A l’occasion de la sortie hier de La Planètes des singes 3 : Suprématie, le Cerveau revient sur les multiples interprétations de La Planète des Singes, remontant au roman original de 1963
Aux commencements il y avait des singes, naturellement. C’est ainsi, en tout cas, que Pierre Boulle pense son roman La Planète des Singes, épopée du genre de la science-fiction divisée en trois parties et publié en 1963.
Inspiré de Mister Charles Darwin, le Français Boulle s’inspire de la théorie évolutionniste pour repenser le rapport homme/singe. Dans le roman, Jinn et Phyllis, deux touristes qui s’amusent, décident de monter dans un vaisseau spatial pour atterrir dans une planète, similaire à la Terre, mais où le rapport homme/singe est inversé, puisque ce sont les singes qui sont maîtres et les hommes qui sont esclaves. Après avoir appris de grandes leçons sur l’homme, sur ses origines et sur comment naît une civilisation, le couple de Terriens retournent sur leur planète, seulement pour découvrir que leur civilisation a complètement disparu de l’univers.
La saga au cinéma
5 ans après la publication du roman à succès, Franklin J. Schaffner, un réalisateur américain de talent ayant déjà fait ses preuves à Hollywood et à la télé, adapte le livre pour donner la première version cinématographique de La Planète des Singes.
De ce début magistral, aux effets visuels et paysages impressionnants, sera lancée une saga, de cinq épisodes au total, suivant de prêt les aventures des humains esclaves dans le monde des singes et tenant le public friand de science-fiction en haleine pendant la première moitié des années 1970. Ce sont 32 millions de dollars aux Etats-Unis et 1 million 715 mille entrées en France pour le premier film (de 1968), 20 millions de dollars et 1 million 200 mille entrées pour le second, et des chiffres décroissants pour les suivants.
Du fait de l’engouement pour la science-fiction, des nouveautés cinématographiques et visuelles, développées dans la saga, et de la richesse de sujets de réflexion du roman original, la saga La Planète des Singes des débuts des années 1970 a fait un tabac. A tel point que deux séries ont été diffusées en 1974 et 1975, reprenant les mêmes costumes et les mêmes personnages, diffusées en partie en France.
Le cinéma s’emballe
En passant par le stade de la saga, il a semblé que l’histoire de La Planète des Singes soit devenue une sorte de passage obligé pour tout cinéaste qui veut prouver ses talents de costumier, paysagiste, machiniste… C’est en tout cas ainsi que le Cerveau comprend le film de Tim Burton de 2001, intitulé de l’exact même titre que le roman original, et reprenant mot pour mot, mais en un film de 120 minutes et non en une saga s’étendant sur 6 ans, l’histoire de Pierre Boule.
Différent et moins bon que la version de Shaffner avec Charlton Eston, à côté de qui Mark Wharlberg fait pâle figure, il est difficile de croire que cet opus soit signé de la patte du maître du gothique. La Planète des singes made in Burton manque de conviction dans sa réalisation et son scénario, d’une platitude et facilité déconcertante concernant les motifs développés dans le film pour un message anti-racisme peu convaincant et surtout bancal.
Enfin, dix ans plus tard, le cinéma reprend un intérêt pour l’épopée et lance La Planètes des singes : Les Origines, film qui, pour la première fois en 50 ans, revisite le roman et en change radicalement l’histoire. Une épopée qui se termine aujourd’hui en salle avec le troisième volet de la trilogie avec Andy Serkis : La Planètes des singes 3 – Suprématie. Ainsi, il y a vraiment de quoi ce demander, qu’est-ce que le roman de Pierre Boulle avait de si extra-ordinaire et de si fantastique que, 60 ans après, le cinéma en parle toujours ?
Les variantes
Lire le roman de Pierre Boulle nous permet de voir les variantes présentes dans les différentes adaptations. Certains ont eu de l’imagination, se sont frottés au sujet, d’autres ont préféré retranscrire une adaptation fidèle. Ce cas-là est celui de Tim Burton qui, non seulement reprend l’histoire du livre, mais reprend aussi presque la même esthétique simienne que celle de la saga.
Les visages des singes ressemblent de beaucoup à ceux des précédents. Seule différence : Mark Wahlberg et la tronche, un peu bizarre, du village/un peu grotte dans lequel vivent les singes. Une esthétique qui, si elle a pu marcher au début des années 2000, paraît assez mauvaise aujourd’hui.
En revanche, le film de 2011, et sa suite, sont bien la preuve qu’on peut s’éclater et réinventer le sujet. Dans la version de Rupert Wyatt, avec James Franco et Freida Pinto (Slumdog Millionaire), on suit l’éducation de jeune César qui se déterminera à libérer les siens. Avec des petits accents de Martin Luther King et des éléments de la science qui part en cacahuètes (qu’on retrouvera dans Spider Man), le film de Rupert Wyatt se frotte à l’histoire de la saga et produit un chef-d’oeuvre en son genre.
Rétrospective sur La Planète des Singes
Homme-singe, Singe-homme
Aventure et action sont certes au rendez-vous, que ce soit dans la saga ou la nouvelle trilogie moderne. Guerres, mensonge, voyage et trahison : tous les éléments d’un bon film d’aventure sont là. Mais ce qui fait la richesse du livre est bien plus que l’aspect d’aventure développé au cinéma : c’est la profondeur de réflexion, presque philosophique, qui explique la prolixité des adaptations du livre. Dans certaines versions homme-esclave, dans d’autres homme-maître, dans certaines homme-intelligent, dans d’autres homme-faible, la comparaison à la race des singes est source de réflexion sur la nature humaine, ses forces et faiblesses.
Chose que la nouvelle trilogie de la 20th Century Fox arrive à proposer malgré le genre très blockbuster de ses films. Ils proposent du sens et de la réflexion, mais aussi de l’émotion, avec un certain attachement du spectateur pour ces singes qui nous ressemblent, bien plus humains que certains hommes.
Ainsi on remarque, dans l’évolution des films, qu’un ton moralisateur est de plus en plus présent dans les adaptations, où les hommes sont ceux qui tuent, et les singes sont ceux maltraités. Dans La Bataille de la Planète des Singes de 1973, César répète souvent que ce sont les hommes qui entre-tuent, pas les singes (le fameux “Ape shall not kill ape”). En 2011, c’est Rupert Wyatt qui montre que les singes sont plus respectueux et plus justes que les hommes puisque César est un modèle de paix et de raison, et ce, même après être tombé dans les bas fond de la vengeance et embrassé ses traits les plus noirs, comme dans cet dernier opus de la saga.
Plus vrai que nature
Ce qui plaît aussi dans La Planète des Singes, c’est l’univers de science fiction. Le vaisseau spatial qui s’écrase sur une autre planète, mais aussi d’autres règles du jeu. Une guerre inévitable. Des armures, villages, et expressions (des singes) complètement différents de ce à quoi on est habitué : les adaptations cinématographiques de La Planète des Singes plaisent par leur capacité à nous changer les idées, à nous amener ailleurs, un dépaysement visuel pour presque un retour à l’état sauvage, un appel de la nature, et une connexion animal avec des êtres et une espèce qui nous ressemble.
De quoi féliciter les directeurs de la saga et des trois derniers films où les effets visuels sont toujours à la pointe, pour des singes plus vrais que nature. Que ce soit le vaisseau qui atterrit en pleine jungle dans le film de Burton, le village déserté atomique de la saga ou bien les deux derniers films réalisé sans avoir utilisé le moindre vrai singe, les effets spéciaux de ces univers fantastiques sont remarquables.
Les effets spéciaux
Le délire Planète des Singes
Avec ces films sont nés un mythe et une fascination pour les histoires de La Planète des Singes. T-shirt, costumes, forums de discussion, tout est un bon moyen pour discuter des films, les comparer, et maintenir très très vive la flamme de La Planète des Singes. Un véritable phénomène de pop-culture multi-générationnel. Déjà présents aux premiers Comic Con, les fans de La Planète des Singes n’hésitent pas à porter des costumes de singes pour montrer leur dévotion.
Entre César, Ari (jouée par Helena Bonham Carter dans le film de 2001) et Cornelius, les fans s’en donnent à coeur joie. Le dernier film, sorti dans les salles françaises r, La Planètes des Singes restera dans les annales et contentera les fans en salles, tout comme ceux qui se souviennent du premier film inspiré par l’imagination de l’auteur du roman Et ce d’autant plus que le film, un peu plus guerrier, plus nihiliste et noir que le précédent, reprend la réflexion là où elle a été laissée et une fin tout en émotion et à hauteur de tout l’univers la Planète des singes.
Sept choses que tu ne savais pas sur La Planète des Singes
Crédits photos : Fox et droits réservés (Planet Ivy)
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