Un nouveau visage Marvel débarque en salle de cinéma ce 1er septembre. Quid de Shang-Chi et la légende des dix anneaux origin-story d’un personnage qui ne manquera pas de plaire aux fans du MCU. La critique du Cerveau.

Ce mercredi, un nouveau personnage rejoint l’écurie Marvel au cinéma. Shang-Chi et la légende des dix anneaux accueille un personnage connu des fans de comics, pour un vent de fraicheur chez les néophytes.

C’est peut-être l’une des sorties Marvel qui fait le moins de bruit. Après Black Widow  et son succès mitigé en début d’été, Eternals et Spider Man 3 No Way Home à venir en fin d’année, Marvel nous présente son nouveau super-héros d’origine asiatique dans son premier film : Shang-Chi et la légende des dix anneaux.

New Avenger

Apparu pour la première fois en comics en 1973, Shang-Chi est un héros imaginé par Steve Englehart. Moins connu  du grand public, il est pourtant un personnage qui prend de la place chez Marvel et qui a même fait partie de la troupe des Avengers. Il était temps que ce dernier arrive, dans son origin-story, à l’heure où les studios Marvel jouent la carte du pluralisme et de la diversité.

Une origin story qui détonne avec ce qu’on a pu voir dans le MCU jusqu’ici. Si l’on vous dit Marvel et Fantasy, ça fait bizarre non ? Et bien Shang-Chi, au-delà d’être un blockbuster typique de Marvel est aussi un film de Fantasy, avec ses mondes et ses légendes. Des légendes inspirées de contes chinois of course, dans un film, qui au-delà de présenter de nouveaux visages que l’on retrouvera dans les prochaines itérations Marvel au cinéma, réinvente les codes de la firme avec beaucoup de fraicheur.

Mélange de genres

A mi-chemin entre le film de Kung-Fu, le blockbuster de super-héros, le conte fantastique et le drame, Shang-Chi aurait pu se perdre dans son mélange de genres. Pourtant Destin Daniel Cretton et Dave Calaham, les scénaristes, ont fait un travail d’équilibriste assez remarquable pour offrir un film cohérent, touchant mais aussi divertissant, qui respecte autant le personnage que la culture asiatique au cœur de son intrigue.

Un film qui détonne avec ce qu’on connait de Marvel, qui, au-delà de proposer un nouvel héros, se doit de rentrer dans certaines cases, comme celle de conquérir le marché asiatique et proposer plus de diversité dans le MCU à l’image de Black Panther. Bien que le cahier des charges Marvel soit assez flagrant à certains moments (que ce soit avec la présence de Wong ou les deux scènes post-génériques ), Shang-Chi et la légende des dix anneaux  arrive à proposer une intrigue unique et rafraichissante pour ce qu’on connait du MCU et ses ressorts.

Ambitieux

Ce qu’on aime dans Shang-Chi, c’est son ambition : le désir d’être un film qui rentre dans les cases de son studio mais qui se permet des libertés assez intéressantes pour emporter le spectateur dans son histoire.

Si souvent les films introductifs ne sont pas toujours très inventifs, suivant un voyage et mythe du héros assez classique et codifié, Shang-Chi et la légende des dix anneaux a le courage de jouer avec les codes pour raconter une intrigue plus profonde que celle d’un simple personnage qui se retrouve propulsé héros malgré lui. Ainsi le film propose une thématique assez sombre malgré ses moments de légèreté et son humour distillé ci et là – marque de fabrique du MCU – notamment grâce au personnage de Katy incarné par Awkwafina, meilleure amie du héros.

De la difficulté du deuil

On a pu remarquer ces derniers temps que Marvel propose des thématiques dures et moins légères depuis Endgame. Après WandaVision autour de la thématique du deuil, la perte d’êtres chers et la gestion immédiate d’un tel traumatisme, Shang-Chi et la légende des dix anneaux propose un autre œil sur le même sujet.

Shang-Chi, fils du Mandarin, le vrai Mandarin, est un film plus complexe qu’on l’aurait cru. Choisir de traiter d’un thème aussi complexe dans un blockbuster Marvel est inattendu d’ailleurs (même si la noirceur a ses limites, Marvel c’est Disney, et qui dit Disney dit famille…). Car oui, Shang-Chi ce n’est pas que l’histoire d’un homme qui découvre ses pouvoirs et hérite des anneaux de son père. C’est une histoire de famille douloureuse qui se cherche après la perte violente d’un parent.

Nuance et tragédie familiale

Ainsi, l’antagoniste principal n’est pas un vilain à proprement parler, bien que ses activités ne soient pas nécessairement très légales ni honorables. Tous les enjeux dangereux du film ne sont que le fruit d’un homme qui souffre de la perte de sa femme, et qui ne sait pas se connecter avec ses enfants, ni même partager sa peine avec ces derniers. Tony Leung Chiu-wai, l’interprète de Xu Wenwu (ou le Mandarin c’est comme on veut) est touchant malgré son rôle d’antagoniste principal, entre colère, douleur, résignation et amour paternel.

Une tragédie familiale qui propose même des moments de poésie autour de cette thématique universelle et émouvante assez inattendue. Surprenant pour un film qui semblait être un produit calibré, calculé pour étendre le MCU et pour une cible particulière, mise en place de sa phase IV, dont le point culminant devrait être Doctor Strange 2.

Et c’est cette thématique universelle qui donne plus de profondeur et d’émotions à ce voyage du héros. Car Shang-Chi et la légende des dix anneaux au-delà d’être l’avènement d’un nouveau super-héros est surtout l’histoire d’un héritage et d’une reconnexion familiale touchante.

Chine fantastique

Avec une réalisation léchée, dans des décors à la fois réels et imaginaires, Shang-Chi et la légende des dix anneaux est un film qui dépayse tout en célébrant une culture sans tomber dans ses stéréotypes.

Le réalisateur a réussi à faire un film qui possède sa propre identité tout en rendant hommage au cinéma chinois, qu’il soit de d’action hong-kongais ou fantastique. L’hommage à des géants du cinéma de Kung-fu, qu’ils soient Bruce Lee ou Jackie Chan, se fait à travers des séquences inventives à coup de combats en corps à corps et chorégraphies millimétrées, par les acteurs en personne. Mention spéciale pour l’une des premières séquences du film dans un bus de San Francisco, assez folle, avec un Simu Liu impressionnant dans ses combats.

Influences et hommages

Les fans de cinéma chinois reconnaitront également des plans inspirés de films cultes comme Tigre et dragon ou Le secret des poignards volants, notamment dans les séquences de flashbacks dans le monde secret et fantastique de Shang-Chi ou dans le camp d’entrainement du Mandarin. Le monde fantastique est d’ailleurs peut-être le point fort du film, avec son bestiaire imaginaire dans un environnement quasi féerique, digne de grandes épopées de fantasy. Fait rare pour le MCU.

Des environnement divers qui soulignent la volonté de rendre hommage et célébrer un cinéma peut-être moins connu en occident, tout en évitant de tomber dans les clichés ou stéréotypes liés aux arts martiaux ou aux mystiques chinois.

Universel

Bien que le film propose son propre mysticisme autour de la légende des 10 anneaux et l’héritage maternel du héros, Shang-Chi est un film plus universel qu’on l’aurait cru, qui ne joue pas de l’Asie pour offrir un produit Marvel célébrant la diversité et calibré pour un territoire qui peut rapporter gros.

Côté production, Shang-Chi est un film qui n’a pas lésiné sur les moyens. De la musique épique aux influences asiatiques de Joel P. West, aux décors et costumes, en passant par les effets spéciaux tonitruants à la Marvel (notamment dans  la dernière demi-heure du film) dans des séquences de combats traditionnels inspirées et digne d’un univers de fantasy, Shang-Chi et la légende des dix anneaux est une sacrée surprise en salle, pour un nouveau visage qui ne manquera pas de séduire les amoureux de Kung-fu et du MCU.

Shang-Chi et la légende des dix anneaux : Bande annonce

©Marvel / Disney