Bandes originales : la sélection du mois

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Le Cerveau vous propose d’écouter une sélection de six bandes originales de films pour ce mois d’avril à ne surtout pas manquer : Cloud Atlas, Oblivion, The Bible, Stoker, Jack le chasseur de géants et La chute de la Maison Blanche.

Cloud Atlas

Composée par Johnny Klimek, Reinhold Heil et Tom Tykwer (co-réalisateur et co-compositeur), la bande originale de Cloud Atlas est une oeuvre orchestrale à part. Une bande originale dont la particularité a été sa composition avant le tournage du film pour un score dont le thème principal inspiré par l’imagination de David Mitchell, le Cloud Atlas Sextet, porte le film de bout en bout. Une symphonie issue de l’imagination d’un auteur qui prend vie sous la baguette de ce trio de compositeur  pour l’un des plus beaux morceaux de cette bande. Magnifiquement interprété au piano, rempli de mille émotions allant de l’amour, de la nostalgie à l’espoir, il représente avec mesure la puissance karmique du film.

Dans Cloud Atlas Finale  on reprend ce thème avec une force et une résonance sans pareille, à l’image de ces âmes qui voyagent à travers les âges tout en répétant les mêmes actes, bien ou mal. Une composition qui va crescendo, générant frisson et effet lacrymal dès sa première mesure avec une montée en puissance de chœurs et autres cordes soulignant ces destins qui s’entremêlent dans une certaine unité, à l’image de ces harmonies diverses et variées.

Ces chœurs et cette architecture musicale se retrouvent dans plusieurs titres de l’album notamment Death Is Only A Door ou dans la puissance de All boundaries are conventions dans un alliage d’instruments à vents et cordes qui se prend aux choeurs jusqu’à l’explosion sensorielle. La touche de piano dans Sonmi’s Discovery est particulièrement émouvante, associée à des violons, même si c’est loin d’être la meilleure piste de l’album. Cavendish in Distress est plus touchant, au milieu d’autres titre plus rythmés ou typés electro. Malgré quelques morceaux plutôt classiques comme Sloosha’s Hollow, Cloud Atlas est une magnifique bande originale  à écouter absolument !

Cloud Atlas End Title – Cloud Atlas

Oblivion [Deluxe Edition]

Après Daft Punk pour Tron, le réalisateur Joseph Konsinski a choisi  le groupe M83 pour habiller musicalement son film Oblivion. Un choix judicieux et réussi pour un univers sonore fantastique électro teinté de mystère dans la veine de Time Out de Craig Armstrong.

Un score qui débute avec un titre assez simple mais, qui, au fur et à mesure des pistes, prend une octave d’intensité supplémentaire. Le premier titre marquant de cette bande originale est StarWaves. Un titre qui monte crescendo aux sonorités bulleuses, électriques et froides auxquelles petit à petit vont s’ajouter des cordes électriques jusqu’à l’explosion de batteries et autres sonorités électroniques. Les amateurs de titres épiques ne seront pas en vain, M83 sait allier puissance orchestrale et titres électroniques à la perfection comme dans le titre Crater Lake, ou d’autres plus rythmés comme Unindentified objects, ou Canyon Battle aux sonorités et architectures classiques de titres orchestraux pour films épiques, agrémentés d’une teinte électro pour rappeler l’univers science fiction d’Oblivion.

M83 varie les registres et les styles dans son œuvre pour  une bande originale moderne et assurément éclectique : Temple of Our Gods souligne, avec sa profondeur, une tension croissante à laquelle participe l’orgue pour un ton résolument mystique. Suivi par un titre puissant, Fearful Odds, épique et mystérieux, suivi de Undeemed by Time, unbound by death, tout aussi puissant et spirituel servi par son envolée pianistique, jusqu’au titre final, chanté par Susan Sundfor, intitulé simplement Oblivion. M83 une fois de plus est à la hauteur des attentes des spectateurs et amateurs de musiques de films avec cette bande originale de grande qualité pour un des meilleurs films de science fiction cette année.

Oblivion – 15 Fearful Odds

The Bible

Pour sa série événement The Bible, le compositeur appelé par la chaîne History est l’un des plus demandés : Hans Zimmer. L’homme derrière la musique de Gladiator a d’ailleurs retrouvé Lisa Gerrard que l’on entendra dans près de 6 pistes sur 16. Une voix légendaire que l’on retrouve dans le morceau inaugural, pièce maîtresse de l’oeuvre par son titre : Faith, une épopée musicale de plus de 12 minutes. 

Un titre d’ouverture qui donne la ton du reste de la bande : rythmes tribaux se mêlant au talent d’orchestration classique propre au compositeur, qui n’est pas seul à signer les partitions de la bande puisque la bande originale est une collaboration de ce dernier avec Lorne Balfe (Pirates des Caraïbes : Le Secret du coffre maudit, Megamind, Bee Movie, Assassin’s Creed III). Un titre aux variations cycliques, porté par des cordes et la voix de Lisa Gerrard, toujours aussi pure que dans Gladiator, pour un élan mystique sonore des plus réussi. Un élan spirituel qu’elle transpose aussi à la perfection avec sa voix  dans le titre qui illustre la nativité du Christ : Nativity

Pentecost  lui propose un titre ensoleillé et très tribal. Un titre aux sonorités orientales très épique qui rappelle fortement une musique entre la bande originale de La Momie (Jerry Goldsmith) ou celle de Stargate par David Arnold. Une mélodie plus proche des compositions de Maurice Jarre (Le Message, Laurence d’Arabie) que de Gladiator , loin des influences habituelles de Zimmer. Daniel Prays, avec ses instruments à corde, souligne bien la solitude du Prophète à la recherche du contact avec le divin, avant une magnifique conclusion de chœurs. The Bible, une fois de plus est une belle illustration du talent de ce grand nom des musiques de films : Hans Zimmer.

The Bible – Faith

Jack le chasseur de géants

Pour son film Jack le chasseur de géants, Bryan Singer a fait appel à l’un de ses compositeurs fétiches : John Ottman. Les deux hommes ont déjà  travaillé ensemble sur des films comme Ennemi Public, X-Men 2 ou encore Superman Returns. Jack et Isabelle, est le thème principal du film. Une bande originale très épique pour un film qui ne l’est que par rares moments, parfois en dissonance avec les images mais qui se salue tant par son exécution que son orchestration.

Héroïque comme il faut, il est relativement classique mais efficace dans son orchestration et sa mise en place. Parmi les morceaux plus doux on trouve How Do Yo Do, aéré par des cordes mélodieuses. Mais le morceau le plus fort, agrémenté de chœurs est Roderick’s Demise. Mélange d’émotion, de religiosité, rencontre entre le thème principal du film et une ambiance plus sombre, sa palette de genres en fait d’ailleurs un parfait compagnon pour le suivant, Kitchen’s Nightmare. Le dernier titre, The New King, conclut pour finir en beauté un album très efficace.

Jack & Isabelle – Jack le chasseur de géants

Stoker

Clint Mansell, à qui l’on doit la musique mythique de Requiem for a Dream et plus récemment Black Swan, que les joueurs de jeu vidéo connaissent aussi pour Mass Effect 3, a composé la musique de Stoker, premier film en langue anglaise de Park Chan-wook. Une bande originale éclectique auxquels se mêlent des titres d’artistes variés pour former un univers uniforme et mystérieux.

Le premier titre de Mansell dans l’album, Happy Birthday, souligne bien l’ambiguité du film, entre la peur et l’excitation, avec des cordes et un piano efficacement utilisés. Uncle Charlie est encore beaucoup plus inquiétant. Entre tous les titres, on apprécie quelques pauses avec Summer Wine de Nancy Sinatra et Lee Hazlewood et Stride la Vampa, de Verdi, chanté par Viorica Cortez. Des parenthèses qui permettent de souffler au milieu de ce score très angoissant. Car si la bande originale est réussie, elle est lourde et pesante comme le film devrait l’être par son sujet. Un exercice qui rappelle fortement le talent de Clint Mansell, habitué à transcrire l’angoisse et la douleur à travers ses compositions.

Stoker – Uncle Charlie

La chute de la Maison Blanche

Trevor Morris (Les Tudor, Les Borgia, Les immortels) est à la baguette pour la musique de La chute de la Maison Blanche. Si le film est un simili-Die Hard efficace malgré son manque d’originalité, la bande originale suit le même mécanisme : un score efficace pour son genre mais loin de transcender son style.

Une  bande originale qui propose des mélodies variées à l’image du film, des notes de douceur, de mélancolie au milieu d’autres bourrées d’action et extrêmement rythmées. On pense bien évidemment à White House : Air Attack et White House : Ground Attack. Il ne faut pas s’attendre à du menuet avec de tels titres : mêlant notamment instruments à percussion et vent, leur rythme, leur force, en font de purs moments d’action. On regrette l’absence de variation dans l’architecture musicale de la plupart de ces titres qui peinent à se distinguer les uns des autres.

Seul Olympus Has Fallen propose une mélodie beaucoup plus solennelle, comme pour indiquer toute l’émotion que peut ressentir un pays aussi patriotique que les Etats-Unis au moment de la prise de son siège présidentiel. Banning Steps Into Action est lui aussi très classique pour le genre jusqu’aux crédits de fin, Day Break / We Will Rise, rappels stéréotypés du patriotisme US exacerbé. Néanmoins, Trevor Morris se défend assez dans cette bande originale, que les patriotes vont assurément aimer.

Day Break / We Will Rise – Olympus Has Fallen

Crédits photo ©Droits réservés

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