Le Brexit pourrait avoir un impact dévastateur sur l’Industrie du cinéma britannique. Explications.
Les Britanniques ont voté jeudi 23 juin dernier. Le Royaume-Uni ne fera plus partie de l’Union Européenne. Le Brexit a déjà quelques conséquences néfastes sur l’économie, avec une baisse importante de la Livre Sterling, et des bourses européennes qui s’écroulent joyeusement.
Les conséquences pleines et entières de cette sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne sont encore difficiles à juger, mais l’industrie du cinéma et de la télévision britannique pourrait être elle aussi touchée, et l’effet pourrait être dévastateur.
En effet, l’un des premiers effets est sur le financement des films britanniques. Beaucoup reçoivent des subventions de l’Union Européenne venues de divers programmes auxquels ils n’auront plus droit désormais. Dans une lettre signée par 282 personnalités du cinéma et des arts britanniques, dont Benedict Cumberbatch ou encore Patrick Stewart ou Jude Law, il est souligné que : ”Des plus petites galeries ou plus gros blockbusters, beaucoup d’entres nous ont travaillé sur des projets qui ne se seraient jamais formés sans les subventions vitales de l’Union Européenne.”.
A titre d’exemple, des 12 films d’origines britanniques nommés aux Oscars en 2015, 7 d’entre eux bénéficiaient de l’aide de l’UE, dont Carol, Shaun le Mouton ou encore Brooklyn. Robbie Collin, du Daily Telegraph s’est amusé à lister des films so British qui n’auraient pas vu le jour sans ces subventions.
EU’s MEDIA prog ploughed £130m into UK film over last decade. The King’s Speech, Slumdog Millionaire, The Queen & Hunger all depended on it.
— Robbie Collin (@robbiereviews) 24 juin 2016
As did An Education, Philomena, Another Year, Amy, Tinker Tailor Soldier Spy, Four Lions, The Woman in Black, and Nanny McPhee.
— Robbie Collin (@robbiereviews) 24 juin 2016
And Under the Skin, Pride, Berberian Sound Studio, Fish Tank, Sightseers, Mr Turner, Shaun the Sheep Movie, Macbeth, Belle, and The Lobster.
— Robbie Collin (@robbiereviews) 24 juin 2016
Et c’est une des raisons pour lesquelles Hollywood aime tourner ses films et séries sur le sol britannique, et co-produire avec le Royaume-Uni, l’accès à ces subventions européennes. C’est le cas, par exemple de la série américaine Game of Thrones. Si la série ne profite plus des aides de l’Union désormais, et ne sera donc pas impacté, a ses débuts son tournage en Irlande du Nord lui a permis de bénéficier de ces subventions lors de ses premières saisons. Qui sait ce que la série aurait été sans ce coup de pouce au début ?
Crédits d’Impôts annulés
Si les productions américaines tournent beaucoup outre-Manche, c’est aussi grâce aux importants crédits d’impôts promis aux productions. Hollywood envoie 10 à 12% de ses productions au Royaume-Uni, et ainsi quelques milliards de dollars. Ces rabattements leur permettent d’économiser, selon les films et séries entre 20% et 85% du coût de production.
Or, avec le Brexit, il n’est pas certain que ces crédits d’impôts puissent être maintenus. Ainsi, les productions internationales préféreraient s’installer dans d’autres pays, plus favorables, mettant en danger les emplois de milliers de techniciens du cinéma britannique, mais aussi d’un certain revenu à réinjecter dans l’industrie. Il est estimé qu’en 2014, plus de deux milliards de dollars venaient de ces productions.
Si la chute de la Livre face au Dollar rend pour le moment les productions américaines moins chères à tourner au Royaume-Uni, cela ne compensera pas la perte des crédits d’impôts.
Exportations difficiles
Une industrie qui sera mise à mal avec une exportation de films rendue plus difficile. Les films britanniques devraient faire face maintenant à des taxes douanières et des quotas dans certains pays, dont les membres de l’Union Européenne sont exemptés. Plus de 57% des 84.1 milliards de Livres Sterling dû à l’industrie du divertissement britanniques viennent du reste de l’Europe. Avec une exportation devenue plus difficile ces chiffres devraient baisser largement.
Comme pour tous les autres effets possibles du Brexit, ce ne sont encore que des prédictions, un peu sombres. Il faudra de nombreux mois avant que le Royaume-Uni soit réellement sortie de l’Union. Et de nouveaux traités et accords seront certainement signés. Mais cela peut prendre plusieurs années à négocier et mettre en place et personne ne peut encore imaginer la teneur de ses futurs nouveaux accords. Et l’incertitude n’a jamais été bonne pour une industrie, quel qu’elle soit.
Source : IndieWire, EW, The Hollywood Reporter /Crédits Image : ©DR
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