Critique de Terminator Dark Fate, suite directe de Terminator 2 avec Linda Hamilton de retour pour incarner la mythique Sarah Connor de la saga.

On aurait pu croire que ce nouveau Terminator, comme toutes les suites depuis le second opus dirigé par James Cameron, serait l’hérésie de trop. Une énième déclinaison du film culte des années 80 qui a fait de Schwarzenegger une icône intemporelle. Un film de science-fiction brillant mêlant action, aventure, humour et réflexion qui comptait trois suites au compteur, pas toujours des plus brillantes ni même réussies.

Un sixième opus Terminator sort donc ce mercredi 23 octobre 2019, intitulé Terminator Dark Fate (destin funeste dans la belle langue de Jul Molière). Une suite directe du film réalisé par le sacro-saint James Cameron, qui n’est pas aussi déplaisante qu’on n’aurait pu le croire. Elle est même bien plus cohérente et divertissante que celles qui l’ont précédées depuis Judgment Day.

Sarah Connor, Mexican Edition

L’intrigue de Terminator Dark Fate se déroule de nos jours à Mexico. Dani Ramos, 21 ans, travaille sur une chaîne de montage dans une usine automobile. Celle-ci voit sa vie bouleversée quand elle se retrouve soudainement confrontée à 2 inconnus : d’un côté Gabriel, une Terminator des plus évoluées, indestructible et protéiforme, un « Rev-9 », venue du futur pour la tuer ; de l’autre Grace, une super-soldat génétiquement augmentée, envoyée pour la protéger.

Non, vous n’allez pas voir une version mexicaine de Terminator 2 avec une latina qui se prend pour Sarah Connor. Enfin presque. Produit par James Cameron – avec un scénario revu et validé par ce dernier bien qu’il ne le signe pas – et réalisé par Tim Miller (Deadpool), Terminator Dark Fate est bien une suite directe de Terminator 2 qui reprend tout ce que Cameron a pu installer dans le film, de John Connor, au T-800 qui leur vient en aide.

Femmes… je vous aime !

Une suite qui justifie le retour de Linda Hamilton très vite dans le film, pour incarner le personnage bad-ass que nous connaissons tous : Sarah Connor. Un des personnages féminins les plus cultes du cinéma revient donc 30 ans plus tard, toujours aussi bad-ass et nihiliste. Un plaisir pour les cinéphiles un peu nostalgique et les fans de la saga.

Un retour entouré de personnage féminins sur trois générations successives, qui vont porter et résoudre l’intrigue de cette aventure. Des femmes mises à l’honneur sans hommes ni machine pour les sauver… enfin presque.

He’s back

Une aventure science-fictionesque qui surfe donc sur les mêmes enjeux que le film culte, avec bien évidemment le retour de Shwarzy dans la peau du personnage robot qui lui collera à la peau : le T-800.

Si l’on est ravi que l’homme ne prenne pas la place du grand héros de cette nouvelle histoire de la franchise, les fans seront déçus de découvrir que ce dernier, toujours aussi peu loquace mais bien plus humanisé que son prédécesseur, n’est pas des plus intéressants comme élément scénaristique.

Bis Repetita

Terminator Dark Fate propose malheureusement pour les amoureux de Terminator 2, un scénario qui n’est pas des plus novateurs ou recherché. S’il se base sur un futur alternatif à celui que nous avons découvert en 1991, dans lequel les intelligences artificielles prennent encore et toujours le pouvoir en annihilant l’humanité, mais sans Skynet cette fois-ci, il n’est pas des plus originaux.

En effet, une nouvelle forme de robot indestructible revient dans le présent pour tuer une femme susceptible d’être la clé de la rébellion contre les machines. Cette machine, le rev-9, ersatz du T-1000 campé par Robert Patrick, mais version mexicaine (le Cerveau salue la diversité assumée dans le film … enfin presque puisqu’ils ne sont pas les grands héros de l’intrigue), va donc poursuivre ces trois femmes, accompagnées plus tard du T-800. Un T-800 visiblement père de famille et très bon dans la préparation de Corona Extra pour ses invités.

Faux rebondissements

Si le point fort de Terminator Dark Fate réside essentiellement dans les personnages de Linda Hamilton et Mackenzie Davis en humaine augmentée – ces femmes mises à l’honneur et pas qu’un peu dans un film d’action qui aurait pu être testostéroné – le point faible majeur du film est la redite, agrémentée de faux rebondissements vers la fin d’une intrigue que nous connaissons tous.

Même histoire, émotions nouvelles et émerveillement en moins, le bis repetita de course poursuite s’enchaine au gré des scènes d’action, que ce soit dans les airs ou sur terre, agrémentées de scènes de flashbacks et autres extraites du film culte dont celui-ci est la suite.

Si le fan service est relativement bien géré et Terminator Dark Fate loin d’être désagréable, un sentiment de lassitude très vite dans le film, dès que l’action se dissipe pour mieux exposer les enjeux de cette nouvelle aventure Terminator. Une lassitude qui reste présente après visionnage bien qu’on l’ait apprécié le film dans son ensemble.

Même si cette suite réinvente partiellement au cours de l’histoire l’intérêt du personnage de Dani, censée être une espèce de Sarah Connor 2.0 pendant près de deux tiers du film, elle ne propose aucune réelle découverte.

Potentiel raté

Car si le film n’est pas déplaisant malgré la redite et le manque de créativité ou de réinvention d’un monde aux ramifications multiples et infinies, à l’heure où le machine-learning et l’Intelligence Artificielle sont aux centres de nos vies et à l’agenda des innovations du GAFA, on reste sur sa faim.

On aurait aimé, alors que le futur robotisé imaginé par Cameron il y a plus de 30 ans n’a jamais été aussi proche du réel, qu’on se questionne bien plus sur le rapport Homme/Machine, avec plus de nuance dans les I.A au-delà d’une humaine augmentée ou d’un robot repenti en père de substitution sur fond d’origines de la genèse d’une rébellion…  Rares sont les films d’actions qui osent mettre autant de femmes à l’honneur, dont une senior et une autre issue de la diversité, l’intrigue aurait pu être bien plus folle pour réellement célébrer cette puissance féminine dans le film.

Bien meilleur que tout le reste

Si Terminator Dark Fate pèche par son manque de créativité tant côté écriture que réalisation, puisque Tim Miller ne réinvente rien visuellement, même avec un budget de 200 millions de dollars, il n’en reste pas moins une suite bien mieux réussie que Le soulèvement des Machines, Renaissance, Genesys ou les chroniques de Sarah Connor, qu’il faut désormais oublier… puisqu’avec ce film, la Fox compte bien relancer la licence Terminator, une fois de plus, en oubliant tout ce qui a pu se passer depuis la sortie de Terminator 2.

Terminator Dark Fate : Bande Annonce

Crédit photos : ©20th Century Fox Films