Pacific Rim Uprising est la suite du génial film de Guillermo Del Toro. Sans garder un élément identique, il espère faire aussi bien, sans succès. Critique du Cerveau d’un échec prévisible.

En juillet 2013 sortait Pacific Rim de Guillermo Del Toro. Caricaturé parfois comme étant simplement un film de gros robots qui combattent des gros monstres, il est en réalité d’une qualité indéniable grâce évidemment à son réalisateur, en grande partie. On croyait en ce qu’on voyait, on vivait ce à quoi on assistait. Dès les premières minutes ont été conquis, avec la présence d’un acteur charismatique comme Charlie Hunnam et la bande son épique de Ramin Djawadi. Les combats étaient spectaculaires et maîtrisés, l’histoire prenante et bien écrite. Souvenez-vous bien de tout ça, car c’est tout le contraire dans Pacific Rim Uprising !

On efface tout et on recommence

Pacific Rim Uprising se passe dix ans après les évènements du premier film et va suivre le fils du Marshall Pentecost, Jake. Dans le futur, son père est considéré comme un héros ayant sauvé la Terre tandis que Mako est la chef du Corps de Défense du Pan Pacific – l’organisation qui gère les Jaegers. En revanche, l’autre gugus qui était aussi l’un des deux seuls survivants de la mission ayant sauvée la planète et fermée la brèche, Raleigh quelque chose, n’existe plus. Il est évoqué deux petites fois, mais c’est tout. Il s’est peut-être reconverti en fermier dans le Connecticut. Impossible de savoir. Car tous les bons points du premier film ont été écarté ou souillé. En revanche, en ce qui concerne les deux personnages les plus insupportables du premier film, Newt et Gottlieb, eux sont bien là ! Gé-nial.

On se rend bien vite compte de ceci dès les premières minutes – ce qui est marrant, car c’est exactement l’effet inverse du l’introduction du premier. Après un résumé de la fin de Pacific Rim très rapidement, puis une mise en contexte des dix années entre les deux films, très rushé, on enchaîne sur John Boyega qui danse sur du RNB. Voilà le début de contrefaçon du film ! Oubliez un acteur avec du charisme et une bande son épique, voilà la version 2.0 de Pacific Rim.

Oubliez tout ce que vous saviez

Ainsi le Cerveau veut bien que la technologie ait évolué en une décennie, mais pouvoir construire un Jaeger dans son garage, c’est non. On nous a suffisamment expliqué la complexité et l’argent que cela représente de construire une telle chose. Ce n’est pas dix ans qui vont changer ça. Mais Pacific Rim Uprising continue inlassablement pendant tout le film de se moquer de ce que le premier nous a appris.

On apprend donc que tout les Kaiju se sont toujours déplacés vers un point précis, ce qui est faux. On voit aussi la base d’apprentissage de pilotage des Jaegers, avec certains de ces robots qui patrouillent tranquille sans aucune raison. Problème, on sait que ça coûte cher et déjà en période de guerre le décisionnaire voulait stopper le programme Jaeger. Donc pourquoi dépenser inutilement de l’argent ici ? Le film apporte sa vision d’un monde sans l’expliquer, sans lui donner de contexte valable. Il n’aura fallu que dix minutes à Pacific Rim pour le faire, ici en presque deux heures il n’y parvient pas.

Il se suffit à lui-même

Cependant il faut bien comprendre que ce n’est pas qu’en comparaison avec le premier du nom que Uprising est mauvais. Evidemment ceci n’aide pas, mais ça ne fait pas tout. Steven S. DeKnight fait par exemple une réalisation moins bonne que celle de Del Toro, mais pas besoin de la comparer pour dire qu’elle est mauvaise. Les combats sont illisibles, la dynamique et la physique réalistes, des Jaegers absents, il y a des effets de mise en scène qui nous ferons éclater de rire – malgré eux malheureusement – l’image est terne, le rythme est imbuvable… bref il réussit très bien tout seul à faire un mauvais film.

De même que le scénario est lui aussi catastrophique en lui-même. La tension est inexistante, la cohérence et le sérieux également. Et on ne parle même pas des dialogues. Le pire, c’est qu’il aura fallu 7 personnes pour l’écrire ! On se demande ce qui a été le plus dur à assumer entre les jet pack pour Jaegers, la fusions des trois Kaijus ou les ennemis moitié robots moitié Kaiju. Quoique la bataille de boules de neige à la fin a dû être sympa aussi.

Sans âme, sans intérêt

Le pire c’est que c’est parti pour continuer. Du moins la dernière séquence laisse prévoir une suite, qui si elle arrive promet d’être encore plus drôle (ou triste, c’est selon) que ce film. Il faudrait espérer que si c’est le cas, les acteurs soient à nouveaux changés. Si John Boyega n’a aucun charisme et ressemble plus à un comic relief à la longue malgré son premier rôle, c’est encore pire concernant Scott Eastwood, qui à la présence d’une feuille de laitue. La seule à peu près sympathique reste la jeune Cailee Spaeny, qui joue Amara Namani.

Pacific Rim Uprising ne ressemble à rien d’autre qu’à un cahier des charges, une pub pour jouets. On a les robots avec leurs accessoires, leur super épée en feu, leur double sabre, leur fouet… et les noms parfaits pour des figurines ou des cartes à s’échanger. Ce n’est pas un film qui respire le talent, comme ce pouvait être le cas avec le premier, juste un truc sans âme et sans intérêt. Une vision au second degré permettra peut-être quelques rires, mais c’est bien tout. Autant l’oublier, et ne se souvenir que du premier, cela vaudra mieux pour nous comme pour eux.

Pacific Rim Uprising – Bande annonce

 

Crédit : ©Warner Bros