Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire : Conte burlesque, drôle, noir et décalé

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Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire, ou le show de Neil Patrick Harris à la Sonnenfeld, entre burlesque et film noir, qui fait plaisir à regarder. La critique du Cerveau.

Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire se dévoile aujourd’hui sur Netflix. Une nouvelle adaptation en série des romans éponyme pour enfant. A la production de cette nouvelle série originale de Netflix : Barry Sonnenfeld (Men in Black, La famille Addams) et Mark Hardis (That 70’s Show), pour une série de genre entre comédie burlesque et film noir qui marche tant dans le fond que dans la forme.

séries-les-plus-attendu-2017---Oprhelin-BaudelaireParfois drôle, parfois sentimentale, mais jamais vraiment triste, cette nouvelle fiction portée par Neil Patrick Harris, qui bien évidemment fait le show comme si la série était avant tout écrite pour lui, est loin du désastre annoncé outre-Atlantique, et est même plaisante.

Inspirée de la série des best-sellers de Lemony Snicket (alias Daniel Handler), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire conte l’histoire tragique de trois orphelins (Violette, Klaus et Prunille) que leur maléfique tuteur, le comte Olaf, cherche par les plus vils moyens à dépouiller de leur héritage. Les enfants doivent se montrer plus malins que lui, mettre en échec ses plans tordus et le reconnaître sous ses pires déguisements, afin de découvrir la vérité sur le mystérieux décès de leurs parents.

Neil Patrick Harris Show

On s’y attendait et c’est bel et bien le cas. Dès le générique, le spectateur aguerri, au son de la voix chantante, va comprendre que Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire est avant tout un produit calibré pour l’acteur qui fait fureur à Hollywood depuis l’avènement How I Met Your Mother et la découverte de ses multiples talents de chanteur et showman.

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Entre Dr Horrible et Barney Stinson, Neil Patrick Harris propose un comte Olaf dans tout ce qu’il y a de plus détestable et rocambolesque, entre dérision, répliques odieuses, situations ridicules, chansons et mimiques pour un vilain survolté qui pourrait bien lui coller à la peau. Il faut dire que l’acteur surpasserait même un certain Jim Carrey, qui avait campé ce rôle dans l’adaptation cinéma de la même œuvre pour enfants (2004). Plus sombre, plus méchant, plus décalé, plus fou…. Neil Patrick Harris tient là un rôle fait pour lui, comme le Cerveau s’y attendait.

Hommage au cinéma d’antan, film noir et au burlesque

Avec Barry Sonnenfeld à la réalisation, Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire, ne pouvait être qu’une réussite visuelle. Des plateaux aux costumes, jusqu’aux couleurs et mise en scène, tout est recherché dans le détail et visuellement impeccable.

desastreuse-aventures-ophelin-baudelaire-critique-image-2On retrouve ainsi les cadres habituels du réalisateur qui ne s’essaie pas ici à la série pour la première fois, puisqu’il était déjà derrière la caméra pour la série Pushing Daisies : des cadres géométriques et parallèles, avec ses habituels paradoxes de couleurs vives, et ses champs qui parfois rappellent le cinéma de Burton.

Le Manoir du Comte Olaf ressemble d’ailleurs fortement à celui de la Famille Addams, dont la série fait indubitablement écho à cause de son univers, notamment concernant le burlesque et l’absurde, tout comme la dichotomie entre le normal et l’anormal. Dès le premier épisode, on rentre dans l’univers, l’esthétique et l’imaginaire de Sonnenfeld, que certains apparenteraient souvent à Burton, ou Wes Anderson, alors que c’est bel et bien le sien.

Du bébé, avec son langage et sa dentition talentueuse, jusqu’au Manoir ou même la voisine avocate jouée par celle qui incarnait la nounou psychopathe dans Les Valeurs de la famille Addams, Joan Cusack, Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire rappelle complètement l’univers de la drôle de famille farfelue et gothique. Une série portée par une réalisation maîtrisée puisque le matériel original est en adéquation totale avec l’univers créatif du cinéaste, qui en plus ici, rend hommage au cinéma noir des années 50, au théâtre burlesque, au néo-gothique et l’enfance.

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Conte pour enfant sombre et joyeux

« Sweet and Sour ». Doux et amer. C’est ainsi que le cerveau décrirait ce conte télévisuel qui s’offre au spectateur, bien loin d’effrayer les enfants. Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire, une série familiale qui célèbre la bonté et le courage de ces enfants face à l’adversité et aux adultes pervertis par l’argent. Les plus vieux y verront une histoire assez similaire à celle du dessin animé Princesse Sarah, remplie de bons sentiments, avec une pointe de mystère et d’intelligence. Les plus jeunes, une histoire loin de leur quotidien, avec son lot de rire, de morales, d’aventures et de mystère. Comme un conte pour enfants dans une époque féerique et inconnue.

On apprécie la mise en avant de l’importance des livres et de la curiosité, celle qui aide en toutes circonstances, même les plus dramatiques. Les enfants sont adorables, et offrent une prestation correcte pour les rôles qui leur ont été donné : Malina Weissman et Louis Hynes sont touchants et crédibles dans leur rôle de frère et sœur, Violette et Klaus. Mention Spéciale pour la petite Prunille, bébé rigolo, qui nous rappelle bizarrement le dernier né de la famille Addams.

Narrateur omniscient

desastreuse-aventures-ophelin-baudelaire-critique-image-1La plus-value dans l’architecture narrative Des désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire se tient sans conteste dans les multiples interventions du narrateur, Lemony Snicket en personne, incarné par Patrick Warburton, intégré dans le cadre des séquences importantes de l’histoire. Un narrateur qui amène à la fois son lot de questionnement, de rappels et de moments touchants, et qui offre une lecture et vision différente de la série, comme si le spectateur lisait lui-même un conte, et que ces images n’étaient que le fruit de son imagination.

En bref, Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire est une belle création originale, qui cherche à jouer du comique de répétition, et son postulat de départ,  avec un univers divertissant, drôle, touchant et agréable à regarder, que l’on soit petit ou grand.

Crédit photos : ©Netflix

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