fond de fantômes et de maison hantée – of course – dans tout ce qu’il peut y avoir de stéréotypé, porté par un casting de choix et une intrigue qui garantissait frisson et horreur. Tout du moins au pitch du projet.

Au final, The Haunting of Hill House est bien plus un drame familial qu’une série horrifique,  bien au-delà du concept de la Maison hantée. La série est une réadaptation moderne du roman de Shirley Jackson racontant l’histoire de cinq frères et sœurs ayant grandi dans la maison hantée la plus célèbre des États-Unis.

Désormais adultes, ils se retrouvent après le suicide de leur plus jeune sœur, événement qui les force à affronter les fantômes de leur passé. Si certains hantent leur esprit, d’autres se cachent bel et bien dans les recoins sombres de l’effrayante bâtisse.

Tragédie

Dès le premier épisode on comprend très vite que The Haunting of Hill House est une série sur la famille et un drame que toute personne va traverser au cours de son existence : la mort et l’impact de la mort sur l’unité familiale, notamment quand il s’agit d’un parent.

Si la thématique de la Mort et la possibilité d’une vie après cette dernière, qui pourrait se manifester dans notre quotidien, est bien évidemment au cœur de The Haunting of Hill House, elle n’en est pas l’intérêt principal. Le thème reste l’impact de la mort violente d’une mère sur ses jeunes enfants.

Un thème classique, qu’on retrouve par exemple dans la lacrymale This is Us (dont Hill House pourrait être l’antithèse). Dans The Haunting of Hill House, l’horreur permet d’exacerber les émotions et évènements pour plonger au cœur du mal-être que peut générer la perte d’un être cher, surtout après un départ traumatisant, pour mieux comprendre son impact sur des enfants devenus adultes.

We are family (and ghosts)

Portée par des choix d’écritures marqués, puisque chaque épisode se concentre sur un personnage avant qu’ils ne soient réunis, pour mieux plonger dans leur psyché et rapports, la série propose quelque chose de bien plus substantiel qu’une simple histoire de fantômes dévastateurs.

Elle s’intéresse à cette famille déchirée par le décès et suicide de sa mère, et montre comment cet évènement tragique a influencé ou influence encore leur vie, de l’Addict à celle qui a fait de la mort son métier, la psychologue détachée des autres ou le romancier pragmatique, un père complètement absent, ou la dépressive qui va répéter l’erreur de sa mère.

Mystère et poltergeists

The Haunting of Hill House au-delà d’être un drame psychologique et familial à travers les manifestations occultes de cette maison, est une histoire de secrets, cachotteries et regrets. Un mystère qui se dévoile dès le premier épisode, exploré au fil des flash-backs dans le passé. Un mystère aux antipodes du caractère surnaturel de la série.

Si la série ne prend jamais le parti d’expliquer ou rationaliser les manifestations surnaturelles dans cette maison, comme peuvent le faire d’autres intrigues du genre, où ces manoirs ne sont que les personnifications et incarnations de la psychologie des personnages (ce qui est aussi le cas ici, la série n’est pas exempte de scènes qui se plient aux codes de l’Horreur même si elle tente de les contourner), The Haunting of Hill House offre un mystère assez intriguant et immersif autour du décès de la mère et de sa fille, qui ne sera résolu qu’en fin de saison.

Un mystère alimenté par ce secret, bien plus réel que surnaturel, qui, lorsqu’il sera avoué, permettra aux personnages de renouer et reconstituer la cellule familiale brisée. The Haunting of Hill House : une thérapie horrifique en 10 épisodes.

Visuellement réussie

Les amateurs de l’horreur seront ravis de constater au fil des épisodes que l’esthétique inhérente au genre de la série est au rendez-vous. Une esthétique léchée, souvent soutenue par une réalisation et une production recherchée, à coups de plan-séquences et autres effets visuels immersifs, de contrastes de couleurs entre réalités, flash-backs et manifestations surnaturelles.

Les décors dans l’immense bâtisse, assurément gothiques, sont sans fausse note, favorisant l’adhésion du spectateur à cet univers obscur et macabre. Les scènes de « jump-scare », classiques du genre, sont proposées avec parcimonie pour plus d’efficacité et de sursaut chez un spectateur happé par l’intrigue.

The Haunting of Hill House est en somme une série qui vaut le détour, notamment vis-à-vis d’un genre peu adapté sur le petit écran. La série propose de la rondeur et profondeur à la simple intrigue de « maison hantée » et sait jouer des clichés à son avantage sans sombrer dans l’outrancier gore ou occulte. Le frisson, bien qu’alimenté par le surnaturel, reste bien réel et c’est ce qu’apprécie le Cerveau.

La saison 1 de The Haunting of Hill House est à voir exclusivement sur Netflix.

Crédit photos : ©Netflix

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