Grande première cette année au festival de Deauville ! Le film d’horreur We Are What We Are de Tim Mickle était en compétition pour le film polémique de l’événement !

Un film d’horreur dans un festival dédié aux films indépendants ? Pourquoi pas ! Et non des moindres ! We Are What We est un OVNI, un mélange savoureux entre l’horreur et le cinéma d’art et d’essai. Qu’on aime la viande rouge ou le steak de soja, personne ne reste indifférent devant ce film. Le dîner est servi, à table !

we-are-what-we-are-illus-2Family Feud

Les Parker sont une petite famille comme il en existe des millions aux Etats-Unis. Le père, Franck, répare des horloges et tient un camping pas loin de la maison familiale tandis que la mère reste au foyer pour s’occuper de leurs filles, Iris et Rose, et de leur fils, Rory. Mais la famille Parker semble cacher un lourd secret. Les parents ont les mains qui tremblent un peu trop souvent et si on passe près de chez eux, on peut distinguer de légers cris venant du sous-sol. Et le mystère s’épaissit lorsque le docteur Barrow trouve un ossement étrange sur le bord de la rivière…

Thank you God for this meal

We Are What We est un ragoût raffiné qui se laisse savourer. Prenez les ingrédients usuels pour un bon slasher : un petit village avec une famille étrange, des mystères, des disparitions, des gens un peu trop curieux… Tous les codes sont là. Laissez cuire à feu doux. Le scénario semble basique et le spectateur habitué à ce genre de cinéma verra tout de suite où le réalisateur veut en venir. L’action est lente, dénuée de toute originalité.

Les personnages pratiquent des rituels païens qui n’ont aucun sens et les réponses mettent du temps à arriver. Quand bien même, elles ne nous apportent rien de plus que ce qu’on pouvait supposer en amont. On s’installe confortablement en laissant que le sujet cuire lentement, en restant dans les rails d’un genre bien huilé. On attend patiemment une fin plus que prévisible. De toute façon, on sait quel plat on prépare. Et c’est là que le génie de Mickle s’expose au grand jour.

Fingers lickin’ good !

we-are-what-we-are-illus-1

Au moment où on s’y attend le moins, alors que le film semble se terminer, que le plat semble prêt à retirer du feu, la vérité éclate. Ça bout à grand feu, la cocotte minute siffle à toute vapeur ! Ces filles qui rechignaient à suivre les instructions de leur père au début avant de le suivre aveuglément, se rebiffent. Et là, c’est l’extase. Profusion de violence, bestialité primaire, les instincts reprennent le dessus. C’est dans une apothéose aux allures de Cène que le messie imposteur Franck quitte la scène. Un passage de flambeau écarlate qui révèle enfin le message du film, resté mijotant pendant les trois quarts de la séance.

La démence entraînée par la religion, l’état de nature qu’on ne peut nier (à moins que ça ne soit l’éducation, le dernier plan laissant le doute planer), les relations humaines en générale. Toute la cuisine des bonnes mœurs et de la moralité est éclaboussée. De la viande partout sur les murs. Tim Mickle refait la déco de la pièce à grands coups d’épices et de Viandox, de sorte à ce que même le spectateur avisé se sente mal à l’aise. De la grande cuisine alternative, autant dans l’assiette qu’autour.

We Are What We est un buffet gastronomique. Il y en a pour tous les goûts mais surtout pour les gros mangeurs bons vivants. Un plat à ne pas mettre dans tous les livres de recettes de grand-mère. Mais si vous avez des amis amateurs de cuisine expérimentale à dîner un soir, n’hésitez pas à leur servir une bonne plâtrée de We Are What We. Ils en redemanderont à coup sûr. Sinon changez d’amis.

We are What we are – Bande-annonce VO


 Crédits : ©Wild Side Studios