Doctor Who saison 11 : La fin d’une ère, les débuts d’une Timelady

9

2.0

Retour sur l’épisode spécial de Noël de Doctor Who, qui marque la fin de l’ère Peter Capaldi et celle de son Showrunner Steven Moffat, avec l’introduction de Jodie Wittaker en Docteur-esse.

Ça y est, Peter Capaldi a fait ses adieux après 3 saisons de bons et loyaux services dans l’épisode spécial de Noël d’hier sur la BBC. Un épisode à l’image des trois dernières saisons de Doctor Who, déséquilibré et rempli de fan-service, sans âme, avec la volonté de marquer le changement, mais aussi de célébrer le Docteur de Peter Capaldi.

Chaque régénération est un grand moment dans le reboot de la série britannique. Un moment important, qui marque un nouveau départ et un autre ton pour la série. Un moment important qui se fait à nouveau dans un épisode spécial de Noël, grande tradition de la série britannique depuis les années 60.

Enfin (presque) un peu d’émotion !

Un moment important dans Doctor Who qui se fait une fois de plus en grande pompe et (heureusement) tout en émotion, pour le départ d’un grand acteur, oscarisé qui plus est, qui a pris les commandes du Tardis : Peter Capaldi. Mais avant de juger ce départ – et peut-être reverser quelques larmes pour les plus sensibles – retour sur un épisode de Noël à l’image des récits de Steven Moffat depuis quelques saisons : Twice upon A Time.

Le Cerveau prévient, il n’est pas très ravi une fois de plus par cet épisode de Noël, qui n’a, une fois de plus, de Noël qu’une séquence en pleine tranchée en 1ère Guerre Mondiale. Twice Upon a time est à l’image du ton et de la facilité mis en place et écrite par Steven Moffat depuis quelques années dans Doctor Who : En mettre plein la vue et faire plaisir aux fans –  et surtout se faire plaisir avant tout – au détriment de la narration qu’il souhaite compliquée et mystérieuse, voire incompréhensible. Le tout, au grand dam de l’émotion.

First vs Last

Et c’est une fois de plus le cas ici. A l’annonce du retour de Pearl Mackie, alias Bill, la comparse du Docteur décédée dans le final, le Cerveau avait déjà des doutes sur la qualité de cet épisode de Noël. Des doutes confirmés au fil des séquences qui s’enchaînent après la rencontre du premier Docteur, incarné ici par David Bradley, face à sa dernière incarnation.

La volonté de Moffat était de faire un lien et un parallèle entre l’état de Peter Capaldi, qui souhaite abandonner et ne veut plus se régénérer avec celui du 1er Docteur, lui aussi enclin à refuser la régénération par peur. Deux états assez antithétiques avec l’essence même du Docteur depuis le début de la série : un personnage qui n’abandonne jamais et qui garde toujours espoir, bienveillant et optimiste. Cela dit, pourquoi pas. Moffat a choisi depuis quelques années de faire du Docteur un anti-héros torturé et égotique. Ce parallèle reste ainsi cohérent avec sa logique et mythologie.

Deux Tardis pour le prix d’un

Le voici donc face à son alter-ego à nouveau, comme dans le 50ème anniversaire. Encore un recyclage comme le showrunner en a l’habitude. Une excuse pour jouer de punchlines servant un fan service facile, essayant de jouer de la misogynie du premier docteur à une époque très misogyne, la place des femmes étant très réduite dans les sixties, avec humour et dérision, surtout quand on sait que la prochaine incarnation sera une femme. Un peu d’humour sur un intrigue peu solide, dans deux Tardis pour le prix d’un, histoire de faire plaisir aux fans les plus hardcores et amener un peu de nostalgie chez ceux qui ont connu la première itération télévisée du Docteur.

Deux Docteurs qui ne veulent pas mourir. Le dernier tentant de convaincre le premier d’accepter son sort pour exister, alors que lui-même le refuse. La mort et l’acceptation de la mort. Tels sont les thèmes assez simples de cet épisode qui marque la fin et le renouveau de Doctor Who pour l’une des incarnations de son héros. Chaque personnage est là d’ailleurs pour servir ce thème, tout comme les antagonistes choisis dans cet épisode : de Bill, au soldat incarné par Mark Gatiss (un petit rôle pour l’ami scénariste sur Sherlock de ce bon vieux Steven pour marquer la fin… ami du piston, c’est pour vous). Ainsi que les deux docteurs.

Morts et Souvenirs

Simple (mais pas basique), pour un épisode qui parle de mort avec une seule morale : personne ne meurt, la mémoire perdure, et c’est la mémoire ainsi que les souvenirs qui garantissent la vie…  Un discours assez clair pour les deux départs de la série : celui de son Docteur mais aussi celui de son showrunner. On se souviendra de ce Docteur, pour sûr.

Le tout dans un gloubi boulga de séquences qui s’enchainent sans queue ni-tête et servi par des discours assez simplistes, toujours autour du thème favori de Moffat « le docteur guerrier » et les ravages de la guerre, avant d’aller retrouver une dernière fois les Daleks – monstres fétiches du showrunner – en lien avec le premier épisode de la saison.

Apathie

C’est apathie devant son téléviseur que le spectateur regarde cet épisode de Noël sans âme. Apathie, car ce spécial Noël une fois de plus, à l’image des 3 derniers épisodes spéciaux de Doctor Who, ne propose rien de féerique ou bienveillant ou de l’esprit de Noël pour célébrer la fête internationale. Rien avant une faible séquence dans les tranchées de la première guerre mondiale, sans queue ni tête qui arrive comme un cheveu sur la soupe, sur fond de chants de Noël, voulu comme une trêve entre les deux camps, avant d’enchaîner sur la véritable mort qui importe dans l’épisode.

Régénération puissante

Doctor Who aura eu des moments forts, très forts en émotions, en larmes et en puissance scénaristiques. Des moments cultes qui ont marqué une ère et un Docteur. Pour Capaldi, il aura fallu attendre la fin pour voir enfin un moment culte : sa régénération.

Servi par un texte souvent voulu trop complexe, ou creux, Capaldi n’a eu que très peu de moments de grandeur et d’explosion en termes de jeu d’acteur dans les trois dernières saisons de Doctor Who. On pourrait saluer sa prestation shakespearienne dans Heaven Sent cela dit, même si l’épisode n’a rien à voir avec l’esprit et l’essence de la série. Mais là, Capaldi a enfin son moment. Un moment fort, beau et doux, rempli d’espoir et glorieux, qui rappelle l’essence du héros qu’il incarne dans Doctor Who.

Petite (ou grosse) larme

Un moment auquel l’acteur a collaboré à l’écriture, histoire d’offrir la meilleure fin possible à son Docteur. Un moment qui présage de belles choses pour le prochain Docteur et renoue avec la tradition de la série. Mais surtout un moment dans lequel Capaldi se donne et génère son effet lacrymal pour une émotion exacerbée comme jamais.

Un effet lacrymal à coup sûr amplifié par les mélodies et notes de Murray Gold sur cette séquence, plus traditionnelles et émouvantes que ce qu’il a pu composer ces dernières années. Une mélodie épique pour une fin épique et un discours qui restera dans les annales de Doctor Who. Une véritable note de fin positive pour un épisode majoritairement décevant.

Passage de flambeau réussi

Une fin positive pour une arrivée de la nouvelle incarnation du Docteur, féminine, un peu expéditive et tout en flammes. Si certain verront dans cette régénération un parallèle avec l’arrivée de Matt Smith, avec un Tardis en feu, explosions et problème de prise-en-main, la dernière scène laissera le spectateur sur un cliffhanger frustrant mais efficace pour l’arrivée en fanfare de la 13ème incarnation du Seigneur du Temps.

La Lady du Temps va-t-elle s’en sortir ? Pour le découvrir, il faudra attendre l’automne prochain, en 2018, avec la 11ème saison de Doctor Who, dirigée par Chris Chibnall. «Allons-y » comme dirait l ’autre, oublions ces trois dernières années pénibles, et croisons les doigts pour un renouveau digne d’une grande série de science-fiction comme Doctor Who.

crédit photos : ©BBC

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