24 Heures Chrono : Patriotisme, action, morale et transcendance de codes

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La technique 24

24 Heures Chrono comme dit plus tôt est une série en temps réel. Enfin presque. Son format est celui d’une série classique, à savoir 24 épisodes de 45 minutes en moyenne, par saison. Si l’on inclut les nombreuses coupures pubs américaines, on comptait effectivement une heure lors de sa diffusion sur la Fox. Mais si l’on « consomme »  une saison dans son intégralité, on ne comptabilise que 18 heures, soit en moyenne 1080 min (le Cerveau entend les puristes au loin s’écrier à l’arnaque « remboursez ! »)

Chaque saison commence à une heure précise et s’ouvre sur une horloge qui est LA marque de fabrique de la série. Une décompte en analogique des secondes qui passent, clôturant aussi l’épisode, histoire de bien rappeler l’heure qui s’est écoulée.

Une heure autour de Jack Bauer, son personnage principal, mais aussi autour d’une nébuleuse de personnages et d’intrigues en rapport de près ou de loin au scénario principal. Si la série veut, avec son concept, générer une immersion et offrir un semblant d’immédiateté au spectateur, ce n’est pas vraiment le cas puisque chaque épisode est monté, valorisant certaines sous intrigues en défaveurs d’autres. 24 Heures Chrono montre en main…en fait pas vraiment.

Le split screen

split screenQui dit temps réel dit simultanéité des évènements. Pour palier à la complication et l’omission de plusieurs pans et intrigues de son histoire que le spectateur ne voit pas ou ne peut suivre pendant certaines scènes ou séquences, les créateurs de la série ont mis le concept du split-screen, ou multi-écrans, à exécution dans 24 Heures Chrono, pour en faire une autre marque de fabrique de la série.

A la fois ingénieux et inédit à la télévision (à part au générique d’Amicalement Votre), le split-screen permet ainsi au spectateur d’avoir un sentiment d’omniscience, notamment lors de scènes d’actions clés, ou d’échanges téléphoniques entre notre héros et les différentes organisations gouvernementales pour lesquelles il offre ses talents de génie anti-terroriste.

Une architecture de montage novatrice de la part de la production, qui permet non seulement de contrer un problème de concordance diégétique, mais instaure un climat d’implication du spectateur. La division des séquences choisies permet de connecter logiquement chaque séquence présentée, mais aussi de générer frustration chez le spectateur, élément primordial de l’ambiance 24. On a d’un côté le déroulement des plans terroristes, face à un Jack Bauer briefant la présidence sur l’avancée des opérations réussies ou ratées. Une omniscience frustrante portée par une musique angoissante et rythmée signée Sean Callery, histoire de bien exacerber cette frustration.

Une narration maîtrisée

Comme dit précédemment, 24 Heures Chrono c’est aussi une narration maîtrisée pour un suspense à son paroxysme. L’action se déroulant en 24 heures, l’écriture se doit d’être rythmée pour garder le spectateur devant son écran. Un rythme soutenu par la succession d’opérations rapides et surréelles, souvent résolues en un ou deux épisodes maximum. 24 c’est aussi, au moins au minimum, trois ou quatre subplots développés en parallèle de l’intrigue de la saison.

24 heures chronos saison 1 dossier brain damaged

Des intrigues qui rejoignent souvent celle du personnage principal, avec plus ou moins de subtilités, avec des personnages secondaires qui permettent d’équilibrer la vitesse d’avancement des opérations dans le but de déjouer les terroristes. Des diversions calculées par les scénaristes, souvent tordues ou capillotractées (on pense à tout ce qui arrive à la pauvre fille de Jack, Kim), mais habilement équilibrées, histoire de tenir le spectateur sans écumer les scènes avec Jack.

24 Heures Chrono, c’est aussi une écriture qui joue beaucoup du cliffhanger, qu’il soit en fin d’épisode ou de saison. Les rebondissements et les suspenses sont exacerbés à leurs paroxysmes, renforcés par la tension qu’implique le presque-temps-réel. Impossible de tomber dans la banalité d’un feuilleton policier, ici, tout est basé sur la succession d’actions plus ou moins réalistes, à l’image d’un scénario de jeu-vidéo. Toute la particularité de 24.

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