Burton’s Countdown to Frankenweenie : Edward aux mains d’argent et Les Noces Funèbres

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Le Cerveau vous propose une rétrospective des films cultes de Tim Burton à voir ou à revoir : cette semaine c’est Edward, Victor et Victoria!

Frankenweenie, le nouveau film de Tim Burton arrive en salles pour Halloween, le 31 octobre prochain. L’artiste y revisite pour Disney, 30 ans après avoir quitté les studios, une de ses œuvres : le court-métrage du même titre, Frankenweenie sorti en 1984. En y ajoutant de nouveaux personnages et en étirant l’intrigue, le tout en animation image par image, le cinéaste rappelle qu’il est le génial concepteur de Sleepy HollowBeetlejuiceMars Attacks ! ou Les Noces Funèbres, pour ne citer que ceux-là, tout en offrant un hommage au cinéma d’antan et un film fantastique des plus réussis.

Chez Brain Damaged, le Cerveau cinéphile, gothique et enfantin, a décidé de vous offrir une rétrospective en 4 épisodes des films les plus cultes du réalisateur avant de vous proposer sa critique du prochain chef d’œuvre Burtonien. Un cycle sous forme de Rétro Critique à retrouver chaque mercredi, à voir ou revoir absolument, réalisé par Tim Burton. La première semaine nous vous proposions de redécouvrir Mars Attacks ! et les deux volets de Batman avant de passer par les mythiques Sleepy Hollow et Big Fish , pour ensuite s’attarder sur Charlie et la Chocolaterie et Beetlejuice.

Il est temps de clôturer ce cycle de rétro critiques consacrées à Tim Burton avec deux de ses plus grandes oeuvres : Edward aux mains d’argent et Les noces funèbres.

Edward aux mains d’argent : l’innocence

Sans doute l’une des oeuvres les plus iconiques et réussies du réalisateur. Un conte fantastique sorti en salles en 1991, avec son univers gothique et enchanteur, qui a laissé son empreinte dans l’histoire du cinéma. Edward aux Mains d’argent est un film entre l’hommage à Frankenstein et la critique de l’uniformisation de la classe moyenne américaine à travers l’onirisme de Burton, pour un conte de Noël lyrique et touchant. Une véritable sublimation de l’acceptation de l’autre : un hymne à la différence avec beaucoup de simplicité, de candeur et d’émotion. Un conte, mais aussi une satire de la société de consommation et de l’American Dream traduite par ses couleurs et ses banlieues conventionnelles, avec leurs petits jardins et haies bien taillées ou leurs barrières blanches qui ne laissent place à la fantaisie ou l’exception.

Edward-Burton : même combat

Edward, ce cyborg aux doigts tranchants sorti tout droit de l’imaginaire de ce grand rêveur gothique, est un personnage peu bavard qui va découvrir le regard d’autrui et briser son innocence face à ses rencontres dans une petite banlieue paisible et typique américaine. A une époque que l’on inscrirait dans les années 60, mais qui reste assez difficile à déterminer. Ses excentricités, son calme et ses talents d’artistes vont apporter curiosité en premier lieu dans la communauté et forcer ce voisinage à admirer, choyer et bien évidemment profiter de cette créature qui a vécu recluse toute sa vie, avant de le rejeter comme une bête curieuse et dangereuse, lassés par ses excentricités et ce personnage hors normes. Edward au Mains D’argent est pour le réalisateur une volonté de traduire par le conte et sa morale, une critique sociale tout en livrant un sentiment personnel. Edward, cette créature aux allures tristes repoussante et « pas finie », ne pouvant toucher le monde autrement qu’au moyen de mains aussi tranchantes que des lames d’aciers, est l’image transparente de l’incapacité du réalisateur à comprendre une société qu’il trouve hypocrite à travers ses couleurs, son uniformité et surtout ses normes. Un garçon qui n’a pas eu le temps de finir son apprentissage de la vie prodigué par son créateur, disparu bien avant de le terminer, Edward est comme Burton. Il ne sait pas vraiment comment tendre la main à ses compères sans les effrayer, ni les blesser et laisser une cicatrice, alors que ses intentions ne sont que purement pacifiques voire aussi innocentes que celle d’un enfant.

Le début d’une grande histoire

Edward aux mains d’argent marque la première étape d’une complicité mais aussi d’une amitié, à la ville comme à l’écran, entre Tim Burton et Johnny Depp, véritable muse du réalisateur. De Ed Wood en 1995, Sleepy Hollow,  en passant par Charlie et la chocolaterie, Sweeney Todd, Les Noces Funèbres ou bien Alice aux pays des merveilles, les deux artistes fonctionnent en diapason à chacune de leur collaboration. Dans ce long métrage Johnny Depp trouve parfait écho dans la performance de Winona Ryder, qui avait déjà collaboré avec le réalisateur et l’onirisme de Burton, qui émerveille par son style fantastique unique. Un personnage taillé sur mesure qui ne pouvait être indubitablement personnifié que par cet acteur.

Le style Burton

Si le réalisateur a par le passé œuvré pour Walt Disney, avec Edward aux mains d’argent, Tim Burton prouve qu’il a su se détacher de la norme de la compagnie aux princes charmants pour se créer son propre univers, identifiable et personnel. Un monde souvent régi par les même bases, que ce soit à travers le choix des acteurs, l’onirisme et le gothique, ou les notes de son plus grand collaborateur : le compositeur Danny Elfman. Un monde qui fonctionne à chaque nouveau long métrage, à l’image d’Edward au Mains d’Argent, film qui nous rappelle travers sa morale que de toute laideur et imperfection peut émerger de la beauté, à l’image de l’oeuvre burtonienne, merveilleusement macabre, noire et lumineuse. Une fable émouvante, touchante et intelligente qui restera de loin une des œuvres les plus marquantes de Tim Burton.

Bande annonce

Les Noces Funèbres : Joie macabre

Inspiré d’une légende russe, Les Noces Funèbres raconte l’histoire de Victor et Victoria. Victor, fils d’une famille de commerçants fortunés, conduit de force à se marier avec Victoria, jeune aristocrate désargentée. La répétition du mariage vire au fiasco et Victor tentant de faire pour le mieux et réussir ses épousailles, va commettre une maladresse qui le fera épouser un cadavre. Un cadavre sexy, drôle touchant pour un conte qui se veut comme un hymne à l’Amour et la Mort.

« Pourquoi remonter quand les gens meurent envie de

descendre ? « 

Jusqu’à ce que la mort nous sépare

Un mariage délicieusement macabre qui nous rappelle fortement l’univers de l’Etrange Noel de Monsieur Jack,  avec ces personnages délurés, squelettiques et débridés, face aux « normaux », une nouvelle fois plus monstrueux que ceux aux apparences monstrueuses. La norme, véritable bête noire du réalisateur en prend une fois de plus pour son grade dans Les noces funèbres : les morts sont bien plus honnêtes, transparents et vivants que ceux sur terre qui pratiquent mésalliances, arrangements et autres complots à des fins pas très honorables. Les Noces Funèbres est un véritable mélange de festivité morbide particulièrement touchant et toujours amusant, dans une lumière et une réalisation qui flirte avec la perfection. Une comédie romantique et gothique qui mêle rires et larmes, chansons, humour et dérision, avec ce petit brin de magie et un soupçon de folie, marque de fabrique du réalisateur qui comme toujours arrive à nous embarquer dans son monde avec facilité, féerie et l’innocence qui le caractérise.

Tour de force poétique

Un  film réalisé en stop motion aussi lisse qu’une réalisation en animation 3D. Les Noces Funèbres est un tour de force du réalisateur, drôle et déchirant, mélancolique, poétique, déjanté voire burlesque. Une invitation dans les méandres de l’esprit perché du réalisateur, dans cette vie, et ce monde qui se déroule après la mort bien plus joyeux, festif, coloré et sublimé par un superbe effort technique qui force le respect et l’admiration. Sans nul doute, l’œuvre la plus gothique du réalisateur, tant par ses thèmes que son imagerie. Une féerie traitant du deuil et de l’acceptation de la mort mais aussi de l’amour et de la justice, pour une véritable sublimation du trépas alliant atmosphère Victorienne, cauchemardesque, légendaire, comme une ode macabre ou une comédie noire musicale bien plus réussie que Sweeney Todd.

Un chef d’œuvre que seul Burton pouvait signer, avec la promesse de revenir dans un autre long métrage comme Frankenweenie encore plus magique, visuellement plus fluide et spectaculaire avec cette magie dont seul lui a le secret.

Bande Annonce

 

Crédits photo©Warner Bros /20th Century Fox

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