Orange is The New Black saison 7 : Fin crève-coeur et satisfaisante pour une série pionnière

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Critique de la dernière saison d’Orange is The New Black qui ne vous laissera pas sans verser de larmes. Spoilers (mais pas trop)

Avec la fin de la série Orange is The New Black, c’est une page qui se tourne sur Netflix. La série de Jenji Kohan, basée sur le livre de Piper Kerman, fut la seconde série originale de Netflix – après House of Cards – à avoir été lancée en 2013 et elle se termine ce week-end avec force et émotion.

A l’époque, c’était un risque de la part de Netflix qui entrait en territoire inconnu et 6 ans après, avec 7 saisons au compteur, Orange is The New Black prouve sa force et retrouve un peu de sa vigueur, même si la saison est inégale par moment. Cependant, cette dernière saison revient aux fondamentaux de la série, à ce qu’elle était au départ : une série drôle et touchante à propos de personnages qu’on aime ou qu’on déteste, mais qui ne laisse jamais indifférents.

Orange is The New Black est une série sur le sort de femmes en prison, des femmes parfois déshumanisées, qui certes sont là pour une raison, mais qui n’en sont pas moins des êtres humains. Cette saison ultime vous fera passer par toutes les émotions. On pleure, on rit, on s’énerve, on est choqué devant les événements que vivent les personnages. Cette dernière saison rappelle pourquoi on a aimé ces personnages et malgré les tragédies qui ont jonché la série, elle laisse une lueur d’espoir derrière elle.

Piper, cheval de Troie

Orange is The New Black a commencé comme une dramédie qui faisait découvrir la prison à travers les yeux d’une jeune femme blanche de bonne famille, bien sous tout rapport, qui s’est laissée embarquer par son ex dans du blanchiment d’argent. Mais Piper n’était qu’un cheval de Troie dans ce monde, elle a servi à entrer dans un univers avec des femmes de tous horizons, de toutes les origines, de couleurs différentes, des femmes de sexualités différentes, des femmes jeunes ou âgées, des femmes aux physiques différents, des femmes avec des problèmes mentaux,…bref des femmes en tout genres et non des archétypes ou des stéréotypes. La série a un casting qui ne ressemble à aucun autre à la télévision. Sa diversité et son inclusion font sa force.

Le but de la créatrice Jenji Kohan était vraiment de montrer les vies de femmes qui sont rarement considérés et souvent ignorées à la télévision et au cinéma. On prendra pour exemple Laverne Cox, une femme transgenre noire qui a cassé des barrières et ouvert les yeux aux gens. Sophia Burset n’était pas un cliché, c’était une personne à part entière. Orange is The New Black a été une série qui a mis en avant des femmes trop peu représentées dans la pop-culture. La série a ouvert des portes et aujourd’hui, on peut voir d’autres séries comme Pose qui rassemble un casting à majorité trans.

Des actrices formidables

La série a dévoilé des talents comme Samira Wiley (aujourd’hui dans The Handmaid’s Tale), Danielle Brooks (Taystee), Dascha Polanco (Daya), Uzo Aduba (Suzanne) et Taryn Manning (Pennsatucky) ou encore Selenis Leyva (Gloria). Elles sont toutes exceptionnelles et livrent leurs meilleures performances dans cette dernière saison.

Des personnages comme Blanca (Laura Gómez), Fig (Alysia Reiner), Maritza (Diane Guerrero) ou encore Tamika (Susan Heyward) offrent toutes des moments d’émotion qu’on n’imaginait pas. Et bien évidemment Red (Kate Mulgrew) et Lorna (Yael Stone) vous briseront le coeur avec ce qu’elles traversent cette saison mais Nicky (Natasha Lyonne), qui est devenue une femme solide, est là pour ses amies qui sont devenues sa famille.

La prison n’est pas romantique

Les deux saisons précédentes – surtout la 5 – ont été un peu décevantes, mais cette dernière rattrape les erreurs et revient au coeur de la série. La saison 5 sur l’émeute après la mort de Poussey, avait un concept caduque et a fini par faire du mal à la série. Cependant cette émeute a été un point déterminant dans la vie des personnages. Elles se sont retrouvées en quartier de haute sécurité et le ton a légèrement changé, offrant une série un peu plus sombre et rendant la vie encore plus dure aux personnages. Certes, ce n’est pas aussi violent que la série australienne Wentworth, mais Orange is The New Black reste le reflet d’une certaine réalité.

C’est clairement de la fiction mais c’est basé sur les vies de personnes qui traversent ce genre de situations. “La prison n’est pas aussi romantique que ce que montre les films des années 70” dit Nicky à Alex à un moment dans la série, et elle a raison. Évidemment, il y a des moments d’amour et de joie, mais la réalité remonte vite à la surface. Ce n’est pas rose et la série ne l’est pas non plus. Cette scène entre Nicky et Alex est à double sens parce qu’elles se disent au revoir mais elles disent aussi au revoir au public.

Le reflet d’un système injuste

Au fil des années, Orange is The New Black a ouvert le débat sur la prison aux Etats-Unis, elle s’est inspirée de la réalité et a tenté, à son niveau, de montré les failles d’un système judiciaire à deux vitesses, injuste et raciste. Un système violent à l’encontre de ses prisonnières, qui les laisse mourir sous les coups des gardiens. La mort de Poussey à la fin de la saison 4 a soulevé les masses, elle a rendu des fans en colère et c’est compréhensif, c’était injuste, mais la vie est injuste.

Quand on regarde les choses dans son ensemble, le but de la série était de montrer que les violences policières pouvaient toucher n’importe qui, même cette ange qu’était Poussey et qui ne méritait pas ça. Mais sa mort n’est jamais oubliée, Taystee n’oublie pas son amie, la série n’oublie pas Poussey. Elle reste dans nos coeurs et la série ne part pas sans faire un geste avec un fonds monétaire au nom de Poussey Washington pour les vraies détenues en prison et les organisations à but non lucratif. En effet, ils ont mis en place un moyen de les aider à se réinsérer dans la société et incitent les fans à contribuer.

C’est un sujet qui a une grande place cette saison puisqu’on peut voir certains de personnages à l’extérieur qui tentent de se reconstruire une vie après la prison et tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Cela permettra aux fans de la série de contribuer à améliorer le système à leur petite échelle.

Immigration

Au delà de l’humour que la série peut véhiculer, elle est aussi le reflet d’une certaine réalité. La saison 7 tacle notamment le problème de l’immigration aux Etats-Unis et leurs centres de détention où la vie est un enfer et les gens sont traités comme du bétail, sans considération. Attendez-vous à faire la connaissance de nouveaux personnages qui représentent ce que vivent les immigrés qui ne sont qu’à la recherche d’une vie meilleure.

Cette saison 7 tente de restaurer une certaine dignité aux prisonnières, elle imagine qu’il est possible de traiter les gens avec respect et qu’on peut changer le système avec un leadership qui veut faire le bien et redonner de l’espoir. Mais elle montre aussi que la réalité est toute autre et que l’injustice est bien trop souvent vainqueur dans un système qui est biaisé dès le départ.

Une fin douce-amère

Si cette saison est très bonne et donne une fin satisfaisante, elle reste frustrante sur certains points parce que 13 épisodes, ce n’est pas suffisant pour revenir sur tous les personnages. On retrouve ainsi des personnages adorés qui ne sont présents que dans quelques scènes. Evidemment tout le monde n’a pas une fin heureuse – certaines sont dévastatrices – et la route sera longue pour une partie des prisonnières, mais cette dernière saison laisse une lueur d’espoir et part sur une note plus ou moins positive.

Parfois, on n’est pas forcément content des décisions prises par les scénaristes, on se sent trahis en tant que téléspectateurs parce qu’on a investi son temps et qu’on s’est accroché à ces personnages. Des personnages qui soit sont devenus de meilleures personnes, soit ont sombré, sont devenus détestables et n’ont aucun moyen de rédemption (oui, on parle de Daya). Mais la prison, ça change les gens, en mal ou en bien. Daya est le malheureux exemple d’une bonne personne qui est radicalement changer par la prison en mal.

Une série pionnière

Qu’on aime ou non cette série, c’est une pionnière dans le monde de la télévision. Depuis le lancement de Orange is The New Black (et House of Cards), les séries de service streaming pullulent de partout. La série est à l’origine d’une nouvelle façon de consommer de la télévision, elle a démocratisé le binge-watching en dévoilant tous ces épisodes d’une traite. En l’espace de 6 ans, Orange is The New Black a changé des choses à la télévision et a mis un coup de pied dans la fourmilière.

Si sa qualité a fluctué au cours des années, on ne peut pas nier que la série a été le catalyseur des séries originales de plateforme streaming. Netflix a changé la donne et a poussé la concurrence (Amazon, Hulu) à se lancer dans du contenu original. Elle a ouvert la porte aux cérémonies de récompenses pour les services streaming et a montré sa qualité.

Orange is The New Black n’est peut-être plus au pic de sa popularité mais elle reste une série importante, une série à voir qui a brisé des barrières et qui se termine de manière très triste mais satisfaisante. Accrochez-vous et sortez vos mouchoirs parce que les larmes vont couler, c’est certain, on se sent un peu perdu une fois les 13 épisodes visionnés.

Orange is The New Black est disponible sur Netflix depuis le 26 juillet.

Crédit ©Netflix

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