6 raisons pour lesquelles la TV devrait remercier X-Files

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6 raisons pour lesquelles la TV devrait remercier The X-Files expliquées par le Cerveau à l’occasion des 20 ans de la série.

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Elle aura changé le paysage audiovisuel en son temps. Entre la série fantastique, la science fiction et le cop-show, elle est celle qui aura marqué les années 90 comme un culte de la Télévision.

A l’occasion des 20 ans de la série The X-Files, jadis nommée Aux Frontières du Réel sur les écrans de M6, le Cerveau expose comment et pourquoi les aventures de nos deux agents torchés (attention jeu de mots) ont changé la donne à une époque où la télévision en avait bien besoin. Voici 6 raisons pour lesquelles la Télévision, et nous spectateurs, devrions remercier The X-Files d’avoir vu le jour un 10 septembre 1993, sur les canaux de la FOX.

1. Breaking Bad

On peut dire ce qu’on veut sur Breaking Bad, série de tous les records, culte à part entière de cette générationPoint deBreaking Bad s’il n’y avait pas eu de X-Files. Le créateur de la série, Vince Gilligan, lui-même, le reconnait, déclarant lors de sa Masterclass* à Deauville : « Je ne pense pas que j’aurais pu faire Breaking Bad sans l’entrainement intense de X-Files ».

Pour ceux qui ne le savent pas, Vince Gilligan n’est pas que le créateur d’une série autour d’un pauvre professeur de chimie reconverti en baron de la drogue. Scénariste et très vite promu producteur-exécutif dans X-Files, il est celui qui signe les scripts d’épisodes mythiques comme Autosuggestion (Saison 3), Coeurs de tissu, La Queue du Diable (Saison 4), ou le désormais célèbre et hilarant Le Sheriff a les dents longues (Saison 5). Pour ne citer que ceux là.

Pour la petite anecdote, si Bryan Cranston n’avait pas joué dans X-Files, il n’aurait peut-être jamais été le désormais célèbre Walter White. C’est en se faisant remarquer grâce à une prestation intense dans l’épisode Poursuite (Saison 6) que Bryan tape dans l’oeil de Vince. En effet, Bryan Cranston a réussi à incarner à la perfection un personnage banal à la fois détestable mais inspirant la pitié aux côtés de David Duchovny, pour l’un des épisodes les plus réussis de cette saison. Exactement ce que recherchait Vince Gilligan pour sa série. Merci X-Files.

Bryan Cranston dans l’épisode Poursuite, saison 6

2. La femme à l’honneur, la fin des stéréotypes

S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas enlever à X-Files c’est bien Scully. Que serait Mulder sans sa pierre de touche de scientifique rousse, symbole du féminisme marqué dans les séries des années 90 ?

gillian anderson reaction premier episode x-files saison10Scully, sceptique, médecin légiste à l’arme de poing et championne d’endurance sur talons hauts, est toujours autant un symbole 20 ans plus tard. Et ce n’est pas pour rien !

A l’heure de Xena la guerrière, Scully a révolutionné l’image des femmes dans les séries policières des années 90, à sa façon. Non conventionnelle, loin des stéréotypes blonds platines, ou des partenaires féminins d’autres séries policières de l’époque (comme Rick Hunter ou Hooker par exemple), Dana Scully est apparue comme le porte-étendard de toutes les femmes simples, belles sans artifices, mais surtout très intelligentes. Smart is sexy.

Inspirée de Jodie Foster dans Le Silence des Agneaux, Dana Scully est un véritable symbole de la beauté « smart », de la scientifique qui en sait beaucoup trop et qui ne se laisse pas avoir par son acolyte masculin prêt à tout croire.  Sans Scully, point de Buffy, ou de Sam Carter, ni de Beckett ou de Bones. Alors merci X-Files pour avoir offert un autre regard sur les femmes dans les séries policières.

3. Monster of the week, cliffhangers et « Myth Arc »

Mulder et Scully, c’est bien. Mais ce ne se sont pas que ces deux personnages atypiques qui forment l’essence de la série. The X-Files, c’est une mythologie axée sur les aliens, enlèvements et autres conspirations gouvernementales. Une série avec un fil rouge palpitant, tenu pendant près de neuf ans, avec son lot de surprises, de suspense, de mystères autour d’une quête sur l’existence probable d’une entité extra-terrestre. Mais X-Files, c’est aussi une série d’anthologie, un peu comme La Quatrième Dimension ou Au-Delà du Réel. 

1.1236795540.eugene-victor-toomsHéritière assumée de ces deux cultes de la télévision, The X-Files a réussi comme peu d’autres séries à mixer sa mythologie avec ses intrigues épisodiques basées sur des événements paranormaux, occultes ou mystiques et des peurs issues de l’inconscient collectif.

D’Eugène Tooms (avouez que, depuis, vous vous méfiez des bouches d’aération), l’Homme Douve à Leonard Betts en passant par des intrigues environnementales ou les dangers de certaines expérimentations médicales, ces épisodes, que l’on nomme « Monster of the Week » (monstre de la semaine) sont devenus la marque de fabrique de la série.

X-Files, c’est aussi les débuts des « myth-arcs », ou épisodes en deux parties exclusivement dédiés à la trame narrative principale de la série (celle des aliens bien-sûr), souvent conclus sur des scènes de suspense, histoire de garder en haleine le spectateur la semaine suivante devant son téléviseur (on parle de vécu).

Des cliffhangers cultes et réussis de fin de saison ou mi-saison dont tout le monde se souvient : l’enlèvement de Scully en saison 2 (Duane Barry 1/2 et 2/2), la supposée mort de Mulder avec le triptyque d’épisodes Anasazi (final saison 2), Le Chemin de la Bénédiction et Opération Presse Papier (3×01 et 3×02). L’huile Noire en saison 4 avec Tunguska 1& 2. Des « myth-arc » qui sont devenus une norme du genre, voire une référence, dans les séries qui ont succédé à X-Files, comme Lost, Fringe, ou Buffy.

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4. L’horreur & le fantastique : l’influence sur les séries de genre 

X-Files a bouleversé le paysage audiovisuel américain en son temps et influencé au passage bon nombre d’autres créations télévisuelles par la suite. J.J. Abrams ne s’en cache pas dans sa préface d’un livre commémorant la série (The complete X-Files, 2008, Insight Editions), The X-Files est une influence directe pour Lost et Alias.

Si le format de la série des deux agents du FBI reste inimitable, elle aura influencé bon nombre d’autres désormais cultes comme Buffy, ou 24 surfant sur la trame conspirationnistes (Howard Gordon, Glenn Morgan ou James Wong y ayant mis en pratique leurs connaissances de scénaristes acquises via X-Files)

Sans parler de Fringe, série consanguine à X-Files, toujours signée J.J. Abrams. Pas d’aliens mais une mythologie très riche et complexe et une dynamique extrêmement similaire à celle d’X-Files (mythologie et enquêtes indépendantes). X-Files a aussi été une influence pour des clones un peu bâtards, comme Dark Skies avortée, à raison, en son temps.

Et la liste peut être longue :Supernatural, Castle, Bones… L’une pour ses évènements paranormaux, produite par feu Kim Manners, dont le nom n’est plus à présenter chez les fans de X-Files (producteur exécutif et réalisateur récurrent). Les deux autres pour la dynamique amoureuse des deux enquêteurs principaux, directement inspirée de celle de nos deux agents mythiques, Mulder et Scully. Ces séries ont même rendu leurs hommages à X-Files, lors d’épisodes dédiés, parodiant ou s’inspirant de la série.

 

Deux enquêteurs de sexe opposé, des lampes torches… ça nous rappelle étrangement quelque chose….tiens

 

5. Shipper, NoRoMo, Fence-sitters : X-Philes ou le fan IRL

Non, ce ne sont pas des noms de médicaments, ni de maladies vénériennes. Shipper, Noromos et Fence-Sitters sont des néologismes qui ont vu le jour avec X-Files et qui aujourd’hui sont toujours utilisés chez les fans pour se différencier les uns des autres. Comment, vous allez nous dire, et surtout, pourquoi ?

L’histoire de Mulder et Scully est une histoire d’amour peu conventionnelle. Atypique, disons-le. Si les aventures de nos deux agents costard-cravate tournaient autour des petits hommes verts (ou gris) et d’événements paranormaux, une des raisons pour lesquelles beaucoup de fans ont suivi les aventures Aux frontières du réel est la dynamique du couple Mulder et Scully.153666632

Allaient-ils enfin sortir ensemble au bout de 4, 5, 6, 7 saisons ? Télé Z en avait même fait une campagne publicitaire dans les années 90 avec une ménagère se demandant combien de temps elle allait attendre avant de les voir conclure. Mulder et Scully, un phénomène de société.

Si des mots comme ceux-ci ont vu le jour, c’est pour différencier le degrés d’intérêt vis à vis de la relation amoureuse de nos deux agents. Ainsi, Shipper désignera le fan obsessionnel intéressé essentiellement par l’histoire du couple et qui ne souhaite voir que ça (sujet généralement, voire exclusivement, féminin d’après nos statistiques…). Les Noromos, ou « no-romance », sont ceux qui ne souhaitent absolument pas voir le couple s’engager l’un envers l’autre (sujet généralement masculin, mais certaines études sur le terrain prouvent le contraire). 

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Les Fence-Sitter, mot composé en anglais qui se traduit « assis derrière la barricade » , désigne ceux qui ne prennent pas partie au débat (un peu comme les suisses). Le bouchon peut même être poussé plus loin en rajoutant ceux qui se désignent comme UST, acronyme de Unresolved Sexual Tension. Les UST sont conscients de la dimension amoureuse du couple, mais refusent de les voir ensemble ouvertement à l’écran.

De nos jours, ces mots sont toujours utilisés dans la plupart des communauté de fans. Le mot Shipper est même devenu une banalité pour désigner les fans les plus obsessionnels et hardcore d’un couple de Série TV. Merci X-Files pour avoir contribué à développer le vocabulaire des fans, à l’essor des communauté des fans sur internet, que ce soit au tout débuts des forums, ou en chat IRL.

6. Les Fan-fictions

50 nuances de Grey se veut comme un véritable phénomène de société, tout en banalisant le phénomène des fanfictions. Oeuvre littéraire (tout est relatif) dérivée de Twilight, écrite par une fan de Twilight (oui ça existe), 50 nuances de Grey marque l’avènement de la fan-fiction dans la littérature contemporaine, comme un nouveau genre. Un genre pour lequel on devrait remercier X-Files (ou pas, surtout après avoir lu 50 Nuances de Grey).

En effet, avant X-Files et les communautés internet de fans, les fanfictions n’étaient pas connues du grand public. La série a été la première à inaugurer virtuellement, les fanfictions ou fanfic, et démocratiser l’usage et la lecture sur le web. La Fan-fiction, pour les méconnaisseurs, est un récit que certains fans écrivent pour prolonger, amender ou transformer l’objet de leur addiction. Si le phénomène a commencé dans les fanzines Star Trek, X-Files a été donc l’une des premières séries à être prolongée par les fans sur internet et démocratiser le genre.

Récits NC-17 (traduction : à forte dominance sexuelle, amis de la frustration, ça va vous plaire) sur les deux agents, cross-over avec Stargate ou même Derrick (ça ne s’invente pas), l’acte d’écrire ses fantasmes de fans et de les partager avec d’autres a été banalisé grâce à X-Files. Merci Mulder et Scully d’avoir aidé beaucoup d’exprimer leur inventivité, imagination sur le web, et ce quelque soit la série ou le film dont il est sujet.

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*Masterclass en vidéo prochainement sur braindamaged.fr

Crédits photos : ©20th Century Fox  

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