Adapté du roman d’Orson Scott Card, La Stratégie Ender sort cette semaine au cinéma. A-t-il su être à la hauteur ? Hum… Pas sûr.

S’il y a bien un exercice compliqué au cinéma, c’est l’adaptation d’une oeuvre issue d’un autre médium (en comics, c’est plus facile). Il suffit de voir les Hunger Games et autres Seigneurs des… Hein ? Ah, on me rappelle que ceux-là étaient bons. Admettons. En ce qui concerne le cas de La Stratégie Ender, comparé aux films cités précédemment, l’intrigue prend place dans un univers de science-fiction. Autrement dit, il s’agit d’un univers entier à retranscrire. Sur 300 pages, ça peut passer. Sur 2h… Le pari est nettement plus dangereux. Tout comme résumer tout cela en une critique. C’est pour cela que le Cerveau proposera plusieurs approches rapides : que vaut le film par rapport au livre ? Et que vaut-il en tant que film à part entière?

T’ar ta gueule à la récré

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Dans un futur proche, la Terre a été violemment attaquée par une race extra-terrestre nommée les Doryphores. Elle ne doit son salut qu’à un héros désormais légendaire, Mazer Rackham, qui réussit contre toute attente à repousser l’invasion au prix de sa propre vie. Cependant, la Flotte Internationale craint une nouvelle invasion et décide de prendre les devants en formant dès leur plus jeune âge les enfants les plus prometteurs. Ainsi, le petit Andrew “Ender” Wiggins, troisième enfant de la famille malgré les nouvelles restrictions posées pour les naissances, a été choisi par le Colonel Graff pour intégrer l’Ecole de Guerre, prestigieux établissement ayant pour but de former les soldats de demain. Seulement, malgré son jeune âge, Ender sera-t-il assez fort physiquement et psychologiquement pour supporter la formation ? Et qui sont les véritables ennemis dans cette histoire ? Les Doryphores ou les humains ?

Médiagénie mon amie

Dans un premier temps, si l’on considère La Stratégie Ender à travers le prisme de la simple adaptation, c’est plutôt moyen. Voire mauvais. Le principe du livre reposant entièrement sur la psychologie d’Ender, sa construction, son éducation et comment il en est arrivé à la tête du commandement lors de l’assaut final contre les Doryphores, les deux  heures du film sont beaucoup trop courtes. Certes, cela est intrasèque au cinéma lui-même et d’ailleurs, c’est là le principal défi face auquel les réalisateurs sont confrontés à chaque adaptation d’une oeuvre littéraire. Techniquement il est impossible de retranscrire l’intégralité de l’intention de l’auteur à l’écran. Après, il existe plusieurs façons de réussir mais La Stratégie Ender ne les a manifestement pas prises en compte.

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La Guerre des genres

Quand on compare les deux œuvres, la première impression qui vient à l’esprit, c’est que le réalisateur a pioché des passages au hasard dans le livre pour les mettre à l’écran. Il reprend même certaines répliques à la lettre. L’idée était louable, mais dans ce cas, ça sonne plus comme une excuse. C’aurait pu fonctionner pour un autre récit, mais là il en vient même à modifier totalement le postulat de départ : exit les scènes de travail acharné, Ender est maintenant un messie avec la science de la stratégie infuse. Il est catapulté de simple étudiant à commandant en chef comme si c’était de toute façon écrit et qu’il ne méritait pas ce poste. Toute sa psychologie est jetée à l’eau aussi puisque sa relation ambiguë avec sa sœur et son frère relève maintenant d’une simple scène d’exposition sans importance pour la suite. Alors que la majorité de ses actes dans le livre sont dictés par cette volonté de ne pas devenir violent comme son frère et d’obtenir l’amour de sa sœur. Ces deux personnages d’ailleurs jouent un rôle politique de premier plan dans les romans mais sont invisibles dans le film. Ça peut paraître anecdotique, mais cela avait tout de même son importance dans le cadre d’une adaptation. Moins de réflexion, plus de space fight.

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Starship Trompeurs

Quant au film lui-même, si toute la partie plus explicative sur les personnage a été occultée, Gavin Hood a quand même gardé ce qui passerait le mieux à l’écran : les scènes de space fight. Des combats en apesanteur entre étudiants aux simulations de batailles spatiales, les effets spéciaux sont dans la moyenne de ce qui se fait de nos jours et restent agréables au visionnage. Point noir cependant pour les décors en carton-pâte. On se croirait dans un nanard tant c’est visible à l’écran. Pour ce qui est du cœur du récit, à savoir les stratégies “si géniales” qu’Ender a mis au point, celles mises en scène sont si simplistes que les adultes passent soit pour des crétins décérébrés, soit des abrutis complètement attardés. Ou alors c’est le casting qui veut ça.

Finish him !

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Alors là, chers Hannibal Lecteurs, ne prenez pas mal ce que le Cerveau va dire mais pauvre Harrison Ford ! Laissez-le mourir en paix ! Déjà sur Indiana Jones 4, c’était limite s’il n’était pas en chaise roulante. Et là, il a l’air tellement vieux, tellement bouffi… On verrait presque les fils qui le maintiennent debout ! Et ce n’est pas Ben Kingsley qui va relever le niveau avec son mystérieux tatouage facial dont l’explication mérite d’être dans le Hall des excuses les plus pourries tout média confondu. Pour ce qui est du reste du casting, Ender est censé être un petit garçon impassible et froid vu de l’extérieur, pas un pleurnichard tête à claque comme l’incarne parfaitement Asa Butterfield.

La Stratégie Ender souffre d’énormément de défauts au final mais qui sont surtout dus à l’ambition du projet. Certaines œuvres sont plus faciles à adapter que d’autres. Il y a cependant des erreurs inexcusables comme celle du casting ou de la cohérence des scènes choisies. A vous de voir donc comment vous voulez l’apprécier : comme une adaptation ratée ou comme un divertissement sympathique où on voit quand même le vide à travers les planches.  Après, il se peut que le Cerveau ait fait l’erreur de lire le livre. Vilain Cerveau, vilain.

La Stratégie Ender : Bande-Annonce (VOSTFR)

Crédits : ©Metropolitan Films