Insatiable : Comédie noire qui laisse sur sa faim (critique)

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1.5

Insatiable, nouvelle série originale de Netflix, a été mise en ligne ce vendredi malgré la polémique qu’elle suscite sur ses thèmes. Quid de la nouvelle série starring Alyssa Milano ? La réponse avec cette critique de la saison 1, qui laisse clairement le spectateur sur sa faim.

C’est la série de l’été qui devait marquer le retour d’Alyssa Milano sur le petit écran depuis Charmed. Mis en ligne ce vendredi, Insatiable posait déjà polémique à cause de son synopsis et son idée de départ qui laissait suggérer une série grossophobe glorifiant le bullying et la minceur.

Originellement commandée pour la chaîne CW, c’est sur Netflix qu’Insatiable aura été mise en ligne, malgré la polémique qu’elle aura suscité. Qu’en est-il vraiment ? Le Cerveau vous répond en critique de la saison 1, qu’il a vu intégralement.

Fatty Patty

L’histoire d’Insatiable, c’est celle de Patty (Debby Ryan), une adolescente qui a toujours été brimée, ignorée et sous-estimée par son entourage à cause de son embonpoint. Soudainement débarrassée de ses kilos en trop, elle sort de l’ombre pour se venger de tous ceux qui l’ont fait souffrir un jour. Bob Armstrong (Dallas Roberts), avocat déshonoré et passionné de concours de beauté, est le seul à discerner le potentiel de Patty.

Il la prend sous son aile, tout d’abord pour assurer sa défense, puis pour la coacher et en faire une reine de beauté. Mais Bob et sa femme Coralee (Alyssa Milano) n’ont aucune idée de la rage de Patty ni de jusqu’où elle est capable d’aller pour faire payer ceux qui ont eu la mauvaise idée de la malmener un jour…

Drop Insatiable Diva

Quand on lit le synopsis d’Insatiable, on pense directement à une autre série de comédie : Drop Dead Diva. Comme l’antithèse de la série de la chaîne Lifetime où un mannequin ressuscite dans le corps d’une femme ronde, pour mieux combattre les clichés et la grossophobie, Insatiable – à son pitch et bande annonce – laissait croire que la série allait glorifier la minceur.

Voire blâmer ceux qui osent être en surpoids à l’heure des régimes, des salles de fitness et du « healthy fooding » à tout va, comme si c’était de leur faute, à coup de body shaming et de non-acceptation de la diversité corporelle. En tout cas, c’est ce que laissait croire ce teaser.

En effet, Patty, était une adolescente de 17 ans en surpoids qui souffrait de son physique, ou plutôt de l’image que son physique générait chez les autres, notamment au Lycée Après une perte de aussi spectaculaire que certaines scènes surréalistes et incongrues de la série – très inspirée par les intrigues romantiques et dramatiques des années 80 – on aurait pu croire que la série allait rendre cette jeune femme heureuse, grâce à son nouveau physique. Ce n’est – fort heureusement – pas le cas.

Humour noir et apparence

Si Insatiable a tout de suite été accusée de fat-shaming, il n’en est rien. Bien au contraire. Elle cherche avant tout à montrer que l’apparence n’est pas synonyme de bien-être, ou d’absence de problèmes.

Au fil des épisodes de cette première saison, après avoir passé un pilote et second épisode un peu farfelu et fouilli qui pourraient rebuter les allergiques à l’humour très noir, on comprend très vite que Insatiable est plutôt une série sur les tribulations d’une adolescente qui se cherche, après une transformation physique certes, mais qui se cherche sur tous les plans dans une Amérique plus schizophrène que jamais. Une quête identitaire classique pour un teen-show sommaire.

Quête identitaire

Une jeune fille issue d’une classe assez basse qui aspire à être aimée et adulée, ou se venger de ceux qui ne l’ont pas aimé. Un revanche sur la vie. Telle est réellement l’inspiration des scénaristes à l’origine d’ Insatiable.

Comédie noire farfelue, parfois poussée à l’extrême, Insatiable – à travers son héroïne, et ses personnages secondaires, caricature des habitants des états du sud des Etats-Unis, comme Bob ou sa femme, ou son Némésis éponyme – est une série qui aspire à dénoncer la superficialité américaine, qui ne s’arrête pas qu’au physique, pour mieux mettre en valeur certaines notions d’acceptation de soi.

Satire de l’Amerique

Voulu comme une satire de « l’American Dream », de « l’American way of life » et critique d’une société qui longtemps a fait rêver, Insatiable, à travers ses personnages farfelus et fantasques, explore des thèmes qui donnent un peu plus d’intérêt que la simple histoire de vengeance d’une adolescente qui a perdu du poids. Elle dénonce la superficialité de la vie des familles de classe-moyenne typiquement américaines, l’aliénation qu’elle peut créer, ainsi que les rapports à l’apparence.

Etonnamment comique, souvent WTF, Insatiable se veut comme un drama cynique qui remet en question l’Amérique actuelle, notamment celle des « hillybillies » et autres « white trash ». Ces mêmes américains qui ont voté pour Trump.

Peu subtile et sans saveur

Si la critique est loin d’être subtile à travers l’humour noir et le ton comique de la série, elle ne réussit pas dans sa globalité à aller au fond des thèmes qu’elle a choisi, ni même aborder vraiment une réelle critique de ce qui gangrène l’Amérique et la rend aussi superficielle.

Elle propose en réalité un drama qui joue des codes classiques des dramas, entre triangles amoureux, trahisons, secrets et autres révélations, pour tenir les spectateurs en haleine. Tout en se moquant de ce que l’Amérique peut produire de plus stupide et superficiel.

Insatiable avait toute d’une série honorable, et divertissante. Elle manque tout simplement de subtilité et profondeur pour proposer une série qui offre une véritable discussion autour des standards de la beauté et l’apparence, dans une Amérique plus clivée que jamais, surtout pour toute une génération de millenials, victime du cyber-bullying, ou troubles alimentaires à cause de la glorification de l’apparence et de la vraisemblance, notamment sur les réseaux sociaux.

Pas pour la team 1er degré

Elle n’est pas pour autant désagréable à regarder, surtout si l’on est férus de drama et autres séries satiriques ou teen-show. Elle n’est pas du tout à prendre au premier degré ni second, et propose parfois de réelle scènes de rire incongru, avec certaines séquences burlesques et inattendues.

Elle n’arrive pas cependant à proposer quelque chose d’assez substantiel, notamment vis-à-vis de son thème majeur et son héroïne, plus lissée que jamais et antipathique. Le manque d’empathie et de connexion avec les personnages n’aident pas non plus l’immersion dans une satire qui aurait pu être bien plus profonde en 12 épisodes, moins cliché et tordue qu’elle l’a été au visionnage.

Sur sa faim

Insatiable aurait pu être une série qui réconcilie toute une génération avec des messages de « Body  Acceptance » et de tolérance, vu son sujet. Malheureusement en fin de visionnage on reste sur sa faim avec une série déséquilibrée.

Entre ses aspirations satiriques et son écriture digne d’un daytime soap, Insatiable se perd dans les méandres de la comédie noire à en oublier son sujet et sa morale. Si elle ne déplaît pas complètement au visionnage, elle ne réussit pas à s’inscrire comme une série immanquable de la plate-forme Netflix, après avoir visionné sa première saison.

Crédit photos : ©Netflix

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