The Mandalorian saison 2 : L’anthologie pour contourner les limites de la série ?

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4.5

Le Cerveau revient sur les deux premiers épisodes de la saison 2 de The Mandalorian, qui a défaut d’offrir des réponses aux questions de la première saison, ainsi que son final,  joue pleinement avec la liberté de l’anthologie. Une liberté narrative qui pourrait bien souligner les limites de la série si elle n’est pas corrigée. La critique. 

Le mercenaire le plus charismatique de l’univers Star Wars est revenu le 30 Octobre sur les écrans de Disney+ pour le plus grand bonheur des fans de la franchise de George Lucas.

Avec chaque semaine un nouvel épisode, The Mandalorian entame en cette fin d’année 2020 sa seconde saison. Une seconde saison qui force est de constater est toujours aussi spectaculaire que sa première, fidèle à l’univers et esthétique inventé par George Lucas, avec tout ce qu’il faut pour ravir les fans de la première heure. Mais au-delà de l’esthétique et du fan-service, The Mandalorian peut-elle prétendre au titre de grande série Star Wars ? Oui, mais elle flirte avec les limites de son concept au  début de cette seconde saison.

Bien que ce retour ait l’air d’avoir appris de sa première saison, certes inégale, mais d’une qualité de production indéniable pour une série « live » Star Wars, après visionnage de ses deux premiers épisodes, sur une saison de 8, le Cerveau remarque ses potentielles limites.

Plus dramatique et moins lente, avec des épisode plus longs et moins déséquilibrés dans leur durée, la saison 2 de Mandalorian commence sur les chapeaux de roue, avec de l’action, des créatures féroces, et toujours, le fameux bébé yoda, atout charme de cette série Star Wars. Un début à blocs et loin d’être déplaisant côté divertissement, mais qui agace pour son manque de fond.

Quête sans visage

Un début de saison dans lequel on quitte la mythologie et les évènements du final, où l’on découvrait brièvement le visage de Mando poursuivi par Moff Gideon. Si l’on sait que cette seconde saison de The Mandalorian va prendre des allures de quête pour le guerrier sans visage, à la recherche de ses semblables pour localiser la planète de l’enfant dont il est responsable, très vite, la série revient à sa marque de fabrique.

A savoir l’anthologie sur fond de western classique. Bien que tout commence sur la recherche d’informations pour Mando, avec dès les premières minutes une séquence d’affrontement, on revient très vite sur Tatooine car c’est là que sa piste le mène. Une piste que l’on va vite oublier au profit des rencontres et autres embuches sur le chemin de notre héros.

Tatooine again

Une planète mythique sur laquelle notre héros va rester jusqu’au début de l’épisode 2. Pourquoi ?  Cette piste va le faire renouer avec un visage que nous connaissons bien, mais aussi avec des nouveaux, alors qu’il glane encore et toujours des informations pour retrouver l’origine de cet enfant. Informations qui au bout de deux heures de narrations se font attendre.

Bien que jusque là ce dernier n’a toujours pas la moindre piste quant à la planète d’où l’enfant pourrait bien être, cela ne l’empêche pas d’être très occupé.

Too Busy

Occupé au point de ne pas voir les épisodes passer, à coup d’action spectaculaire et d’aventures. Une saison qui renoue avec sa précédente en basculant dans l’anthologie, avec une petite variante :  la durée plus longue des épisodes comparé à sa première. Que ce soit dans l’épisode 1 ou l’épisode 2, comme le veut la tradition mise en place dans la première saison de  The Mandalorian, notre héros masqué va prendre le temps d’aider ceux qui le croisent, quitte à mettre en péril son objectif.

Ainsi dans le premier épisode, un duo se forme avec un humain qui se prend pour un Mandalorian (Timothy Oliphant) pour faire régner l’ordre dans sa ville. Une alliance plaisante avec un Oliphant parfait dans son rôle de shérif du désert fantastique, dans le but de vaincre une créature issue tout droit du bestiaire Star Wars : un Dragon Kayt qui terrorise la ville. C’est aussi l’occasion pour le mercenaire de récupérer une relique qui ressemble fortement à l’armure de Boba Fett, importante dans sa culture.

Dans le second, Mando embarque une passagère au visage de grenouille qui pourrait l’emmener vers ceux qui détiennent l’info qui l’intéresse, mais il se doit de la protéger elle et sa progéniture, avant qu’ils ne se retrouvent coincés sur une planète hostile et que le ton de l’épisode sombre dans l’horreur légère

Same old receipe

Alors que la saison commence à peine, le ton est donné : la série continue avec la même recette qui a fait son succès, à savoir le western intergalactique à coup d’exploration et d’aventures – mais aussi ses défauts : à savoir l’anthologie.

Si l’anthologie est une belle excuse pour que les scénaristes, le showrunner et les divers réalisateurs (grands noms du cinéma ou  réalisateurs en vogue actuellement) s’en donnent à cœur joie pour faire vivre Star Wars dans tout ce que The Mandalorian peut offrir, ils ne prennent pas le temps de creuser le fond de l’intrigue principale, essentielle quand il s’agit de série télévisée.

A mi-chemin entre le western et le space-opéra dans une esthétique léchée digne des années 70-80, avec tous les codes de la franchise, les équipes s’éclatent avec cette extension de l’univers – disons-le !  Et on les comprend car c’est trop tentant, pour le plus grand plaisir des fans déçus par la saga d’Abrams. Oui, The Mandalorian fait du vrai et du bon Star Wars visuellement. Et ça se salue !

Si le visuel et les diverses créatures issues de ce monde fantastique respectent les fondements de l’univers imaginé il y a 40 ans par George Lucas, univers qui a influencé tant de cinéastes, les mêmes qui ont rejoint l’aventure The Mandalorian, il est assez décevant de constater que ces intrigues – bien qu’elles soient divertissantes avec leur fan-service et autres clin-d’œils – ne font office que de remplissage.

Remplissage

Certains fans et critiques avaient d’ailleurs soulignés qu’au-delà de l’anthologie, The Mandalorian n’offrait pas beaucoup de substance à la mythologie Star Wars au delà de se l’approprier, sauf dans quelques épisodes, notamment le final.

Une fois de plus avec ce début de saison tonitruant, le vide mythologique se souligne, notamment par l’excessivité de fan-service et autres gags autour du bébé yoda (atout marketing de la série) et la perfection visuelle des épisodes. Et c’est bien dommage.

Si John Favreau, showrunner de la série avait promis une saison 2 qui serait plus centrée sur la mythologie et le fil rouge de cette dernière, à savoir l’origine de cet enfant qui sait manipuler la Force (qu’on ne devrait pas nommer bébé yoda, mais c’est tellement mignon qu’on va continuer) le constat au bout de deux épisodes est assez clair, cela n’est pas encore la réelle priorité des scénaristes.

The Marshall est plus un épisode d’inspiration western classique sur fond de planète fantastique, comme le veut la série, et Frog Lady une fuite spatiale avec un accident tragique et un sauvetage in extremis. Des pitchs assez classique de space-opéra d’anthologie, avec rien de réellement substantiel pour la mythologie Star Wars dans ces deux narrations, si on enlève les références à l’univers de Lucas. Les questions accumulées la saison dernière – que ce soit vis à vis des Jedi, de ce bébé, de Mando, de Gideon … ne sont pas prêtes « d’être vite répondues », comme dirait quelqu’un.

6 épisodes pour corriger le tir

Ceux qui attendaient des révélations concernant la petite créature et le mystère qui l’entoure, notamment face à l’antagoniste révélé dans le final de la saison 1, devront attendre patiemment les 6 épisodes suivant de cette saison pour savoir si ceux qui écrivent la série ont réellement réfléchi  à l’impact de cet enfant dans l’univers global de la franchise, au-delà de faire des connecteurs logiques un peu faciles entre la dernière saga cinéma et cette série.

Le potentiel est énorme avec la franchise Star Wars, disons le. On l’a vu avec Clone Wars, et notamment ce petit personnage improbable qui ressemble à l’un des plus légendaires de la série, qui déjà conquis le coeur de beaucoup, ainsi que le héros éponyme de la série, dont le charisme en dessous de l’armure n’est plus contestable. Cependant, on commence un peu à rester sur notre faim, même si les tribulation de Pedro Pascal sous son armure nous amusent.

Car si Mandalorian saison 1 a presque prouvé que l’anthologie a ses limites, notamment dans un univers de science-fiction comme celui-ci, il serait dommage que cette saison 2 reste une succession d’aventures sympathiques mais sans fond, comme une excuse pour agrandir le merchandising de la franchise.

The Mandalorian a un réel potentiel pour faire une grande série Star Wars, il suffirait juste que les fanboys derrière la caméra se calment au profit d’une réelle histoire qui pourrait être bien plus profonde qu’un simple bébé aux pouvoirs phénoménaux. Il reste encore 6 épisodes pour voir si le tir peut-être rectifié à découvrir tous les vendredi sur Disney+. Affaire à suivre.

©Disney/Lucasfilm

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