Locke & Key : Fantasy familiale divertissante mais lissée (bilan)

0

3.0

Vendredi 7 Février, Netflix a mis en ligne son adaptation de Locke & Key, roman graphique de fantasy de Joe Hill. La critique de la saison 1.

Locke & Key est l’une des sorties phare de Netflix en ce début d’année 2020. Une adaptation de comics célèbre qui a mis du temps à être transposée sur un écran qui ressemble bien évidemment à l’intrigue originelle, en moins trash et plus douce que les comics dont elle est adaptée.

Le Manoir aux clés

Après le meurtre de leur père dans d’étranges circonstances, les trois enfants Locke et leur mère emménagent à Key House, une maison de famille où ils ne tardent pas à découvrir des clés magiques qui pourraient bien être liées à la mort de leur père. Tandis qu’ils s’intéressent aux pouvoirs uniques de chaque clé, une mystérieuse femme s’éveille, prête à tout pour les récupérer.

A la tête de Locke & Key, le célèbre Carlton Cuse (Lost, les disparus; Bates Motel) et Meredith Averill (The Haunting of Hill House). Il aura fallu près d’une décennie pour voir cette adaptation de Locke & Key sur un écran. Des années pour que Netflix propose enfin une intrigue en série – après moultes projets de films avortés – autour de cette histoire, qui va devenir essentiellement une série sur l’apprentissage de l’amour, le deuil et les liens inaltérables de la famille.

Série familiale

Pilotée par Joe Hill, l’auteur des romans graphiques, Locke & Key était une adaptation très attendue et cultes pour beaucoup pour son ton cru, son intrigue immersive, sa violence mais aussi son imaginaire.

Lissé pour le géant du streaming, Locke & Key est devenu essentiellement est une série familiale, un peu dans la veine de Perdus dans l’espace ( la SF en moins). Plus douce et plus gentillette que ses comics, elle est une série à mi-chemin entre le drama teenager et le thriller pour ado. Une série en famille pour la famille engageante et divertissante, qui ravira certains et en décevra surement d’autres plus attachés à la dureté des comics originels.

Chasse aux clés

Car oui, la série est loin du potentiel offert par l’imaginaire de Joe Hill. Au fil de cette première saison, Locke & Key ressemble plus à une chasse aux clés qui offrent des pouvoirs magiques à ceux qui les possèdent, tout en évitant une ennemie reconnaissable.

Une chasse nourrie de découverte avec des yeux d’enfants, de mondes fantômes, de passé inconnus, de ville américaine plus modeste loin des métropoles, et surtout, du soi.

Références diverses

Bien qu’elle soit adaptée d’un matériel original, la série n’en est pas moins référencée. La première qui vient à l’esprit de tous est l’influence des mondes de Narnia (et pas qu’un peu) grâce à ces clés et portes qui ouvrent sur d’autres mondes et possibilités.

On pense aussi parfois à Harry Potter, voire à Stranger Things surtout dans les séquences autour des ados, cette bande de potes qui se réunit au fil des enjeux de ce qu’ils découvrent. On aime le petit groupe d’ado cinéphiles fan de série B, comme une mise en abîme de références, qui ne manque pas de faire allusion aux films qui ont sûrement inspiré Joe Hill dans son écriture pour Locke & Key.

Thème lourds

Si Locke & Key est lissée pour mieux séduire une tranche d’âge plus jeune, elle ne perd pas ses thématiques principale et parfois dures : deuil, déconnexion familiale, alcoolisme, éloignements, secrets du passé, reconstruction, quête identitaire et même choc post-traumatique…

Des thèmes durs, amenés avec innocence, parfois naïveté, qui nourrisse une intrigue qui aurait pu être sans saveur si l’on avait choisi de gommer ces choses-là, présentes dans l’intrigue originelle des comics et essentielles à cette dernière.

Des sujets qui peuvent être lourds et inattendus dans une série familiale comme celle-ci. Malheureusement ces thèmes resteront en surface, hormis celui du deuil d’un parent exploré un peu plus profondément, puisqu’il est au centre et essentiel à l’intrigue de la série.

Production honorable

Servie dans une réalisation léchée, avec des décors magnifiques – notamment le Manoir – on pourrait reprocher à Locke & Key de manquer un poil d’identité visuelle bien que sa production soit honorable, au-delà de la demeure et ses clés. Les effets spéciaux sont corrects ( bien que parfois trop visibles et pas assez subtils notamment pour le monde des fantômes) et son intrigue correctement maitrisée.

La narration est bien le grand atout de Locke & Key. Même si l’intrigue est partiellement revisitée, la série sait jongler entre le monde enfantin et imaginaire du petit Body, avant de passer au drama teens de Kinsey et Tyler, et au mystère fantastique avec la créature démoniaque qui sert d’antagoniste cette saison.

Antagoniste caricaturale

Quant à l’antagoniste, Dodge ou Lucas – c’est comme on veut – elle est si ce n’est intéressante, un poil caricaturale. On aurait aimé qu’on explique un peu plus ses motivations ou ses liens avec le passé de Rendell au-delà des faits à découvrir dans les derniers épisodes de la saison. Si l’on sait que l’origine de cette dernière – qualifiée de démon dans la série sans qu’on sache réellement d’où elle vient – sera exploré, le twist de fin indique bien son retour et peut être, on l’espère, un peu plus de rondeur et de nuances dans un personnage très manichéen.

En somme, Locke & Key est une série divertissante, peut être un peu décevante quand on connait le potentiel des comics qui l’ont inspiré. Elle reste une série de bonne facture pour son genre et ses thèmes.

Il faudra attendre la suite pour savoir si elle saura aller au-delà de la série familiale pour offrir un véritable « thrill » à ses spectateurs, puisque Netflix a déjà commandé une saison 2 de cette dernière.

Crédit photos : ©Netflix

 

Partager