Time Out c’est le film très attendu de cette fin d’année. Avec Amanda Seyfried et Justin Timberlake, le thriller futuriste marquant le grand retour du réalisateur de Bienvenue à Gattaca ne décevra pas les amateurs de western, à la sauce futuriste, bien qu’on déplore un manque de profondeur. Une idée dont on aurait pas eu idée exploitée bien en dessous de son potentiel.

Le dernier film d’Andrew Niccol s’annonçait comme le film de cette fin d’année 2011 qui allait marquer les esprits comme a bien pu le faire Avatar pour la Fox.  Le retour du réalisateur de Bienvenue à Gattaca et du Truman Show renoue avec son domaine de prédilection. Un retour au genre du Maître presque prophétique à l’annonce du projet, et la vue de la bande annonce trés longue présentée il y a quelques mois.

Si tu veux vivre, gagne du temps…littéralement !

Un long métrage sur fond dramatique voire apocalyptique dévoilant une société futuriste totalitaire, similaire à celle dépeinte dans la trilogie de Suzanne Collins, Hunger Games, bien que moins développée ni expliquée. Time Out : ou une idée qui a du potentiel pour un bon film de science-fiction, allégorie de notre époque, de la nature humaine , de notre système économique et de l’inégalité du partage des richesses. Alors que des chercheurs français viennent d’annoncer leur aboutissements concernant des recherches permettant la reprogrammation de l’âge des cellules souches, et donc un remède contre la vieillesse, Time Out sort à point nommé. Un thriller/western à la sauce futuriste dans un monde où la monnaie principale est le temps. Dans cette histoire, les humains ont 25 années à vivre puis s’arrêtent de vieillir. Une année de plus est offerte à cet âge qui reste désormais fixe jusqu’au décès. Les plus démunis n’ont d’autre choix que de mourir, puisque chaque année supplémentaire de vie doit se monétiser. Les plus riches, eux, peuvent s’offrir une vie d’immortels, dans un corps de jeunot de 25 ans… Dans ce monde loin d’être parfait, un jeune homme pauvre en temps et en chance livre un combat contre la montre et contre un policier qui l’accuse d’un meurtre qu’il n’a pas commis.  De quoi régler le problème du chômage longue durée, de surpopulation, et de production agro-alimentaire… Une idée de base hors norme, pour un résultat ni bon ni mauvais, mais qui reste divertissant.

Véritable allégorie de notre modèle économique, Time Out  se veut comme une critique de l’injustice de certaines avancées technologiques ou médicales, des richesses à proprement parler, puisqu’ici le temps c’est littéralement de l’argent. Un partage inégal entre les plus riches et les plus pauvres de la planète, les uns se complaisant dans une vie quasie éternelle et jeune, ou on n’arrive à déterminer qui est le parent de qui, puisque tout le monde a 25 ans. Les autres se battant jour et nuit pour survivre en gagnant quelques heures de vie qu’il perdront tout aussi tôt pour la survie de leur corps qui reste biologique, et qu’il faut donc nourrir. L’écart entre les plus riches et  les plus pauvre est creusé, à travers des Zones de Temps dans un état répressif, 12 au total, le 12ème étant surnommé le Ghetto, puisque le plus pauvre (encore une similitude avec Hunger Games et ses 12 districts, et encore on ne se lance pas dans l’analogie des Gardiens du Temps, et des Gardiens de la Paix, à croire que Niccol soit fan des idées de Suzanne Collins).

Bonnie & Clyde du futur

En étant indulgent et juste, l’action de Time Out est très bien ficelée, rythmant le film de bout en bout. Avec deux scènes très puissantes, (la course de la mère de Will portée par la musique de Craig Arsmtrong et la  course poursuite sur les toits de la ville), le film reste un bon moment de divertissement,  bien qu’on déplore le manque de profondeur vis à vis de ce qui aurait pu offrir au spectateur un débat éthique et philosophique sur la nature vénale et corrompue des hommes, l’idée d’immortalité, et les vices qu’une probable immortalité puisse engendrer. La référence au couple de voleurs mythique des années 30 y est plus que flagrante. Un western pro-cleptomanie, avec des héros qui veulent se prendre pour des robins des bois du futurs, et au passage lever une rébellion contre un système corrompu. De l’action et du suspense bien ficelé, pour une histoire d’amour un peu…déjà vue. Dommage qu’Amanda Seyfried reste dans l’ombre de Justin Timberlake, dont le jeu est à saluer. Une belle performance pour ce comédien anciennement chanteur qui confirme décidément bien sa place au cinéma.

Visuellement correct

Niveau réalisation et décors, on retrouve l’univers propre à Andrew Niccol : un cadre à la fois familier bien que futuriste, un poil plus rétro que Bienvenue à Gattacca (Le rétro c’est tendance décidemment)Du déjà vu en somme avec ces êtres anonymes, canalisés, surveillés, contrôlés, silencieux et indifférents, exécutant docilement leurs tâches industrielles pour gagner leur temps. Le Ghetto, la zone du protagoniste principal campé par Justin Timberlake, ressemble à un village du Tiers Monde délabré, peuplé de gens désabusés, face à leur fatalité et leur pauvreté, limite résolus. Un monde industriel, coloré, en paradoxe avec New Greenwich, la zone la plus riche de ce pays totalitaire inconnu, avec ses immeubles froids, blancs, aseptisés, intemporels. Le design de l’horloge sur le bras est très bien imaginé, et on apprécie les minutes qui battent sur un son de battement cardiaque légèrement altéré, métaphore des battements du cœur humain, du droit de Vie régi par le temps. On déplore par contre la scène d’ouverture du film, qui s’ouvre quasiment comme Matrix, dans les pixels des LED  de l’horloge biologique de Will, en Zoom-Out pour dévoiler le personnage campé par Justin Timberlake, et nous plonger dans le film. On acclamera quand même le travail de Craig Armstrong pour la bande originale qui exécute son rôle à la perfection en donnant plus de profondeur et d’émotion à certaines scènes de ce film qui avait bien besoin qu’on lui donne un petit coup de pouce.

Quand on a le temps

Un film qui se laisse regarder, qui n’est ni à déplorer ni à encenser. Andrew Niccol nous a certes habitué à mieux, mais le film reste agréable, et loin d’être ennuyant. Un film d’action à l’américaine, certes, sur un fond idéologique et futuriste qui pourrait mener les spectateur à débattre après la séance !

 

Le saviez vous ?

Bien que l’idée d’Andrew soit originale, il est intéressant de noter que ce n’est pas la première fois que la science-fiction propose une idée où le temps est la monnaie principale et unique de vie. Le temps comme devise monétaire est là aussi dans le téléfilm The Price of Life, écrit et réalisé par Stephen Tolkin.  Dans ce film, on suit une jeune homme du nom de Zachary, qui passe d’une vie de pauvre dont les minutes sont comptés à un homme très riche, avec la promesse d’une vie immortelle (tiens tiens, c’est pas le personnage de Will ici dans Time Out ?). Ici les personnages perdent et achètent des minutes, heures, journées de vie pour pouvoir subsister, et peu de personnes ne dépassent l’âge de 40 ans. Peut-être une inspiration pour Andrew Niccol. Pour les curieux, le film est disponible ici en V.O

 

LA BANDE ANNONCE

 

Crédit photo : 20th Century Fox 2011