24 Heures Chrono : Patriotisme, action, morale et transcendance de codes

0

Jack Bauer : une idéologie personnifiée

Jack Bauer c’est l’Amérique incarnée à lui seul. Le patriotisme personnifié comme on n’aurait pu l’imaginer. Un homme d’action, mais avant tout, un justicier patriote.

24 heures chronos saison 5 jack bauer dossier brain damagedDes études en droit et en criminologie, une expérience dans diverses organismes gouvernementaux dont l’Armée Américaine, la Delta Force, le SWAT avant de rejoindre la CAT (CTU pour les puristes) de Los Angeles : voici la bio raccourcie du mythe Bauer.

God Bless Jack Bauer

Un agent avec un background légitime pour un héros, en somme, assez irréaliste. L’homme sait tout faire : d’analyser une opération à sa mise en exécution, avec toutes les variables à prendre en compte avant, pendant et après. Des aptitudes professionnelles qui sont devenues une seconde nature pour le monsieur. Il voit tout venir, maîtrise ses armes (oui pas qu’une seule), sait piloter des hélicoptères (oui messieurs, dames !) et mettre un hostile K.O à mains nues malgré sa petite taille, voire même, plusieurs en même temps : Bad-Ass.

Incarnation physique du bushisme de l’époque post 11 septembre, Jack Bauer est le dernier rempart contre toute menace face à laquelle le gouvernement américain, exécutif, législatif et judiciaire, ne peut rien faire. Un héros gangrené par son devoir, qui ne reculera devant rien pour sauver son pays et les pauvres innocents qui y résident.

L’anti-héros sauce barbecue

Comme tout héros qui se doit, notre bon vieux Jack est un anti-héros des temps modernes. Un homme abattu qui a perdu beaucoup en 8 saisons. Quand certains se contentent de crier : « USA! USA! USA! », Jack lui, incarne son devoir patriotique jusqu’au sacrifice. Un héros comme il se doit qui se hisse au dessus du commun des mortels américains par un engagement total envers sa patrie, peu importe le danger encouru par sa propre personne, ses proches…ou même sa vessie.

jack bauer

Un sens du devoir et de l’abnégation placé à une échelle plus que surréaliste qui ferait presque de Jack une figure christique : que ce soit son épouse, sa fille, son identité ou même son corps, Jack est prêt à tout quand il s’agit de finir son opération. Peu importe les répercussions ou même l’opinion qu’on peut avoir de lui. Personne n’a de valeur à part sa patrie. Pas même la morale. Et c’est ce qui a fait jaser les philosophes durant cette décennie consacrée au culte 24 heures Chrono. Où s’arrête le sacrifice ? Jusqu’où peut–on aller pour sauver le monde les Etats-Unis ? Doit-on accepter la pire des ignominies et mettre de côté l’éthique pour une cause qui dépasse l’individu ?

Dualité morale : Machiavel ou la nécessité du Mal

 « Il a recours à des extrémités que la morale réprouve parce que la base de son action repose sur la maxime “la fin justifie les moyens”», décrit Pierre Sérisier, spécialiste en séries TV lors d’une interview. Jack Bauer et ses actes ont été un sujet de polémique largement discuté durant la diffusion de la série. Etudié dans les cursus universitaire de philosophie, l’usage de de la torture, sa légitimité pour le bien commun, a été l’un des fonds de commerce de 24 Heures Chrono.

Un usage de la torture quasi systématique au fil des saisons, parfois galvanisant, choquant, mais toujours excusable au vu de la configuration des événements et, surtout, efficace, puisque les réponses sont automatiques et assurées. Un instrument ordinaire, banalisé à l’écran, pour une solution pardonnable, comme un remède à une situation hors-normes.

24 heures chronos saison 5 jack bauer dossier brain damaged interrogatoire

Un fonds de commerce qui a été remis en avant lors de la découverte des tortures d’Abou Ghraib et Guantanamo en 2005, remettant en question le choix des scénaristes d’avoir un recours quasi systémique à ces méthodes extrêmes d’interrogatoire, comme une nécessité indiscutable : le recours au mal par le mal.

Il faudra attendre 7 ans avant de voir Jack Bauer clairement répondre de ses actes dans la série, jugé à son sens nécessaire face à une commission du Sénat Américain. Malgré ce choix de vouloir clarifier le débat et l’apologie de la torture que la série a généré, le discours de Jack Bauer reste en surface, et beaucoup trop lisse face au message qui a pu être véhiculé pendant 8 saisons, et la torture, toujours au goût malgré es apparences.

Partager