Critique du dernier volet de la trilogie Star Wars lancée, revue et corrigée par JJ.Abrams avec la sortie de Star Wars 9 : L’Ascension de Skywalker

Parfois le Cerveau a envie de dire qu’il a mal à sa franchise. Notamment quand il assiste à des réinventions d’univers étendus de cultes qui n’égalent pas l’objet origine. Là, il a sacrément envie de dire qu’il a même très mal à sa trilogie.

Avec la fin d’un mythe qui date de 42 ans, inventé, réinventé et inventé à nouveau (ou étendu c’est comme on veut), Star Wars 9 : L’Ascension de Skywalker est arrivé dans les salles françaises ce 18 décembre. Ultime itération de Star Wars sur grand écran, JJ Abrams conclue avec ce dernier long-métrage de près de 2h30, une saga personnelle inspiré par la trilogie originelle si chère à plusieurs générations de spectateurs biberonnés à la pop-culture.

Suite et Fin

Suite et fin d’une saga lancée en 2015 avec le Réveil de la Force, qui revisite le culte des années 80, celui de la trilogie qui a inspiré, inspire et nourri la pop-culture. Star Wars 9 : L’Ascension de Skywalker est un film qui va à nouveau diviser les spectateurs, notamment les fans de la franchise space-opéra la plus plébiscitée sur grand écran.

Si certains continuent à discuter encore et toujours de l’opus 8, les Derniers Jedi, sous l’œil de Rian Johnson, qui avait au moins le mérite de réinventer un minimum la mythologie Star Wars que nous connaissons tous, il semblerait que dans cet épisode 9, Abrams souhaite oublier tout les évènements qui s’y sont déroulés pour revenir à son concept originel et personnel (si on peut appeler ça un concept). Notamment concernant la rébellion et les enjeux de Kylo Ren.

Queen Rey

Avec Star Wars 9 : L’Ascension de Skywalker, on efface les derniers évènements du précédent film, comme si tout allait bien dans les rangs de la rébellion (toujours dans ses plans contre le premier ordre) dans un refuge presque idyllique et sans souci. Ces même rangs qui pourtant viennent de subir de grosses pertes. Rey est en entrainement intensif de grande prêtresse Jedi, avec des pouvoirs d’une puissance inégalée malgré le peu de temps qui s’est écoulé depuis sa maigre initiation avec Luke. Tout semble aller presque bien pour le moment dans la meilleure des galaxies… tout du moins dans les premières minutes du film. Avant que l’on s’engage très vite dans le gros de l’affaire, les nouvelles intrigues et enjeux qui vont mener à la conclusion de l’histoire commencée il y a 4 ans.

On balaye tout et on réinvente de nouveaux enjeux qui n’ont rien de bien cohérent avec ce qu’on a vu, tout en gardant un lien direct avec le Réveil de la Force et en omettant autant que possible des derniers Jedi.

Retour donc au voyage initiatique de la jolie Rey pour un bis repetita des intrigues originelles sauce Abrams. On reprend les même et on recommence : l’orpheline qui se cherche à travers ses pouvoirs dont elle perce enfin difficilement les secrets, et qui cherche encore et toujours à savoir qui elle est et qui sont ses parents ; l’anti-héros qui se cherche aussi mais en version dark de Rey (un peu comme le yin & le yang), un beau triangle amoureux et des personnages secondaires originels, là pour faire le job de la nostalgie.

Faussement compliqué

Une revisite qui se veut comme un voyage recherché et complexe sans vraiment l’être. Faussement riche, le film est dense et rythmé, soutenu rarement avec cohérence, délirant de rapidité le plus souvent… Un film dense mais pas pour les bonnes raisons.

Trop de mondes à découvrir sur fond de quête basique, d’embûches et autres d’obstacles qui vont se résoudre avec une facilité déconcertante, portée par des personnages faussement compliqués. On est loin de la tragédie shakespearienne imaginée par George Lucas (loin et proche puisque le réalisateur s’amuse à nous raconter la même histoire).

Pas assez de profondeur narrative

Là où l’on aurait aimé des twists et de la recherche, notamment avec tous ces mondes explorés aussi vite dans un univers aussi vaste que celui de Star Wars, aurait été qu’Abrams nous offre des réinventions de la mythologie Jedi plus profondes que celles qu’il nous a proposé dans ces films (contestables parfois, défendables pour certaines).

 

Abrams se contente d’un chemin narratif assez basique et simple sans réelle profondeur pour ce dernier opus et d’une narration nourrie par des ressors assez faciles (comme le retour d’un vilain iconique). Même les quelques séquences de tensions ou de twists retombent comme un soufflé raté (comme la supposée perte d’un être cher), puisqu’elles ne proposent aucune réelle émotion ou tension chez le spectateur, anesthésié par le rythme insoutenable d’un film de 2h22 qui semble faire quatre heures pour le nombre d’évènements qu’y se succèdent, avec ou sans cohérence.

No feelings

Si le film tient sur trois grands pans, la dernière heure ressemble étrangement au dernier opus de la trilogie initiale, la tension et l’émotion en moins. Même les maigres apparitions de Leia Organa, notre regrettée Carrie Fisher, ne décroche pas de sensations. L’émotion est la grande oubliée cet opus final dédié à Star Wars. Pour l’épique et l’âme, il faudra repasser ou revoir les films originaux.

Car oui, malgré les enjeux, certains choix narratifs et l’évolution de certains personnages, pas une séquence n’arrivera à générer une pointe de chair de poule ou une larme à l’œil. Même les séquences imaginées purement dans ce but précis : faire ressentir un sentiment préfabriqué au spectateur, ne marchent pas (à moins d’être un fan hypersensible).

Ni la réalisation – avec un montage en coupes incohérentes ou jeu de caméra incompris notamment dans les scènes d’action – ni l’intrigue n’arrivent à immerger complètement le spectateur (fan ou non) dans ce monde à hauteur de la trilogie initiale signée Lucas. On n’oublie pas qu’on suit la même trajectoire, sans réelle surprise ou découverte, que celle des histoires contées il y a 42 ans. Même si les batailles font le job et sont divertissantes, il manque cette âme si propre à Star Wars, celle qui nous fait entrer dans ces mondes imaginaires, suivre ces personnages dans leurs intrigues aux enjeux universels, dans un dépaysements complet, loin de notre réalité.

Hero’s journey

Si le réalisateur fanboy de la saga reste cependant fidèle à l’héritage de George Lucas et préserve l’ADN de l’univers – rien de plus facile quand on raconte la même histoire, à savoir le voyage du héros, désormais héroïne guidée par des mentors visibles ou invisibles – on ne vit pas une expérience nouvelle même dans cette fin.

Un voyage du héros bourré de fan-service, parfois gratuit, parfois bienvenu, parfois drôle, souvent gauche. Car qui dit Star Wars dit bien évidemment faire plaisir aux fans, ces spectateurs enfants devenus grands à l’image d’Abrams, nourris par ces mythes spatiaux. Un fan-service qui se devait d’être présent, au milieu de ces décors si fidèles aux films originaux, retro-modernes, voire intemporels.

Déception divertissante

Le Cerveau aurait aimé une pointe de réinvention pour clore cette saga de mythes en space-opéra sur fond de religion mystique et d’antagonistes fantomatiques. Si cette ultime trilogie prouve une chose, c’est que le réalisateur affectionne tout particulièrement cet univers vu le nombre de clin-d’œil utiles ou non, souvent peu subtils, parfois intelligents, mais assez généralement gratuits.

Une trilogie inspirée d’une franchise qu’il a envie de célébrer sans limites à l’écran, en assumant son fanatisme. Un fanatisme qu’il n’a jamais caché mais qui a surement contribué à une écriture en miroir d’une histoire que nous connaissons tous et pour laquelle nous avons une affection particulière, mais qu’on n’a pas nécessairement envie de revoir parodiée dans une suite de cet univers.

Fin de trilogie, mais pas fin de franchise

Une écriture en miroir nourrie par un profond respect du matériel originel qui divise les spectateurs depuis 2015. Ce dernier opus ne va pas aider la scission entre ceux qui approuvent les choix même contestables du réalisateur et les autres, qui ont mal à leur Star Wars.

Si le Cerveau ne cache pas son mal à sa trilogie, il restera honnête : ce dernier Star Wars reste un divertissement de blockbuster de franchise qui n’est pas complètement désagréable. Un divertissement à la signature Abrams, toujours dans les défauts qui lui vont si bien. Ce malgré un film qui respecte l’essence des univers imaginés il y a plus de 40 ans par le génie Lucas. Un univers qui se décline désormais en série live sur Disney + avec The Mandalorian, qui pour le coup est une belle surprise qui séduira tant les fans des grands films de Star Wars, que les simples spectateurs friands de space-opera.

Star Wars 9 L’Ascension de Skywalker

Crédit photos : ©Lucasfilm/Disney Pictures