Star Trek Picard : La plus progressiste et humaniste des Star Trek

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Découvrez la critique des trois premiers épisodes de Star Trek Picard, qui marque le grand retour de Patrick Stewart, dans l’un de ses rôles les plus iconiques.

Il incarne le plus emblématique des français américains de la SF. Patrick Stewart revient sur les écrans d’Amazon Prime Video pour le plus grand plaisir des amateurs de Science-Fiction et de Star Trek, 18 ans après.

Un retour qui célèbre le personnage iconique qu’il a incarné dans Star Trek Next Generation durant les années 90, dans une série qui porte son nom : Star Trek Picard. Quid de ce retour ? Star Trek Picard réinvente elle l’homme, le mythe, la légende de l’Enterprise ? Le Cerveau vous dit tout.

Retraite vigneronne

Nous sommes en France, au Château Picard. C’est ici que le Capitaine, désormais Amiral, s’est installé pour sa retraite après avoir démissionné de son poste. On retrouve Jean Luc Picard et son chien « Numéro 1 » au milieu de ses vignes qui servent la production de son vin de renom. Si l’homme semble écouler des jours paisibles dans sa terre natale, loin de Starfleet ou de l’Enterprise, ce n’est qu’une illusion.

Hanté par un passé tragique avec la disparition de son vieil ami Data, mais aussi par une mission de sauvetage sabordée et meurtrière, l’homme semble ne plus être en adéquation avec Starfleet ou la Fédération. Ce qu’on comprend très vite dès le premier épisode alors que ce dernier perd son sang-froid lors d’une interview sur sa carrière. C’est alors qu’une jeune femme vient lui demander de l’aide, traquée par des forces qui lui veulent visiblement du mal.

Un retour tout en nostalgie

On pensait ne plus jamais revoir Patrick Stewart en Picard. Il le disait lui-même, après le film Nemesis, l’acteur anobli ne voulait plus entendre parler de l’Enterprise, même s’il reste fier de son personnage et son impact dans la pop-culture.

C’est pourtant ce qu’il a fait. Et cela se comprend. Le Cerveau a pu voir trois épisodes de cette première saison de Star Trek Picard, série où l’acteur s’implique au-delà du jeu puisqu’il est à sa production. Créée par Alex Kurtzman (Star Trek le film, Star Trek Discovery) la série réinvente le personnage à l’heure de la retraite, sans surfer réellement sur la nostalgie et loin des institutions qu’il a incarnées.

Un homme à conviction

Plus proches de ses valeurs et opinions politiques, Star Trek Picard n’est pas l’histoire d’une vieil homme à la recherche de nouvelles heures de gloire pour combattre sa mélancolie ou l’ennui. Ce n’est pas non plus l’histoire d’un homme qui souhaite renouer avec un passé glorieux ou s’embarquer dans une énième aventure pour un dernier frisson interstellaire. Ici, Picard a des convictions. Des convictions humanistes qu’il n’a pas l’intention de mettre de côté pour se soumettre aux protocoles et idées politiques de la Fédération.

Clairement Star Trek Picard n’est pas l’histoire d’un homme au sein d’un institution – aux valeurs plus ou moins discutables – là pour découvrir et porter les objectifs de cette dernière. Dans Picard, l’ancien Capitaine est là pour défendre ses convictions, mettre en lumière l’absurdité de ceux pour qui il avait dédié sa vie et carrière et comprendre les enjeux de ce à quoi il est confronté.

Il cherche aussi, d’un point de vue plus personnel, à comprendre et faire la paix avec un passé qui le hante, qu’il soit de l’ordre du sacrifice de Data, ou son retrait face à un massacre qui aurait pu être évité.

Série humaniste

Si Star Trek Next Generation a été une série à l’image des idées progressistes des années 90, véhiculant des messages d’inclusion, d’ouverture, de vivre ensemble et de compréhension, des valeurs philosophiques et positives en somme, au delà du show interstellaire, Picard semble vouloir pousser le curseur plus loin. La série cherche clairement à être un miroir de notre société actuelle en s’accaparant – sous couvert de SF – d’un sujet d’actualité majeur : les réfugiés politiques et l’immigration.

Sans révéler les grands enjeux mis en place dans les deux premiers épisodes de la série, Picard va reprendre du service, pour essayer, au-delà d’alerter sur les dérives d’une organisation, voire d’une société qui fourvoie ses valeurs les plus nobles, de rétablir les choses dans un monde qui oublie ses éléments fondamentaux : comme le respect des espèces, la solidarité et l’entraide. Les valeurs originelles de la Fédération.

L’aventure de toute une vie

Au visionnage des épisodes confiés par Amazon Prime Video, on peut dire que Star Trek Picard est une belle réussite. Elle réinvente un personnage que nous pensions connaître, qui ici ne se contente pas de déléguer ou appeler une troupe à régler les choses. Il s’implique malgré son âge dans une aventure complexe, pour être en adéquation avec sa conscience et ses idées. Picard ici ne s’engage pas seulement dans une quête humaniste, mais aussi dans une quête personnelle, une quête qui le touche, entre rédemption et remise en question de ses actions.

Comme l’aventure de toute une vie, cette nouvelle expédition de Picard dans l’espace va prendre du temps à mettre en place ses enjeux dans un monde qui a été étendu au possible. Un monde qui va essentiellement se limiter à la Terre et un cube Borg dans les épisodes visionnés, avant de se lancer un format d’expédition spatiale.

Si certains habitués de la franchise pourraient critiquer le temps de mise en place et un rythme peu habituel, avec un trio d’épisodes qui prennent le temps de développer un monde qu’il connaissent, notamment sur Terre, le rythme est peut-être la grande force de cette nouvelle itération Star Trek. Un rythme qui dénote avec ce que l’on connait de la franchise, plus axé sur les personnages et leurs états que leur fonction au sein de Starfleet. Ici, on s’attarde sur les états de chaque personnage présenté, qu’il soit terrien, membre de Starfleet, ou antagoniste, pour mieux explorer leur humanité avec la complexité qu’elle incombe, les forces et faiblesses de chacun. Picard compris.

Réinvention progressiste

Ce retour de Picard tente de réinventer et explorer une nouvelle manière de raconter Star Trek, loin de L’Enterprise et plus proche de l’humain. Star Trek Picard n’a pas que pour but de divertir. Elle cherche clairement à se donner une dimension psychologique et philosophique au-delà des gadgets traditionnels de la SF, ou une ribambelles d’aventures anthologiques d’épisode en épisode.

A l’aube d’une émergence de l’intelligence artificielle dans notre vie quotidienne, qu’elle soit de l’ordre de l’androïde ou de l’assistant virtuel, voire d’un bot autonome et interactif sur certains réseaux sociaux, Star Trek Picard a clairement l’ambition de questionner les spectateurs sur l’évolution de notre société ainsi que ses principes humains.

Quant à la production, elle est à l’image de ce qu’on a pu voir de Star Trek au cinéma ou ailleurs en sVOD : si certains paysages urbains sont très familiers et l’univers visuel préservé, offert dans une qualité irréprochable, il est clair que la série tente d’avoir une teinte un peu plus « réaliste » que ce soit dans la demeure de Picard ou ailleurs.

Pour savoir si Star Trek Picard sera une réussite, il faudra attendre de voir le développement du reste de la saison qui s’annonce très prometteuse, accessible même aux novices, immersive et touchante. Star Trek Picard est à découvrir au rythme d’un épisode par semaine tous les vendredi sur Amazon Prime Video depuis le 24 janvier.

Crédit photos : ©Amazon Prime Video 

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