Mosaic : la série conceptuelle de Soderbergh moins palpitante qu’imaginé

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Découvrez l’avis du Cerveau pour Mosaic, la nouvelle série de Steven Soderberg, qui débarque dès ce soir sur HBO et en US+24 sur OCS.

Elle est diffusée pour la première fois sur HBO et le sera demain soir sur OCS en France : Mosaic, la dernière création en série de Steven Soderbergh est un puzzle policier sur fond de meurtre et d’intrigue éclatée, un poil sans âme, avec Sharon Stone au casting.

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A l’origine, Mosaic était une expérimentation. Une expérimentation que le public français et international n’aura pas la chance de tester, puisque seuls les Etats-Unis ont eu pu connaître Mosaic comme son créateur l’imaginait : une série décousue, à mi-chemin entre le film et une mini-série dans son format classique. Une œuvre scindée, décortiquée et coupée en multiples séquences et saynètes, à voir ou non, de manière à engager le spectateur dans son intrigue.

Voulu comme une expérience immersive pour le spectateur, inspirée par le digital et les nouvelles technologies, Mosaic dans sa forme originelle, était mise en ligne et diffusée en novembre via un schéma assez peu conventionnel : une application, qui, après avoir découvert le premier chapitre, laissait libre cours au spectateur de choisir le fil de l’intrigue pour percer le mystère de la série : découvrir le meurtrier et le mobile de ce meurtre. Un arborescence débloquant les contenus suivants, les preuves annexes aux séquences et les back-story des personnages, chaque choix est subjectif et différent d’un spectateur à l’autre, pour une expérience inédite et unique.

Une expérience plus qu’une série

Une expérience que le Cerveau a testé après avoir visionné la série, histoire de comprendre le postulat de départ, avant que Mosaic ne soit revue et corrigée par Soderbergh pour une diffusion plus classique. Une expérience qui n’est pas pour déplaire, si on aime les jeux de pistes et les enquêtes.

Un peu comme dans un Cluedo virtuel, l’application et l’expérience imaginée par Soderbergh et ses équipes et somme toute sympathique, et même innovante, quand on réfléchit de manière narrative et comment certaines histoires peuvent être racontées.

Un peu fade en version classique

Mais Mosaic, telle que nous la découvrons en France ne bénéficie pas de la plus-value numérique qui justifie son existence. Ré-imaginée en mini-série, elle apparaît plus comme une intrigue un peu banale – bien que captivante – autour d’un meurtre, avec ses suspects, ses indices et ses ressorts dramatiques linéaires. Parfois lente et contemplative, sans l’implication du spectateur dans les choix narratifs, tout de suite, Mosaic est moins palpitante.

C’est là que le bat blesse. En effet, alors que l’application et l’expérience originelle valorisaient une intrigue pensée pour être malléable et flexible, la rigidité de la narration dans les 6 épisodes que le Cerveau a pu visionner, n’est pas en faveur de Mosaic, qui semble presque être une intrigue de meurtre un peu fade, ou moins engageante que prévue.

Personnages en surface

Les personnages sont unilatéraux et ne servent qu’à nourrir les soupçons ou dérouter le spectateur de la vérité. Surtout dans une intrigue décousue, entres flashforwards et retours en arrière. Alors que dans une série, le développement des personnages, et leur lien avec le spectateur sont primordiaux pour que les intrigues épisodiques fascinent et engagent dans l’histoire, dans Mosaic, tout ce qui importe est de jouer avec les ficelles classiques d’une enquête. Ce qui est bien dommage, car face à des mastodontes sériels du genre, de True Detective à American Crime, Mosaic peine à sortir du lot.

Sharon Stone au sommet

Par contre là où Mosaic a du mérite est dans la présence de la charismatique et légendaire Sharon Stone. L’actrice, que l’on a que très rarement vu sur les écrans depuis quelques années, déesse du cinéma des années 80 sanctifiée par son rôle dans le cultissime Basic Instinct, incarne ici le rôle d’une artiste et romancière pour enfants, torturée et solitaire, mais aussi en proie à des pulsions de cougar. Une femme dépressive en tout point, qui cherche à renouer avec sa jeunesse tout en combattant sa solitude.

L’actrice est tout bonnement LA raison de regarder cette œuvre en 6 épisodes de Steven Soderbergh, même si suivant les deux premiers elle disparaît au profit des interactions de multiples suspects. Elle rayonne par son aura et son art du haut de sa soixantaine d’année, et prouve qu’elle est toujours aussi charismatique avec un jeu maîtrisé, mais aussi émouvant, notamment lors de certaines scènes solitaires. Elle arrive à créer ce lien primordial entre la série et le spectateur, lien qui va permettre de garder ce dernier jusqu’à la fin, dans l’intérêt de découvrir son meurtrier.  Il est clair que Soderbergh a cherché à sublimer la légende Stone, au point que son fantôme plane sur le reste de l’intrigue lorsqu’elle en est absente.

Production 5 étoiles

Mosaic propose aussi une réalisation de haute voltige pour une mini-série originellement conçue pour être vue sur smartphones et tablettes. Retravaillée et montée pour suivre le schéma d’une production classique en télévision, l’esthétique Soderbergh, la photographie, les filtres colorés, plans larges et habituels du cinéaste emportent le spectateur au cœur de ces territoires isolés et enneigés de l’Utah. Des paysages qui parfois peuvent laisser penser à ceux d’une certaineTwin Peaks (la comparaison s’arrêtera là, le Cerveau vous rassure).

A l’annonce de l’arrivée de Mosaic sur les écrans, le Cerveau était extatique à l’idée du retour de Soderbergh à la télévision, surtout après avoir réalisé The Knick. Malheureusement, la série peine à rivaliser avec ce qu’on a de mieux en termes de thrillers policiers en télévision, à l’heure du Peak TV. Cependant, elle reste une série de cachet, qui, quand on a compris ses intentions et origines, mérite d’être regardée, ne serait-ce que pour admirer une étoile du cinéma que l’on n’avait plus vu depuis longtemps dans un rôle presque taillé pour elle.

Crédit photos : ©HBO

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