La nouvelle comédie de Seth MacFarlane, Albert à l’Ouest, sort en salle cette semaine. Amis de la poésie, au revoir.

Fort du succès de son précédent long métrage Ted, comédie narrant l’histoire d’un adulte refusant de grandir et restant attaché à son vieil ours en peluche bon vivant, Seth MacFarlane reprend la voie du grand écran. Réalisé sur un concept qu’il a trouvé pendant qu’il regardait un film de Clint Eastwood, Albert à l’Ouest est une comédie potache basée sur le fait qu’un garçon sensible ne pouvait survivre au Far West. Bien que le point de départ soit un peu léger, laissons au film le bénéfice du doute pour voir ce que l’ami Seth en a fait.

Pour une poignée de couards

Albert à l'ouest illus1Albert Stark est un jeune éleveur de moutons dans le Far West américain. Sauf que voilà, rien ne va pour lui : ses moutons ne lui obéissent pas, il passe pour l’idiot du village et sa copine Louise vient de le larguer pour Foy, la virilité subtile et puissante à son paroxysme capillaire. Atterré et ayant perdu toute joie de vivre, il n’a plus qu’une envie : décamper à San Francisco et s’arracher de ce monde hostile définitivement pas fait pour un homme trop sensible comme lui. Le Far West est fait pour les durs de durs comme le terrible bandit Clinch Leatherwood qui met la région à feu et à sang, et on y meurt de tout et surtout de rien. Mais le jour de son départ, une mystérieuse blonde, Anna, et son frère Lewis débarquent en ville. Albert se lie d’amitié avec elle pour prendre sa revanche sur Louise et la vie. Mais qui est vraiment Anna et pourquoi cherche-t-elle tant à cacher son passé ?

La moustache, le peureux et le gant

Avant de s’attaquer au film en lui-même, le Cerveau tient à tirer son Stetson au casting qui est remarquable. Seth MacFarlane et son air benêt colle parfaitement au rôle d’un Albert complètement hors de son époque, Amanda Seyfried, sublime comme à son habitude, est une beauté froide et changeante comme rarement on a pu voir à l’écran (surtout en comédie), Neil Patrick Harris et sa seyante moustache sont d’une hilarité tout à fait réussite et Liam Neeson dans le rôle du méchant cow-boy à la main gantée de cuir parodie à merveille ce qu’aurait pu être un Clint Eastwood vu de l’autre côté du miroir. Reste Charlize Theron qu’on n’a pas vraiment l’habitude de voir dans ce genre de comédie qui campe une tarée de la gâchette plutôt crédible, même si son rôle aurait sûrement pu être joué par quelqu’un de plus représentatif. Tout ce beau petit monde se tire dans les pattes à coeur joie pour le meilleur mais surtout pour le pire.

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Le train-train soupirera trois fois

Que l’on soit habitué aux productions MacFarlane ou non, l’humour en général est un genre très capricieux et codifié. Que ce soit en termes de rythme ou même d’affinités du public par rapport à tel ou tel registre. Si vous n’êtes familiers avec l’univers MacFarlane qu’à travers Ted, attention au changement de ton. Ici, point de contexte aussi « profond » que dans son précédent film, juste une cascade de gags plus ou moins réussis et plus ou moins graveleux. Que l’Hannibal Lecteur que vous êtes ne se méprenne pas, le Cerveau a apprécié certaines blagues comme celle des sourires sur les photos ou les caméos / références à d’autre productions ayant lieu au Far West. Le film n’est pas exempt de bons moments de rigolades et le jeu des acteurs comme expliqué précédemment y est pour beaucoup. Seulement voila, quand on n’est pas à fond dans le registre de certaines situations, elles ont tendance à éclipser le reste…

La chevauchée catastrophique

Albert à l'ouest illus3Arrêtons enfin de nous voiler la face : l’humour est gras, scatologique et lourd. Un exemple ? Le meilleur ami d’Albert sort avec une prostituée. Bon ok, la situation est comique, gardons les choses ainsi. Mais non, il a fallu insister la-dessus à plusieurs reprises par des procédés graveleux comme l’haleine de la demoiselle gênant son copain parce qu’elle sentait le… « paquet viril » d’un autre ou le fait qu’il récupère de la semence sur son visage façon Mary à tout prix. Et si ce n’était que ça ! Albert se fait uriner dessus totalement gratuitement par ses moutons, Neil Patrick Harris défèque deux fois dans un chapeau (cette image entachera à jamais l’image que vous avez de lui)… Ajoutez à ça le fait qu’Albert se plaint TOUT LE TEMPS du fait que le Far West c’est naze et vous obtenez un film qui aurait pu être vraiment drôle s’il s’était légèrement retenu sur le pipi-caca et n’avait pas autant insisté sur les mêmes blagues encore et encore. Même le gag des photos du XIXème siècle où personne ne sourit devient lourd à la longue à force d’y faire référence.

Albert à l’Ouest est une comédie qu’on a envie d’aimer. Il y a des idées, de bons acteurs et au final on s’attache à ce pleurnichard. Mais le registre humoristique bas de plafond et le manque de fond rendent le film fade et tout juste passable. Après, le Cerveau reconnaît volontiers que ce n’est pas son humour et que nombreux sont ceux qui l’apprécient. Donc si le graveleux ne vous dérange pas, allez-y, ce film est fait pour vous. Mais si vous demandez un peu plus à un film que de l’urine de mouton sur un visage et des excréments dans un chapeau, passez clairement votre chemin.

Albert à l’Ouest : Bande annonce

Crédits : ©Universal Pictures International France