Suite inattendue à l’heure du remake à foison et sans vergogne, Mary Poppins fait son grand retour sous les traits d’Emily Blunt ce 19 décembre dans une intrigue originale… qui n’a rien d’original. La critique du Cerveau.

Londres, années 1930, durant la grande dépression. Devenu adulte, Michael Banks travaille à la banque où son père était employé et vit toujours au 17, allée des Cerisiers avec ses trois enfants – Annabel, Georgie et John – et leur gouvernante Ellen.

Comme sa mère avant elle, Jane Banks se bat pour les droits des ouvriers et apporte son aide à la famille de Michael. Lorsque cette dernière subit une perte tragique, Mary Poppins réapparaît magiquement dans leur vie. Avec l’aide de son ami Jack – l’allumeur de réverbères toujours optimiste -, elle va tout faire pour que la joie et l’émerveillement reviennent dans leur existence. Elle leur fera aussi découvrir de nouveaux personnages pleins de fantaisie, dont sa cousine, l’excentrique Topsy.

Deux décennies plus tard…« Sheeeeeee’s Baaaaaack »

20 ans après les évènements du premier film avec Julie Andrews, Mary Poppins revient donc chez les Banks qui ont cruellement besoin de ses services. Un retour inattendu en pleine Grande Dépression, à l’heure où Michael Banks est sur le point de tout perdre, malgré avoir arrêté ses activités d’artiste-peintre et travaillant dans la banque de son père.

Très vite, le spectateur devant son écran comprend que les enjeux de cette nouvelle intrigue « originale », signée David Magee n’est en fait qu’une redite, deux décennies plus tard, des déboires des enfants Banks, devenus désormais grands et hermétiques à l’imaginaire.

C’est la crise

Une intrigue qui se résume essentiellement par la crise financière que traverse le monde, avec plus particulièrement cette petite famille sur le point de tout perdre. Une intrigue au parcours balisé, dont on comprend très vite les enjeux et la résolution, ternissant un peu la magie que pourrait offrir l’univers de Mary Poppins.

Le détail qui rend d’ailleurs cette intrigue de Mary Poppins bien moins réussie que le film des années 60 est sa morale : puisque dans le premier opus, le happy-ending se résume par une morale simple « l’argent ne fait pas le bonheur ».

Dans cette suite, plus américaine que jamais malgré le lieu où elle se déroule, les problèmes sont résolus par une belle entrée financière inattendue, et la stabilité préservée grâce à des documents bancaires retrouvés. Ouch. Ici, l’argent fait bien le bonheur, surtout en pleine crise économique. On se souvient aussi que le film original était activiste en donnant la part belle aux suffragettes. Dans cet opus, l’activisme n’est que suggéré et référencé notamment avec le personnage de Jane. Ouch² !

Copié collé

Un long-métrage calqué sur le premier, aux faux semblants d’inédits qui fonctionne cela dit malgré ses bis repetita, avec quelques détails différents histoire de se dissocier de l’univers de Julie Andrews. Le ramoneur devient un allumeur de réverbères par exemple, narrateur également de l’histoire comme son prédécesseur et atout musical principal de ce « nouveau » Mary Poppins.

Un calqué si flagrant qui prend tout son sens lors de la scène des réverbères, réussie d’un point vue musical, mais si déjà vue, puisque rappelant quasiment à chaque mouvement celle des ramoneurs dans le film original.

Célébration musicale et hommage

Un calqué assumé par les scénaristes, tant dans certaines séquences en dessin-animé classique, ou d’autres en animation au fond des océans, qui pourraient fonctionner si l’on n’avait pas délibérément omis le symbole par excellence associé à Mary Poppins, soit la chanson culte « Supercalifragilisticexpialidocious ». Dans un scénario qui n’a d’original que la réinvention du script de Mary Poppins de 1964, la référence aurait été bienvenue et permis à la pilule de mieux passer.

Cependant, le retour de Mary Poppins possède quand même quelques qualités et reste un divertissement loin d’être désagréable pour les petits comme les plus grands. Hymne à l’enfance et l’imaginaire, le film propose une intrigue mignonnette sur fond d’hommage à la comédie musicale au cinéma, d’Oklahoma au Magicien D’oz, en passant par Chicago (la séquence au cirque y faisant ouvertement référence, peu étonnant avec le réalisateur de Chicago – le film derrière la caméra) …et bien évidemment le film dont celui-ci est la suite.  Une jolie promenade avec Mary Poppins., au pays des rêves 20 ans après, similaire à la première.

Radieuse Mary Poppins

Emily Blunt est radieuse et plus que crédible dans la peau de Mary Poppins. Elle incarne l’icone avec conviction et cœur dans un univers pétillant et coloré, aussi bien que Julie Andrews, portée par une musique et un chant maîtrisée digne d’un show à Broadway.

Côté réalisation décors et production, tout est calculé pour emmener le spectateur dans des années 30 fantasmées malgré la crise, avec une musique et mélodies originales ouvertement inspirées du Mary Poppins d’antan.

Un morceau de sucre

On déplore cependant la mise de côté d’acteurs de talents tels que Ben Wishaw ou Colin Firth, assez absent et caricaturaux, face à une Emily Blunt qui prend de la place, mais pas autant que Lin-Manuel Miranda dans le rôle de Jack l’allumeur de réverbères, étonnant pour un narrateur et second rôle.

En somme, le retour de Mary Poppins reste un divertissement de noël édulcoré réussi sans pour autant réinventer le personnage ou le proposer dans un cadre différent. Le retour de Mary Poppins, même s’il n’égale pas le film culte original, n’est pas désagréable en cette période de fêtes, surtout si l’on est féru de comédies musicales. Loin d’être Supercalifragilisticexpialidocious, il n’en est pas moins « super » pour une séance cinéma en famille pendant les fêtes… « Juste un morceau de sucre »… avant la dinde.

Le retour de Mary Poppins : Bande Annonce

Crédit photos : ©Disney