Mon Ami Dahmer raconte la jeunesse de Jeffrey Dahmer, un tueur en série américain. Malheureusement, Le Cerveau a l’impression d’avoir ressenti toute la souffrance de ses victimes en regardant ce film.

Les américains ont toujours été obsédés par les tueurs en série. Chercher à comprendre les motivations de ces personnes, leur fonctionnement, leur histoire. Ainsi les séries pullulent sur ces derniers. De Esprits Criminels à Mindhunter, il y en a tout pour tous les goûts. Côté cinéma, ce n’est guère différents. Il suffit de voir le nombre de films dédiés au tueur du Zodiac par exemple – oui, il n’y a pas que le film de Fincher. Et il y en a sur bien d’autres. En même temps, avec le nombre de tueurs que les américains se coltinent, ils ont de quoi écrire, pas besoin de chercher très loin.

Aucune surprise donc à voir un film sur Jeffrey Dahmer, un tueur violeur cannibale nécrophile. Oui rien que ça. Impressionnant, mais pas autant qu’Albert Fish. Le Cerveau recommande. Dahmer, donc, est un tueur très connu outre-Atlantique. On retrouve des références à lui dans de nombreuses chansons, séries ou films, mais il reste assez peu connu en France. (Le Cerveau aimerait bien croire que nous avons à la place des références à Guy George, mais même pas. Sans doute une mentalité différente.) Cette fois, c’est un film sur l’adolescence de cette personne qui vient de sortir, Mon Ami Dahmer.

Mise en scène portée disparue

Le film est adapté d’un comic écrit par Derf Backderf. Ce dernier a en effet réellement connu Dahmer et c’est là ce qui fait toute la spécificité de l’œuvre. Malheureusement, si le comics est plutôt bon, son adaptation est bien mauvaise, que ce soit le jeu, la réalisation, ou le scénario. Ce qui pèche plus que tout, c’est cette accumulation de faits sans explications qui ressemblent plus à des sortes d’excuses à ce que Dahmer est devenu.

Mon Ami Dahmer peut sembler être un enchaînement de clichés, mais en se renseignant un peu sur le film on découvre que tout ce qui est rapporté est vrai. Très bien. Pour autant, Le Cerveau doute de l’extrémité des actions représentées, ou du moins le manque total de finesse dans la mise en scène du film nous laisse à penser qu’il s’agit là d’excès. Que cela soit le cas ou non. On est tout le temps dans une bizarrerie très gênante, et qui surtout n’humanise rien. En effet, le réalisateur ne doit pas être au courant que recopier page à page un comic de ce type n’est pas souvent la meilleure solution. Surtout quand on zappe le plus important.

Ainsi il y a un moment où Dahmer va se mettre à faire l’handicapé mental afin d’amuser, pense-t-on, ses camarades de classe. Mais ceci arrive d’un coup d’un seul, et ce n’est que par spéculation que Le Cerveau l’a déduit. En lisant la BD par la suite, aussi. Parce qu’il ne faudra pas compter sur le film à un seul moment pour expliquer ce qu’il montre.

Une très mauvaise adaptation

Parce que c’est là l’un des gros problèmes du film, et on va être obligé de faire quelque chose que Le Cerveau n’apprécie pas forcément pour critiquer un film : le comparer avec l’œuvre originale. Cela est pour le coup nécessaire pour comprendre ce qui ne va pas. Dahmer peut paraître très fidèle à l’œuvre de base, en d’un point de vue de mise en scène et de coupe dans le texte, il l’est. Là où il ne l’est absolument pas pour son plus grand malheur, c’est que le comic est accompagné de la voix de Backderf, qui nous aide à comprendre ce qui ne vas pas, à montrer ce qui ne l’est pas. Et la force du récit devient évidente, il gagne en subtilité et en dénonciation.

Dans le film, ce n’est pas le cas. On ne dit pas qu’il faut prendre le spectateur par la main, loin de là, mais cela fait ressembler le film à une excuse à se qu’est devenu Dahmer par la suite. Le pauvre avait une famille qui se disputait, le pauvre était maltraité à l’école, … En revanche, les vrais points importants comme quoi son homosexualité le travaillait beaucoup, qu’il était aussi déjà attiré par la nécrophilie, et qu’il est devenu alcoolique très tôt et très vite, à chaque instant et partout – preuve plutôt visible d’un mal-être certain – ne sont qu’à peine mis à l’écran, jamais mis en avant. Ainsi pas de dénonciation par exemple des enseignants voyant ça et qui n’ont rien fait.

Techno-acting

Non à la place, on préfère montrer ce gamin bizarre, qui passe son temps à tuer des animaux ou faire des trucs bizarre à leurs cadavres (rien de sexuel, tu te calmes). Ainsi le travail « documentaire » autour de ce film est sympathique mais absolument pas bien présenté. Le film en devient très long, avec un rythme abominable.

Il faut aussi avouer que le niveau catastrophique du jeu de Ross Lynch, l’interprète de Dahmer, n’aide pas un seul instant pour se plonger dans le film. Jamais de nuances, jamais d’expressions, toujours la même démarche. C’est à se demander s’il ne vient pas d’inventer le techno-acting : faire la même chose tout le long du film. C’est sympa sur la piste de danse, moins dans un film.

Bref, Mon Ami Dahmer n’aura pas su convaincre le Cerveau malgré des informations intéressantes à récupérer sur ce tueur. Il faut juste savoir les récupérer, enlever la boue autour, les tailler et les lisser. Oui, ça revient un peu à chercher des pépites d’or dans une rivière. Et bon sang que la rivière est sale.

Mon Ami Dahmer est disponible vendredi 2 mars en e-cinéma.

Mon Ami Dahmer – Bande annonce

 

Crédit : ©Ibid Filmworks