Le Secret des Marrowbone sort aujourd’hui en salle.  Un film aux allures d’horreur hispanico-britannique plus fait divers que paranormal. La critique du Cerveau.

Une mère et ses quatre enfants s’installent aux Etats-Unis pour fuir un mari violent. Quand elle décède, Jack, Billy, Jane et Sam décident de vivre en reclus afin de ne pas être séparés. Mais un fantôme semble avoir investi les lieux…

Pas si horrible que ça

Sous l’œil du scénariste de l’orphelinat, Sergio G. Sánchez, qui se place ici derrière la caméra, Le secret des Marrowbone a tout pour faire peur. Tous les codes du cinéma d’horreur sont au rendez-vous, de la maison délabrée, à la dimension mystico-paranormal nécessaire à ce que le spectateur ressente un frisson dès le début du film.

Pourtant Le Secret des Marrowbone n’est pas un film d’horreur au sens propre du terme, malgré sa mise en scène très marquée dans le genre. Il est un véritable thriller qui tiendra en haleine son spectateur, tout en jouant des codes de l’horreur, dans une dimension rétro qui n’est pas déplaisante. Même s’il tombe parfois dans la facilité, et que pour certain, l’issue du film peut être devinable, Le secret des Marrowbone est un long-métrage qui séduira les amateurs de thriller psychologique.

Loin des procédés classiques du genre

Que ce qui attendent jump-scares et autres sursauts d’effroi passent leur chemin. Le secret des Marrowbone n’est pas un slasher ni un film fantastique contrairement à ce que l’on pourrait croire. Ceux qui cherchent à «  voir des morts partout » comme un certain gamin légendaire du grand-écran, seront inéluctablement déçus par ce long-métrage, qui relève plus du drame familial que de l’horreur. Entre témoignage et fantôme du passé, Le secret des Marrowbone est un film bien plus psychologique que le pitch aurait pu le laisser croire.

 

Ici, le scénariste cherche à jouer des codes de genre suggérant des forces maléfiques pour mieux s’intéresser à l’humain et ce que peut générer une tragédie familiale teintée de secrets. L’intrigue se focalise sur le pouvoir des liens fraternels, mais aussi le deuil, où la capacité à vivre avec un lourd passé tragique.

Secret de famille

Aux allures gothiques, tourné dans les Asturies en Espagne, le film de Sanchez fera sans nul doute penser aux Hauts des Hurlevents avec cette maison délabrée et ces paysages en friche. La demeure Marrowbone est un véritable symbole et une personnification des états du héros, grand classique de la littérature gothique, et très vite, le spectateur aguerri comprendra les enjeux et l’issue de cette histoire, sans pour autant la spolier. Porté par une photographie maîtrisée et de cachet, hommage aux films des années 60 et au cinéma classique, Le secret des Marrowbone peut dérouter bien plus, mais n’est pas pour autant désagréable car il propose un véritable parti pris vis-à-vis de son intrigue.

Distribution convaincante

George McKay incarne avec conviction son personnage touchant en rôle de chef de famille torturé, servi par un casting efficace, crédible en tant que fratrie. On apprécie les personnages secondaires qui ont chacun un rôle intéressant et qui servent la narration sans l’aliéner.  Sans trop en révéler, le dernier tiers du film, avec son twist et la narration qui prend du sens, excuse les erreurs de rythme et les longueurs qui pourraient rebuter certains devant leurs écrans.

En somme, Le secret des Marrowbone est un film intéressant, bien plus psychologique que d’horreur, pour un véritable film sur l’héritage familial et le deuil suite un à tragédie. Il n’est pas le thriller le plus fou de l’année, mais il mérite le détour, pour une histoire touchante, teintée d’une ambiance à la « Del Toro » dans ses début.

Le Secret des Marrowbone : Bande Annonce

Crédit photos : ©Universal