Brainterview : Robert Rodriguez, ambassadeur de la Mexploitation

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Présent à Paris pour la sortie de son nouveau film Machete Kills, Robert Rodriguez a reçu le Cerveau et ses confrères lors d’une table ronde  pour parler de son dernier chef d’oeuvre, mais aussi revenir sur sa carrière.

On ne le présente plus. Depuis Mariachi jusqu’à Machete, en passant par From Dusk Till Dawn, Desperado, Spy Kids, Roadracers ou Sin City, Robert Rodriguez fait partie des grands. Et il compte bien le rester comme le prouve son dernier film Machete Kills donc la suite Machete Kills Again est déjà prévue. Entretien avec l’un des réalisateurs les plus badass d’Hollywood.

Machete Kills commence par le trailer de l’opus suivant, Machete Kills Again. Comment vous est venue l’idée d’envoyer Machete dans l’espace ?

Sorties Cinéma du 02 Octobre 2013 - Machete Kills AfficheAu départ j’ai fait le faux trailer (dans Planet Terror, ndC*) et je ne pensais pas en faire un film. Mais les gens ont adoré le trailer parce qu’ils n’avaient jamais rien vu de pareil auparavant. Il y a eu la Blaxploitation dans les années 70’s mais personne n’a jamais pensé à faire de la Mexploitation alors que c’est évident ! Donc tout le monde me disait de le faire, dont Danny Trejo. J’ai donc fait Machete. A la dernière minute, j’ai rajouté “Machete will return in Machete Kills… And Machete Kills Again.” Pendant 2 ans, on est venu me demander quand je ferai les 2 autres. Dans ce genre de séries, ils finissent toujours dans l’espace. Je me suis imaginé à quel point ça serait drôle d’envoyer Machete là haut. Quand on m’a demandé au Comic Con si je ferai un autre Machete, je leur ai répondu “oui, Machete kills… again… IN SPACE !” Tout le monde a éclaté de rire ! On s’est dit, autant essayer !

J’étais à une soirée à Hollywood et Elon Musk est entré. Je réfléchissais à la suite de Machete et je lui ai parlé du fait de l’envoyer dans l’espace. Il a adoré ! Il parlait comme le personnage de Mel Gibson dans le film. Cette idée de Machete dans l’espace semblait ridicule au début, jusqu’à ce que je le rencontre.

Machete Kills est votre 9ème collaboration avec Danny Trejo. Comment qualifieriez vous votre relation professionnelle ?

Danny a été l’un des premiers acteurs avec lesquels j’ai tourné. Je lui ai dit sur le tournage de Desperado : “Un jour tu joueras Machete, un personnage parfait pour toi”. Danny a un certain magnétisme. C’est pour ça que je me disais qu’il serait parfait pour Machete. Il ne doit pas être beau gosse mais costaud avec des cicatrices. Aussi barrés que soient les films, Danny les joue toujours très sérieusement. Il est en quelque sorte le Charles Branson mexicain.

Comment avez vous réagi quand Machete est devenu une icône publicitaire ?

C’était cool. Même Steven King a écrit que la meilleure réplique de l’année était “Machete don’t text” (Machete n’envoie pas de textos). Ce n’est même pas de moi ! Danny n’arrêtait pas de m’appeler pour demander quand on ferait Machete. Je l’ai texté en disant “arrête de m’appeler tout le temps. Envois-moi des textos je répondrai tout de suite ; je ne peux pas toujours répondre au téléphone.” Sa réponse :”Machete don’t text”. Ça vient de là. Je l’ai trouvée marrante donc je l’ai mise dans le film.

Le personnage de Lady Gaga est-il diffèrent de la vraie Lady Gaga ?

Quand Machete est sorti, elle a dit qu’elle avait adoré et aurait voulu que sa chanson Americano soit dedans. Mais le film est sorti avant. Je l’ai appelée pour lui demander si être actrice l’intéressait. Elle m’a répondu qu’elle avait commencé sa carrière comme actrice et qu’elle avait toujours rêvé d’être dans un de mes films. Je lui ai écrit un rôle et on a tourné en une journée. Quelqu’un d’autre l’aurait sûrement faite jouer son propre rôle, pour jouer la sécurité. Mais j’ai cru en elle et elle a été fantastique.

Machete Kills : MEXPLOITATION DANS TA FACE GRINGO - une lady gaga

Pourquoi avoir choisi Alexa Vega pour un rôle comme le sien ?

Elle m’a appelé en me disant qu’elle avait des problèmes avec sa carrière, qu’à 25 ans on la considérait encore comme une enfant. Donc si j’avais un rôle plus adulte pour elle, ça l’arrangerait. Elle m’a demandé pour Sin City mais  jamais je ne l’aurai laissée tourner dedans. Quand les gens la voient, ils pensent directement à l’enfant dans Spy Kids. Quand je me suis rendu compte que je pensais comme eux, je lui ai proposé de tourner dans Machete, d’être dans la bande de filles de Sofia (Vergara, ndC). Il n’y a pas de vrai rôle, ni de texte. Mais comme ça elle pourrait s’habiller comme dans Sin City et si ça lui plaît, je lui donnerai un rôle plus important. Elle est venue, elle a mis ces vêtements de dingue et elle déchirait. Une photo envoyée à Rolling Stones a tout changé auprès des spectateurs. Ils se sont rendu compte qu’elle avait grandi. Maintenant elle a énormément de travail. J’ai été surpris de voir comme c’est allé vite. Et avant même que le film sorte !

Des futurs projets ? Et si oui, avec Tarantino ?

Sin City 2, qui sort l’année prochaine d’ailleurs. On vient de finir les effets spéciaux. Et une série basée sur From dusk Till Dawn dont le tournage est en Novembre. Ça se déroule sur une nuit divisée en 10 épisodes. Et pour Quentin… Rien que je ne puisse annoncer encore.

Comment faites-vous pour sortir des films pour enfants d’un coté, puis des films beaucoup plus matures de l’autre ?

Les premiers films que j’ai fait étaient des films familiaux parce que j’ai grandi dans une très grande famille. J’ai eu envie de faire un grand film familial, et j’ai fait Spy Kids. A cette époque, personne ne faisait de films familiaux. Et comme je venais d’avoir mes propres enfants, je voulais faire un film pour eux. J’ai donc décidé de faire un film aussi badass que Desperado mais pour les enfants. Mes enfants adoraient le regarder en boucle. J’aime bien équilibrer les deux, parce que j’ai des enfants aussi et j’ai envie qu’ils voient autre chose.

Malgré le ton décalé de Machete, vous abordez des sujets sérieux. Pensez-vous que l’humour permet de mieux porter un message qu’un film sérieux ?

Machete Kills : MEXPLOITATION DANS TA FACE GRINGO - sophia vegeraOui, il faut faire des films que les gens aient envie de voir. Si je faisais un film intitulé “The Border”… Les gens iraient le voir mais tout le monde ne serait pas emballé. S’ils veulent voir ce genre de choses, ils regardent les nouvelles. Mais si vous le faites de façon plus subversive, divertissante, c’est le moyen le plus simple et le plus sur pour que les gens captent le message.

Comment supportez vous la pression des fans avec toutes les attentes que vos prochains films suscitent ?

Je ne trouve pas qu’il y ai tant de pression que ça. Sur des films comme Sin City, oui j’ai plus de pression mais même la dessus je gère ! On a du faire croire que c’était un plus grand film que le premier, avec moins de temps et autant d’argent. Nous avons tourné en 13 jours, c’était très rapide.

C’est votre secret pour faire d’aussi bons films ? Toujours être dans le rush ?

Oui, on a du faire croire qu’on avait beaucoup d’argent et de temps alors qu’en fait pas du tout. On fait croire à des gens qu’on a un super budget, on fait des affiches avec des explosions partout et tout le monde se dit : “Ouah ça va être énorme !” alors que ça n’est qu’un pétard qu’on a grossi pour faire croire à une grosse explosion. Tout est question d’illusions.

Est ce que c’était drôle de tuer Justin Bieber ?

Il ne sait pas qu’il est dans le film. Ce n’est même pas lui, c’est un robot mais j’imagine bien sa tête s’il va voir le film. Je l’ai rencontré d’ailleurs. C’est un garçon très sympa.

*Note du Cerveau

Photo : Wild Bunch Distribution/DR

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