Une dimension politique et politisée
Si la série 24 a eu un ton faussement républicain avec sa thématique centrale, à savoir l’anti-terrorisme et l’apologie de la torture, quand on pense à 24 Heures Chrono, on pense aussi à une plongée dans les rouages infernaux de la politique américaine en pleine gestion de crises. Une série dans la veine d’A la Maison Blanche, en période dangereuse, palpitante, portée par une écriture et des twists politiques ingénieux. On pense par exemple au recours de l’éventualité d’Impeachment du président Palmer par son propre cabinet en saison 2 afin de coordonner une attaque au Moyen-Orient.
Au cœur de la Maison Blanche
Une série de l’intérieur, avec ses Présidents à l’honneur. Honorable et iconique, comme David Palmer (Dennis Haysbert), mais aussi détestable comme Charles Logan (Gregory Itzin, saison 5, 6 et 8). Entre Secrétaires d’Etats, signatures d’actes et autres traités internationaux, politiques de cabinet et consensus internes, 24 Heures Chrono s’est toujours voulue comme une série politique au-delà d’une série d’action. Une série politique bien plus démocrate qu’on pourrait le faire croire, avec la remise en question constante du pouvoir de l’exécutif américain, réputé comme immuable et intouchable, voire suprême chez les Républicains.
Les scénaristes n’hésitent pas à transcender les codes établis du pays, à savoir s’attaquer à la branche exécutive en osant mettre à la tête d’un complot terroriste son propre Président (aux fausses allures de George Bush) en saison 5. Une instance gouvernementale discutée et débattue, tentant de remettre en question les principes de la constitution US et le prix pour la défense de la démocratie à bon nombre de reprises, que ce soit vis-à-vis des décisions internes, les rapports entre les chefs d’administrations de cabinet, les complots intra-administrations, ou les rapports entre les dirigeants de diverses instances gouvernementales et internationales.
Remise en question de l’Oncle Sam
Au-delà de l’action, la série a quand même su intégrer des nuances dans le traitement de son sujet maître, en critiquant certaines politiques, décisions et déclaration de guerres, consensus géopolitiques, lobbyistes ou autres aspects de l’actualité internationale. La série s’est vite fait une tribune pour défendre des opinions et dénoncer certaines dérives post-11 septembre. Elle a bouleversé les codes en instaurant à la Présidence, pour la première fois à la Télévision, un afro-américain, et même une femme (aux allures ressemblantes d’Hillary Clinton).
24 Heures Chrono c’est aussi, même si les scénaristes ont profité de l’actualité pour surfer sur les peurs internationales vis-à-vis de certaines structures islamistes dès 2002, tenter de tenir un discours relativement intelligent sur les différents types de terrorismes et s’essayer à la dé-diabolisation assez subtile de l’islamisme. Surtout vers sa fin. Histoire d’éviter que la série soit un porte étendard à l’islamophobie, même si, sur 8 saisons, les terroristes islamistes tiennent une belle part de l’intrigue (saison 2, 4, 6, 7 et 8). On pense notamment au choix des scénaristes de faire Jack expier et pardonner ses fautes, se sachant condamné, en confession avec un Imam qui va aussi prier à son chevet pour l’absolution de ses pêchés, et non un prêtre chrétien, comme il aurait été coutume à la télévision américaine (saison 7).
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