Découvrez l’avis du Cerveau pour Le Retour du Héros, avec un Jean Dujardin plus comique que jamais, face à une Mélanie Laurent détonante en bourgeoise rebelle et féministe. 

Dans Le Retour du Héros, Elisabeth est droite, sérieuse et honnête. Le capitaine Neuville est lâche, fourbe et sans scrupules. Elle le déteste. Il la méprise. Mais en faisant de lui un héros d’opérette, elle est devenue, malgré elle, responsable d’une imposture qui va très vite la dépasser…

Le retour de John of The Garden

Ceux qui aiment Jean Dujardin vont être ravis. Le Retour du héros pourrait s’appliquer à l’acteur français oscarisé qu’on n’avait pas vu depuis longtemps dans le registre de la comédie aussi bien, si ce n’est dans la suite du ridicule Brice 3. Une comédie qui lui sied bien, plus historique et de tradition théâtrale, loin de son costume d’espion franco-français dans OSS 117.

Dans le rôle de Neuville, l’acteur est au sommet de sa forme, hyper convaincant, burlesque et drôle, sans pour autant s’empêcher de montrer un peu plus d’émotions dans des séquences plus dramatiques que comiques. Face à Mélanie Laurent, l’alchimie est indéniable et appréciable, pour un duo d’amis-ennemis non sans rappeler les dynamiques de couples de grands romans victoriens.

Féministe et espiègle Elizabeth (pas Bennett)

Mélanie Laurent quant à elle joue à la perfection le rôle d’une jeune femme bourgeoise, féministe qui aspire à bien plus qu’au mariage, comme l’héroïne d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen. Ecrivaine bourrée d’imagination, espiègle et rebelle, elle n’est pas qu’un prétexte pour les multiples gags du personnage de Jean Dujardin dans Le Retour du Héros, qui excelle dans son rôle d’anti-héros malhonnête et bourru.

Elle lui donne la réplique certes, mais alimente les joutes verbales et porte autant le film que son compère. Ce qui offre une sacrée plus-valu à un film qui aurait pu n’être qu’une comédie à gags burlesques ou théâtraux.

Casse les codes

Entre hommage aux personnages de femmes libérées des romans Jane Austen et un franc parler et ton en comédie assez proche de l’esprit Kamelott, entre l’anachronisme et l’hommage historique, Le Retour du Héros veut briser certains codes et mécaniques de la comédie française pour offrir un long-métrage historico-comique loin de ce qu’on aurait pu s’imaginer.

Entre humour décalé, chamailleries, fourberies et autres manigances, les personnages théâtraux de Neuville ou Elizabeth, ainsi que sa famille si bourgeoise ou l’élite de ce village, nous rappelle l’univers de Jane Austen à la française. Ce qui n’est pas pour déplaire et apporte un peu de fraîcheur sur grand-écran pour une comédie fine à l’humour souvent ciselé et détonnant.

Mélange de genre et anachronisme

Un film qui se joue des codes de genre tant sur le fond que la forme. La réalisation de Laurent Tirard (le Petit Nicolas, Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté) jongle entre l’épopée historique, le western avec ses plans larges ou serrés sur les visages, ou même ses bandes sonores ( qui rappelle parfois les mélodies du sacro-saint Morricone) pour offrir une esthétique détonante et inattendue face au pitch du film, surtout pour une comédie d’époque. Une esthétique qui déstabilisera certains, tout en séduisant d’autres, plus ouverts à l’anachronisme et le mélange des genres, loin du cinéma classique à la française.

Bon divertissement en costume

Même si Le Retour du Héros propose certains personnages secondaires un peu lourds, et donne beaucoup (peut-être un poil trop) de place à son acteur principal, qui excelle dans son rôle malgré tout, ce long-métrage a le mérite de proposer un film qui tente de renouveler la comédie sur des territoires peu conventionnels. On pardonnera l’intrigue un peu balisée ainsi que la fin attendue, cela dit, pour un film qui aurait peut-être pu s’accorder un peu plus de libertés et d’impertinence scénaristique.

Ce qui, en apparence, aurait pu être qu’une simple histoire de cape et d’épée sur fond de guerre impériale, ou une adaptation théâtrale en plusieurs actes, est in fine, un film sympathique et divertissant – où l’on s’étonne souvent de rire à gorge déployée – qui ose tenter certaines choses en comédie. Une bonne comédie à la française, qui parfois nous rappelle un humour dans la tradition Louis de Funès, comme dans la Folie des Grandeurs.

Le retour du Héros : Bande annonce

Crédit photos : © Studiocanal