Une petite selection de films plein de joie et d’optimisme à partager pour les fêtes.
Le Cerveau aime bien Noël. Mais tout ce débordement de gentillesse et de bons sentiments lui font parfois exploser certains lobes. Le Cerveau aime aussi nager à contre courant, et à défaut de se refaire Love Actually pour la 10ème fois depuis sa sortie au cinéma en période de fêtes, il préfère aller vers le macabre et l’obscure.
Le traumatisant, histoire d’annihiler ce trop plein de bonnes choses injectées en overdose de décembre à janvier. Comment ? C’est le thème d’Halloween ? Que nenni, il n’y pas qu’un jour pour les bonnes choses, surtout en période de fêtes !
Jetez un oeil sous le sapin pour y trouver un beau cadeau de sa part afin d’animer votre soirée tel un légume sur le canapé après un dîner digne du gavage d’une oie. Un petite sélection de films à voir en famille, bien au chaud devant la cheminée pour faciliter la digestion.
Et n’hésitez pas à vous entourer le plus possible ! Ramenez la grand-mère, les bébés, les oncles, les tantes… Tout le monde. Tous ces films sont garantis 100% bonheur, joie et épanouissement pour les enfants. Chauffez la place sur le canap’, le chocolat chaud arrive ! Un bonheur décalé et macabre, de quoi exacerber le mal-être digestif suite à un festin opulent…. Joyeux Noël, et bon appétit.
Martyrs
Réal : Pascal Laugier, 2008
Une petite fille de 10 ans, hagarde, le visage tuméfié et le corps couvert de sang erre dans une rue déserte…. Lucie, traumatisée après avoir été enlevée, séquestrée et torturée est recueillie dans un hôpital où elle va se lier d’amitié avec Anna. L’histoire commence vraiment 15 ans plus tard quand Lucie pense avoir retrouvé ses tortionnaires.
Pascal Laugier fait partie du club des cinéastes les plus manipulateurs au même titre que Christopher Nolan ou Alfred Hitchcock. Ces metteurs en scène qui vous montrent ce qu’ils veulent vous montrer, qui vous hypnotisent pour mieux vous mener par le bout du nez et vous surprendre. Lucie est persécutée par un être cadavérique et décharné qui la martyrise. Pauvre âme perturbée qui revit à tous moments les instants de torture et d’infini désespoir qu’elle a vécu petite, dans un lieu abject où elle a dû abandonner une autre codétenue. En pleine forêt, elle entre dans une villa et tue froidement une famille paisible, membre après membre, parents et enfants à coup de fusil à pompe… Avait-elle retrouvé ses tortionnaires ? A-t-elle pété les plombs ? Entre en scène son amie Anna qui va terminer cette terrible histoire à la place de son amie…
Le réalisateur surdoué, auteur également du scénario, change constamment de registre pour mieux nous surprendre et nous entraîner toujours plus loin dans la souffrance du corps et de l’âme jusqu’au twist final qui nous transporte loin dans l’interrogation de l’au-delà. Une photo est la clé du film. Elle fait partie d’une série qui atteste de la dernière exécution par le supplice des 100 morceaux ou lingchi (turandot. chineselegalculture.org). Le 10 avril 1905, sur la place du marché de Pékin, un Mongol assassin de son maître est dépecé vivant. L’écrivain Georges Bataille, fasciné par la cruauté de l’homme, reproduisit cette séquence dans son ouvrage Les Larmes d’Eros en la commentant. Il expliquait que le phénomène de l’horripilation, les cheveux du supplicié se dressant sur sa tête, était dû à la souffrance extrême. Il parle même d’extase mêlée de plaisir quand il décrit le visage du Mongol. Il paraît qu’on donnait de l’opium au supplicié. Pour qu’il ne s’évanouisse pas ? Pour qu’il jouisse pleinement dans un cauchemar hallucinogène de la perte définitive de ses membres et de sa chair ? Certains voyaient même les parties de leur corps livrées sous leurs yeux aux chiens errants.
Martyrs Trailer
The Human Centipede (First Sequence)
Réal : Tom Six, 2009
Un chirurgien un brin barré a un jour l’idée saugrenue de vouloir fabriquer un « douze pattes » au système digestif commun en greffant les bouches et les anus de trois pauvres égaré(e)s.
Le thème du médecin frapadingue a toujours hanté l’univers du cinéma d’horreur (du dentiste au docteur Rictus en passant par des voleurs d’organes pas très propres) mais rarement un tel héritier de Mengele n’a frappé aussi fort en voulant réaliser à tout prix le fantasme improbable de ce tordu de Tom Six, producteur, scénariste et réalisateur. Plus celui-ci ajoute de chiffres à ses suites et plus il veut multiplier les pattes de son monstre. Invention dingue à la « concours Lépine » ? Résultat d’une « grosse tête » qui veut à tout prix entrer dans le Guiness des records ?
Le réalisateur parvient à étirer sa courte idée et non son « œuvre » (aïe sinon ça fait mal) le temps imparti pour un long métrage. Encore une fois la police n’est pas là pour arrêter le massacre pour notre plus grand plaisir. Comme si les flics étaient de notre côté. Ambiance clean, immaculée et carrée,… anatomique. L’homme est relégué au rang avilissant de bête contre nature souffrant à 4 pattes rejet de greffe et marche solidaire. A vous de choisir dans la file celui auquel vous désirez vous identifier, am stram gram… L’homme qui mène la marche, celle qui fut la seule à se rebeller et qui sera punie en étant mise au milieu ou la dernière qui fera un rejet bien purulent ? Et le suspens est à son comble quand arrive enfin le clou du spectacle, la fameuse scène où, rassasié jusqu’à la lie, le premier de la file se sent l’irrépressible envie de… On ne retient pas son plaisir pervers.
The Human Centipede Trailer
The girl next door
Réal : Gregory M. Wilson, 2009
Un homme est seul chez lui. On sait qu’un cauchemar le hante depuis longtemps. Eté 58, le voici adolescent dans une banlieue tranquille du New Jersey aux maisons proprettes. Il se lie d’amitié avec une jeune fille qui habite à côté de chez lui. Après la mort tragique de ses parents, elle et sa petite sœur ont été placées chez leur tante. Très vite le garçon va découvrir que celle qui dirige cette famille de garçons n’aime pas beaucoup les filles.
De nombreuses fois ce sujet a été traité. Séquestration, humiliation, torture et assouvissement des pires vices (The Woman, Hostel, Grotesque…) mais aucun film n’a atteint ce degré de violence morale et physique. Nous vivons l’impuissance du garçon témoin à travers son regard et ses remords. Mais fichtre, quand est-ce que cet abruti de gamin va se décider à appeler les flics ? Lâche ? Débile ? Fasciné ? Voyeur ? Manipulé ? Pervers ? Le seul mâle sensé de cette sombre histoire qui pouvait sauver cette pauvre martyr ne fera rien. Bienvenue dans le monde impitoyable des adultes. Chez les mâles qui fuient leurs responsabilités comme celui qui a largué la tante ou ceux qui suivent leurs pulsions les plus viles et chez les femelles abandonnées et frustrées qui transforment leurs fils de tous âges en voyeurs, violeurs et tortionnaires. Cette histoire se terminera évidemment très mal pour hanter l’enfant devenu adulte qui le regrettera toute sa vie. Comme nous qui apprenons que c’est réellement arrivé (près de chez vous ?)
Comment ne pas penser à ces improbables micro trottoirs qui donnent la vedette une minute au gentil voisin qui n’a rien vu, qui ne se doutait de rien, qui ne pouvait pas imaginer qu’une famille aussi polie pût faire des choses aussi horribles, qui n’avait pas senti l’odeur de la chair brûlée, qui n’avait pas vu la fumée s’échapper des cheminées des usines au loin…
The Girl Next Door Trailer
Grotesque
Réal : Koji Shiraishi, 2009
Par une belle soirée ensoleillée d’été, un jeune couple se promène main dans la main. Insouciants et désireux de se livrer l’un à l’autre, ils ignorent que sur le chemin de leur première expérience les attend… un cruel psychopathe. Brutalement kidnappés, nos jeunes tourtereaux se réveillent enchaînés dans une salle remplie d’instruments chirurgicaux. Face à la torture d’un bourreau expérimenté, la mort sera leur meilleur espoir.
Sous prétexte de faire mieux (ou pire) que la série des Saw, ce réalisateur bien vicelard nous sert une suite de séquences des plus barrées où le sexe côtoie l’horreur. Sur fond de musique d’ascenseur – on sait très bien que depuis Orange Mécanique la musique n’adoucit pas les mœurs, voir également l’accompagnement de Gerry Rafferty lors de la scène de l’oreille coupée dans Reservoir dogs – satané Tarantino qui a pourri ce joli morceau à de nombreux spectateurs pour toujours – le psychopathe de service offre généreusement aux deux tourtereaux par son entremise ce qu’ils ne pourront plus jamais connaître, une relation sexuelle… à distance avec squirting à la clé.
Abject, barré, tordu, extrême (le Cerveau a épuisé les adjectifs de la jaquette) grotesque ? Non, ici aucune dérision, la caméra chirurgicale est là pour tout montrer de la déchéance de deux êtres naïfs et sans défense qui voient peu à peu leur corps les abandonner par petits morceaux. Un vicieux sentiment d’amour pervers s’installe dans ce triolisme extrême où le dominant mène la tronçonneuse. Le maître du jeu se fait de plus en plus inventif, collier de doigts et de bouts de tétons offert à l’amoureux, clous dans les testicules et émasculation de ce dernier, tout en préservant les joueurs pour un retour en deuxième semaine. Game over. Play again. L’horreur est un perpétuel recommencement. Une série du même genre, les Guinea Pig, est à voir sur Internet, dont surtout Guinea Pig 2, Flower of flesh and blood de Hishedi Hino datant de 1985 qui est une suite de tranchettes sanglantes et ultra réalistes sans queue ni tête (c’est le cas de le dire). Il paraît que Charlie Sheen, en tombant sur ce film, crut tellement à un snuff movie qu’il en envoya une copie au FBI.
Grotesque Trailer
A Serbian Film
Réal : Srdjan Spasojevic, 2011
Un enfant regarde à la télé son père sauter une belle jeune fille en talons très hauts. La maman éteint. Le papa explique que ce n’est qu’un film. Milos est une ancienne star du X. Nous sommes dans les années 2000 en Serbie au sortir de 50 ans de communisme et de guerres nationalistes qui ont ravagé le pays. La famille ne parvient pas à joindre les deux bouts. Un mystérieux cinéaste va proposer à Milos de reprendre du service. Bienvenue en enfer…
Le lien a toujours été ténu entre gore et sexe, mort et vie. Mêmes interdits, mêmes rejets, mêmes mises à l’index des adeptes de ces mauvais genres. Ici, les limites sont franchies et le film surfe sur la dénonciation d’un pays malade de sa corruption et de la domination de ses mâles des cavernes. Le pauvre Milos, sous l’emprise d’une substance réservée aux chevaux reproducteurs va se damner en y entraînant sa propre famille.
Du viol d’un nouveau-né fraîchement sorti du ventre de sa mère (new born porn) en passant par un meurtre en plein orgasme, inceste, pédophilie et jusqu’à la nécrophilie la plus explicite, la gamme est étendue et le pauvre bougre y en sera pour ses frais. Le film se termine dans une véritable ambiance hallucinatoire jusqu’au final noir et sans espoir. Pauvre Serbie.
A Serbian Film Trailer
Broken
Réal : Adam Mason et Simon Boyes, 2008
Une maman dit tendrement bonne nuit à sa petite fille. Elles s’endorment. La femme se réveille en suffoquant dans un cercueil à six pieds sous terre. Elle s’en sort. Perte de conscience. Réveil à nouveau, attachée à un arbre, une plaie mal refermée au ventre qu’elle doit ouvrir avec une branche. Elle doit y retirer, cachée dans ses intestins, une lame de rasoir qui va lui permettre de se détacher. Reperte de conscience. Elle se retrouve prisonnière d’un homme en pleine forêt. Où est sa fille ?
On ne saura jamais quelles sont les motivations de ce clochard. Besoin d’une bonne pour lui faire la tambouille et nettoyer ses gamelles ? Jeu du chat et de la souris ? D’autres femmes y auront perdu la vie vu le nombre de cadavres qui jonchent les sous bois. La prise de vue est hésitante, les tentatives d’évasion maladroites, la vie quoi. Le seul but de cette pauvre maman, c’est de retrouver à tout prix sa petite fille.
Comment va-t-elle s’y prendre pour fausser compagnie à ce débile ? Séduction, passage à la casserole, cris stridents, pleurs insupportables, nervous breakdown, persuasion, gentillesse ou grand coup de poêle sur la tronche ? Le Cerveau peux vous avouer qu’elle y parviendra mais “chute”.
Broken Trailer
The Great Ectasy of Robert Carmichael
Réal : Thomas Clay, 2005
Le jeune Carmichael s’ennuie dans sa vie d’ado. Il zone avec ses potes dans un petit village moche de la côte anglaise. La télé passe en boucle des images de la guerre en Irak et, lui, en a marre de jouer du violoncelle à l’hospice du coin devant des mamies et des papys en fin de vie. Alors on deale, on fume, on boit, on sniffe, on se pique en séchant les cours. Quand ses copains ont une super idée pour se les changer : faire une virée chez des richards pour s’amuser avec eux…
On a souvent comparé ce film, réalisé par un jeune et qui a fait son petit scandale au festival de Cannes de l’époque, à Orange Mécanique. Autant Kubrick fait le prétentieux par moments et cache la violence sous des effets de style, autant Clay démonte froidement le lent processus qui mènera à un déchaînement extrême. Il lorgne plutôt vers un Ken Loach désinhibé.
Il est vrai qu’en première partie, l’ennui s’installe tellement le film est lent mais c’est pour mieux nous surprendre lors de deux scènes atroces filmées en plan séquence pour mieux nous dénoncer comme voyeurs. Le viol, la torture et le meurtre sont des jeux comme les autres où les participants ne ressentent aucun remord.
The Great Extasy of Robert Carmichael Trailer
Crédits photos : © Droits réservés
Un dossier de Jean Malye
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