Un trip égotique… Tels étaient les appréhension pour le dernier film d’Ang Lee, Gemini Man avec l’acteur de renom Will Smith. Pourtant le film de série B d’Ang Lee est un coup de poing visuel servi en 120 images par secondes comme jamais vu jusque-là. La critique du Cerveau.

Will Smith vs Will Smith. E3go vs Ego. A vue de l’affiche et de la bande annonce du dernier long métrage d’action du réalisateur de l’Odyssée de Pi, ce thriller d’action sur fond de clonage ne laissait pas envisager que le film pourrait être une véritable expérience de cinéma, digne de la prouesse technique d’Avatar en 2009.

10 ans plus tard, la 3D est plus maîtrisée que jamais au cinéma, mais pas souvent immersive, plus calculée comme un produit marketing qu’une véritablme expérience sur grand écran. Ang Lee réussit la prouesse de surprendre avec sa technologie 3D 4K HFR  (high frame rate) à 120 images par secondes, agrémentée de performance capture, offrant à Will Smith et aux spectateurs un véritable voyage au coeur de l’action mais aussi dans les années, à l’âge où l’acteur international n’était qu’un rappeur de sitcom avant de devenir l’icone internationale que nous connaissons.

Pitch simple

Si le film n’est pas des plus surprenants à l’image de son pitch assez basique – un thriller sur fond de conspiration et d’expérience de clonage dans un but militaire – et malgré un scénario extrêmement générique, Gemini Man réussi à capter son spectateur dès les premières séquences du film, pour une expérience visuelle assez folle sur grand écran.

L’histoire de Gemini Man est centrée sur Henry Brogan, un tueur professionnel, soudainement pris pour cible quand ce dernier, habité par ses assassinats est sur le point de prendre sa retraite. Alors qu’il tente de comprendre qui cherche à l’éliminer, il est poursuivi par un mystérieux et jeune agent qui peut prédire chacun de ses mouvements.

Surprise visuelle

Une intrigue prévisible, digne du genre, sans réelle surprise. Tout du moins sur le fond. La vraie surprise réside essentiellement dans la forme, avec l’immersion visuelle qu’offre le film, notamment dans les séquences d’action assez folles, d’une fluidité inégalée et au plus proche du souffle des cascadeurs en plein combat.

Avec ses 120 images par seconde, Ang Lee joue de la caméra avec génie pour offrir au spectateur un plongeon dans les confrontations, cascades de haut-vol et autres séquences armes au poing comme rarement vu au cinéma. Chaque plan est d’une maîtrise absolue, tant dans ses cadrages que ses recherches de créativité. Le tout offert dans une qualité d’image à couper le souffle, dans des couleurs vives et éclatantes. La 3D est gérée au millimètre près  et dans le détail, au point qu’on l’oublierait vue la vraisemblance des images qui défilent au rythme inédit sur l’écran.

Au plus proche du poing

Outre les chorégraphies de combats gérées d’une main de maître, la caméra de Ang Lee est la prouesse inattendue dans un film qui aurait pu être, si ce n’est convenu et prévisible, inintéressant pour son manque de surprise dans son intrigue. Ainsi, une course poursuite banale dans les rues de Carthagène devient une véritable expérience pour le spectateur, au cœur de la poursuite, que ce soit en grand angle ou en caméra embarquée.

Chaque explosion est décuplée, chaque coup, frappant de réalisme… Ce, même si ces séquences actions peuvent paraître conventionnelles pour un film de ce genre. Avec Gemini Man,  le spectateur redécouvre l’action autrement sur grand-écran.

Clone & Co

Surfant sur fond de clonage basé sur le sempiternel exemple de la brebis Dolly, Gemini Man surfe sur fond de conspiration et de manipulations génétiques invraisemblables (qui nous rappelle étrangement d’ailleurs une intrigue de la série le Caméléon, avec des expériences de clonage qui possèdent étrangement le même nom de code. Le Cerveau dit ça mais dit rien… #inspirationsérie), le film n’offre pas de réelle réflexion sur la nature des expériences que l’on accepte comme réelles et plausibles, sans réfléchir.

Avec Gemini Man, pas de réflexion éthique, humaniste ou philosophique. Non. Et ce n’est pas grave. Car le film ne cherche pas à avoir la prétention de réfléchir sur ces sujets. Et ce n’est pas grave. Ce qui compte est l’artisanat de Ang Lee, et sa capacité à bluffer le spectateur, même le plus aguerri avec son talent. Simple divertissement, Gemini Man est un film d’action attendu, starring un Will Smith plus en forme que jamais, jeune ou vieux.

The Prince is back

Un Will Smith face à lui-même, avec des années en moins. L’autre prouesse du réalisateur de Gemini Man réside dans le rajeunissement de l’alter-ego du héros campé par la star américaine. Un rajeunissement plus vrai que nature, assez fou, qui nous propose un visage de Will Smith digne du Prince de Bel-air, mais en haute définition.

Avec un procédé de performance-capture plus fidèle que jamais, à la vision réelle d’un acteur que l’on a connu jeune et vu vieillir, Ang Lee joue avec le spectateur et sa capacité à confondre l’artificiel du réel, un peu à l’image du héros et son clone. Un exploit criant de vraisemblance, qu’on croirait presque au double existant de Will Smith.

Prouesse cinématographique

Si Gemini Man ne révolutionne rien dans sans écriture, il est sans conteste une prouesse cinématographique digne d’un réalisateur de renom tel qu’Ang Lee, qui n’a certainement jamais eu la prétention – après visionnage du film – de faire plus qu’un film de Série B, dans une technologie nouvelle. Une technologie plus que maîtrisée pour un divertissement aussi proche que possible du réel.

Une preuve de l’évolution technique et visuelle d’un cinéma toujours en perpétuelle évolution, pour offrir l’expérience la plus immersive à son spectateur dans une technologie poussée au possible en faveur du divertissement. Si le film n’éveillera peut-être pas les esprits, il caressera la pupille des amateurs du 7ème art et de technique, pour sa réalisation hors-normes servie en HFR (3D 120 fps ou 3D + chez les grenouilles). Impossible de voir en Gemini Man une autre utilité que la preuve que cette technologie, quand elle est maîtrisée peut-être plus que jouissive. Il tarde de voir les suites d’Avatar juste pour cela.

GEMINI MAN : Bande Annonce VOST

Crédit photos : ©Paramount