Burton’s Countdown to Frankenweenie : Edward aux mains d’argent et Les Noces Funèbres

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Edward aux mains d’argent : l’innocence

Sans doute l’une des oeuvres les plus iconiques et réussies du réalisateur. Un conte fantastique sorti en salles en 1991, avec son univers gothique et enchanteur, qui a laissé son empreinte dans l’histoire du cinéma. Edward aux Mains d’argent est un film entre l’hommage à Frankenstein et la critique de l’uniformisation de la classe moyenne américaine à travers l’onirisme de Burton, pour un conte de Noël lyrique et touchant. Une véritable sublimation de l’acceptation de l’autre : un hymne à la différence avec beaucoup de simplicité, de candeur et d’émotion. Un conte, mais aussi une satire de la société de consommation et de l’American Dream traduite par ses couleurs et ses banlieues conventionnelles, avec leurs petits jardins et haies bien taillées ou leurs barrières blanches qui ne laissent place à la fantaisie ou l’exception.

Edward-Burton : même combat

Edward, ce cyborg aux doigts tranchants sorti tout droit de l’imaginaire de ce grand rêveur gothique, est un personnage peu bavard qui va découvrir le regard d’autrui et briser son innocence face à ses rencontres dans une petite banlieue paisible et typique américaine. A une époque que l’on inscrirait dans les années 60, mais qui reste assez difficile à déterminer. Ses excentricités, son calme et ses talents d’artistes vont apporter curiosité en premier lieu dans la communauté et forcer ce voisinage à admirer, choyer et bien évidemment profiter de cette créature qui a vécu recluse toute sa vie, avant de le rejeter comme une bête curieuse et dangereuse, lassés par ses excentricités et ce personnage hors normes. Edward au Mains D’argent est pour le réalisateur une volonté de traduire par le conte et sa morale, une critique sociale tout en livrant un sentiment personnel. Edward, cette créature aux allures tristes repoussante et « pas finie », ne pouvant toucher le monde autrement qu’au moyen de mains aussi tranchantes que des lames d’aciers, est l’image transparente de l’incapacité du réalisateur à comprendre une société qu’il trouve hypocrite à travers ses couleurs, son uniformité et surtout ses normes. Un garçon qui n’a pas eu le temps de finir son apprentissage de la vie prodigué par son créateur, disparu bien avant de le terminer, Edward est comme Burton. Il ne sait pas vraiment comment tendre la main à ses compères sans les effrayer, ni les blesser et laisser une cicatrice, alors que ses intentions ne sont que purement pacifiques voire aussi innocentes que celle d’un enfant.

Le début d’une grande histoire

Edward aux mains d’argent marque la première étape d’une complicité mais aussi d’une amitié, à la ville comme à l’écran, entre Tim Burton et Johnny Depp, véritable muse du réalisateur. De Ed Wood en 1995, Sleepy Hollow,  en passant par Charlie et la chocolaterie, Sweeney Todd, Les Noces Funèbres ou bien Alice aux pays des merveilles, les deux artistes fonctionnent en diapason à chacune de leur collaboration. Dans ce long métrage Johnny Depp trouve parfait écho dans la performance de Winona Ryder, qui avait déjà collaboré avec le réalisateur et l’onirisme de Burton, qui émerveille par son style fantastique unique. Un personnage taillé sur mesure qui ne pouvait être indubitablement personnifié que par cet acteur.

Le style Burton

Si le réalisateur a par le passé œuvré pour Walt Disney, avec Edward aux mains d’argent, Tim Burton prouve qu’il a su se détacher de la norme de la compagnie aux princes charmants pour se créer son propre univers, identifiable et personnel. Un monde souvent régi par les même bases, que ce soit à travers le choix des acteurs, l’onirisme et le gothique, ou les notes de son plus grand collaborateur : le compositeur Danny Elfman. Un monde qui fonctionne à chaque nouveau long métrage, à l’image d’Edward au Mains d’Argent, film qui nous rappelle travers sa morale que de toute laideur et imperfection peut émerger de la beauté, à l’image de l’oeuvre burtonienne, merveilleusement macabre, noire et lumineuse. Une fable émouvante, touchante et intelligente qui restera de loin une des œuvres les plus marquantes de Tim Burton.

Bande annonce

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