Le Cerveau a vu Ça, et Ça ne casse pas des briques même si l’effroi est au rendez-vous. La critique du film, mercredi en salles.

La nuit est tombée, c’est la fin des vacances, une des dernières soirées avant de retourner à l’école. Un seul programme valable : Netflix and THRILLS. Ce soir, au menu, du gore, du glauque, du salissant. Au loin retenti une sonnerie de téléphone. Surpris, vous décrochez. Une voix grave, rauque et caverneuse se fait entendre « Bonsoir Sidney, tu aimes les films d’horreur ? ».

Mise en condition

Ca-critique-image-2-brain-damagedEt il s’avère que oui. Oui mais OUI ! Le Cerveau aime les films d’horreur. Et c’est exactement pour Ça (préparez-vous, la blague va être longue) qu’on n’a pas aimé Ça (et c’est déjà agaçant). Parce que nous, neurones du Cerveau, on aime sincèrement, nécessairement, viscéralement les films d’horreurs. Et que Ça (encore une pour la route), Ça (il y en a un peu plus, je vous le mets quand même) là, c’est une mauvaise copie désincarnée de tout ce qui repompe l’esprit année 80, le tout dans une tentative maladroite de « truc-qui-fait-peur-avec-des-jumps-scare ». Du coup, c’est bruyant.

Décalcomanie

Le problème, ce n’est pas que le film ne ressemble à rien. Le souci de cette nouvelle adaptation, c’est qu’elle ressemble à tout le reste. A toute la soupe synthé-fluo-amblin dont on nous abreuve depuis des années. Et c’est une soupe qui n’est pas désagréable en soit. Mais il vient un moment où le spectateur affamé veut un BON GROS BURGER.

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Donc, le film raconte comment une bande de gamins pas populaires font du vélo dans leur petite ville des Etats-Unis, et puis des enfants disparaissent et les adultes ne font rien. Que fait la police ? Alors, les enfants qui font du vélo (la bande incluant judicieusement une fille / un gros / un noir) décident d’aller chercher les disparus dans les égouts et aussi, ils se font régulièrement martyriser par les brutes de l’école, de façon pas enfantine du tout. De type scarification au couteau. A nouveau, que fait la police ?

Stranger It

Ca-critique-image-4-brain-damagedEt pour que l’illusion soit parfaite, il y a même Finn Wolfhard de Stranger Things dans un des rôles principaux (histoire de bien surfer sur la hype autour de la série originale de netflix).

Pour le reste, la mimique est parfaite, le mimétisme troublant et l’ennui du spectateur palpable. La spéléologie dans la nostalgie et le manque d’inspiration est à son maximum et le fan de film d’horreur peut écrire le scénario au fur et à mesure.

Privilège de l’expérience

Parce que, c’est en ça (Ça ne s’arrête jamais) que réside le réel problème du film. Toute personne ayant vu plus de 10 slashers / home invasion / train fantôme dans sa vie sera en mesure de prédire tout le déroulement de chaque scène, de chaque rebondissement environ 10 minutes avant qu’il ne se produise. Le film se contente de suivre les balises dressées par ses prédécesseurs sans chercher à s’en affranchir. Sauf qu’on est en 2017, et que TOUT LE MONDE a vu plus de 10 films d’horreur dans sa vie.

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Entre les plateformes de streaming, la TNT, le téléchargement illégal, les festivals qui fleurissent un peu partout et les quelques sorties salles, n’importe qui a vu trop de choses réussies, pour apprécier Ça (never stop, never stoppingla blague filée).

No Scream

Et c’est pour Ça (ok, j’en ai marre…) que le valeureux Cerveau a ouvert sa critique en citant Scream du regretté Wes Craven. Parce que ce film, en 1996, soit il y a 22 ans ( !!!) a mis les pieds dans le plat. Scream a dressé un constat définitif et sans retour possible sur le fait que le public voit les ficelles, qu’il connaît les codes et a assimilé les mécanismes.

Ca-critique-image-6 brain-damagedDu coup, maintenant, il faut lui donner autre chose. Et c’est cet autre chose que Ça (faites que Ça s’arrête) lui refuse. Ça (je vais pleurer) se contente de resservir ENCORE et ENCORE pendant 2h15 très très longues la même recette usée et délavée. Alors certes, tout n’est pas complétement à jeter puisque le film bénéficie d’une direction artistique admirable, d’un casting de mômes aussi mignons que mal élevés (gros gros ratio de vannes sur « la chatte à ta mère »).

Il faut également bien avouer que plusieurs effets gores sont admirablement réussis et que la jeune actrice Sophia Lillis (dont c’est le premier rôle d’envergure) bouffe l’écran. Pour le reste, on se demande encore comment Ça peut ravager le Box Office US à ce point.

Ce n’est qu’un au-revoir

Enfin, sachant que ce cher Stephen King est généralement peu satisfait des adaptations de ces œuvres, il y a fort à parier qu’il devrait un peu bougonner pour cette nouvelle tentative.

Pour finir, accrochez vous : une suite est d’ores et déjà annoncée sous le titre lumineux et éclairant et d’autres mots du champs lexical du 220 volts « IT : Chapter 2 ».  La magie de la franchise, usée jusqu’à l’os… #Ouch

Ça : Bande Annonce

Crédit photos : ©Warner Bros