9 ans après le premier film, Sin City 2 : J’ai tué pour elle vient dégouliner son univers de polar noir et glauque sur les grands écrans. Enfin, en théorie.

Parmi les amateurs de comic books, certains noms sont devenus des légendes. Outre les noms désormais iconiques des grands maisons d’éditions comme Stan Lee, Steve Ditko, Jack Kirby ou Jim Lee, il y a aussi ceux qu’on pourrait qualifier d’outsiders, tant par leur parcours que par leur inconstance éditoriale. Frank Miller fait partie de ceux-là. Spécialisé dans des scénarii sombres appuyés par un dessin très carré, ce dernier s’est frayé un chemin à travers le pays des comics à grands coups d’hémoglobine et de femmes plantureuses. Ca tombe plutôt bien puisque le réalisateur qui s’est entiché de l’une de ses création à succès, Sin City, est un expert en la matière lui aussi. Robert Rodriguez remet le couvert avec ce deuxième volet, Sin City 2 : J’ai tué pour elle. Le comic book était là, le coup d’essai avec le premier film avait montré que l’adapter était possible. Et pourtant…

Pré-suite

Sin city j'ai tué pour elle illus1Comme dans le film précédent et le comics, la formule narrative ne change pas. Ici, c’est Sin City le personnage principal et le spectateur suit des historiettes mettant en scènes certains de ses habitants. Nous en retrouvons certains comme Marv, Nancy, Dwight ou Hartigan et en découvrons de nouveaux comme Johnny ou Ava Lord. Difficile cependant de situer temporellement l’action puisque certains événements qui se sont passés dans Sin City semblent avoir eu lieu dans certains épisodes tandis que dans d’autres non. Goldie est toujours en vie mais Roark Junior non. Hartigan lui aussi a passé l’arme à gauche mais Dwight n’a plus le même visage. Confusion temporelle, mais qui fait partie du jeu et de l’intention de base du comics qui est de brouiller les pistes. Sin City est une zone franche de morale et de logique. Mais faut pas pousser non plus.

Grand guignol

Le reproche le plus sérieux que l’on puisse faire à Sin City 2 : J’ai tué pour elle est sûrement le manque de fidélité à l’ambiance originale du comics. Sin City est sale, déprimante, violente, sans espoir. Un néant existentialisme adulte. Pourtant, pendant plus d’une heure et demi, on a l’impression d’écouter un émo faire sa crise d’adolescence sous nos yeux. Que ce soit par un jeu d’acteur beaucoup trop bancal (Mickey Rourke et Josh Brolin en tête), une écriture digne d’une chanson d’Evanescence.Sin city j'ai tué pour elle illus2

Une ambiance exacerbée par les voix off excessivement graves et soporifiques qui balancent des proverbes de gâteaux chinois pendant que le sang gicle à l’écran. La réalisation ridicule executée sur fond vert qui nous rappelle les trips les plus sales de Ralph Bakshi n’aide pas non plus le cas de Sin City 2 : J’ai tué pour elle. Ambiance mal dosée qui oscille entre le grand spectacle sanglant et le faussement drôle grand-guignolesque. Quand il s’agit de raconter la vie d’une ville rongée par le crime et le nihilisme, difficile de détendre l’atmosphère.

Iconographie

sin city eva green droit crjitiqueCependant, et par opposition aux défauts cités plus hauts, certaines scènes viennent tirer leurs épingles du jeu. Il faut dire que le défi le plus complexe quand il s’agit d’adapter un comics de Miller à l’écran est cette traduction du style particulier du dessinateur. Le découpage des cases, les gueules terribles des personnages, la mise en scène… Et heureusement que parfois Rodriguez s’y conforme, permettant ainsi à certaines scènes de devenir iconique.

Les moments où Eva Green apparaît à l’écran sont pour la plupart magnifiquement réussis, au point qu’on croirait lire le comics. Autre point positif venant sauver quelques meubles : Gordon-Levitt. Son jeu colle parfaitement à son personnage, arrivant à rendre tendue une scène de poker faussement tarantinesque réalisée à la truelle. Clairement, la seule histoire que le spectateur voudra suivre est celle de Johnny tant Gordon-Levitt occulte les autres acteurs avec son jeu.Sin city j'ai tué pour elle illus3

Résultat en demi-teinte pour Sin City : J’ai tué pour elle. Maladroitement moins sombre que le premier, il en perd toute sa saveur et nous laisse avec quelques scènes plaisantes comme os à ronger. Rodriguez a trouvé sa formule de réalisateur avec Machete et elle fonctionne dans ce cadre. Mais Sin City n’est pas Machete donc forcément, ça créé un décalage qui vient briser la cohérence de l’univers établi. Heureusement, il reste encore le comics pour profiter pleinement du génie de Miller.

Sin City : J’ai tué pour elle – Bande-annonce

Crédits : ©Metropolitan Films