Découvrez la critique de Birds of Prey, qui marque le grand retour de Margot Robbie en Harley Quinn et la genèse des justicières autour de l’Arlequin débridée ex-copine du Joker

C’est l’une des plus grandes sorties DC de Warner de ce début d’année 2020. Dans la continuité de son rôle dans le pénible Suicide Squad, Margot Robbie revient sur les écrans dans la peau de la « fantabuleuse » et pop Harley Quinn.

A l’origine sidekick du Joker, le personnage qui a vu sa naissance en dessin animé dans les années 90 avant d’être plus tard déclinée en comics, a droit à son film solo (enfin pas vraiment). Une superproduction pop-acidulée sur fond de « féminisme » et d’émancipation (comme le veut son titre original), réalisée par Cathy Yan et écrite par Christina Hudson (Bumblebee).

Un blockbuster de femmes, pour des femmes, estampillé DC qui vient succéder au « féministe » (tout est relatif) Wonder Woman. Avec près de 80 millions de dollars de budget, quid de ce retour de la fantasque ex-doctorante en psychiatrie ? Le Cerveau va être honnête : grosse déception au rendez-vous. Surtout après un film aussi fort et profond autour du Joker sorti il y a quelques mois.

Fantabuleusement sans queue ni tête

Birds Of Prey (Et La Fantabuleuse Histoire D’harley Quinn) est une histoire déjantée racontée par Harley en voix off, après avoir été salement larguée par le Joker. Entre l’Origin-story et le film solo déjanté, Birds of Prey met en avant les rebelles du monde de Gotham sur fond de délire mafieux.

Lorsque Roman Sionis, l’ennemi le plus abominable – et le plus narcissique – de Gotham, et son fidèle acolyte Zsasz décident de s’en prendre à une certaine Cass, la ville est passée au peigne fin pour retrouver la trace de la jeune fille. Les parcours de Harley, de la Chasseuse, de Black Canary et de Renee Montoya se télescopent et ce quatuor improbable n’a d’autre choix que de faire équipe pour éliminer Roman…

Mafia sauce Gotham

Une histoire de mafia sauce DC, cela aurait pu être très bien. Surtout quand elle est portée par des femmes en plein élan émancipatoire, loin du joug du patriarcat. C’est ainsi que le film avait été vendu avant d’être vu. Entre le concept et l’exécution, le Cerveau ne peut s’empêcher de se rendre compte que le film a de gros ratés. Pour un film de femmes qui veut valoriser la femme, force est de constater que le scénario, d’une grande vacuité, ne va pas plus loin que la fête colorée et folle furieuse de Harley et ses copines sur grand écran.

Child’s play

Car oui, Birds Of Prey avant d’être l’histoire de la genèse d’une groupe de justicières à l’opposée de la Justice League, est surtout l’histoire d’une nana qui se cherche après avoir été larguée par son mec. True Story.

Une nana un peu folle et femme-enfant, qui ne cherche qu’à s’amuser et faire la fête pour oublier sa détresse sentimentale. Et ce pendant au moins deux tiers du film. Une détresse nourrie par le fait que son ex ne la protège plus de ses actes insensés, impulsifs et dangereux, comme dans le passé. Le genre de femme qui décide de s’acheter une Hyène comme animal de compagnie par exemple (version folle d’une femme à chat on peut dire). Obligée de devoir faire face à ses détracteurs multiples – masculins de surcroît – la jeune femme va devoir se débrouiller seule pour s’en sortir… Dur.

Femmes bad-ass mais pas si fortes (psychologiquement)

Le gros défaut de Birds Of Prey  ce serait qu’aucune femme ne brille vraiment dans ce film au-delà de ses tenues colorées, pailletée moulantes et ouvertement sexy (les cosplayeuses vont adorer cela dit !).

Quand l’une tente d’oublier le désespoir de sa rupture, l’autre fuit son passé, une suivante, policière spoliée par son ex-partenaire devenu chef, noie ses échecs dans l’alcool, alors qu’une ne cherche qu’à assouvir sa vengeance. Quant à la petite dernière, c’est une orpheline voleuse.

Toute ont un passif qui justifie leur froideur ou leur passivité, voire agressivité face aux hommes. Une agressivité portée par des scènes d’affrontements et de combats successives, rythmant le film de bout en bout à coup de séquence de batailles débridées, d’une exécution dans un commissariat à coup de fusil à paillettes, jusqu’aux corps à corps en combi moulantes, ou course poursuite en roller (again… True Story). Des batailles bad-ass, entrecoupées de séquences de déambulations excessives et souvent inutiles.

Méchants hommes

Les hommes, véritables ennemis de cette histoire déjantée et rocambolesque s’adonnent au passe-temps formidable d’humiliation constante des femmes, réduites à des stéréotypes faussement émancipateurs.

Entre la folle femme-enfant qui ne se retrouve que quand elle prend une protégée (comprendre répond à un désir maternel), l’alcoolique, la voleuse, la vengeresse ou la solitaire… Le spectateur est gâté. Si l’intention était honorable : celle de montrer des femmes se battant contre le patriarcat, le résultat est loin d’être probant et fait presque plus de mal au féminisme qu’il ne le célèbre.

Si l’on peut saluer certaines choses dans Birds Of Preyqui n’a rien de profond dans son scénario et qui ne se distingue pas non plus dans sa réalisation pop-acidulée dans tous les sens – c’est la célébration de la sororité par instinct de survie.

Sororité célébrée

Cette union inattendue de femmes dans un but commun – alors qu’elles se détestaient toutes (encore un stéréotype : les femmes ne s’aiment pas entre elles, c’est bien connu) et l’un des points les plus positifs de Birds Of Prey.

Les chorégraphies des cascades et affrontements féminins sont relativement jouissives bien que trop présentes dans le film, au détriment de l’intrigue qui avait un grand potentiel. Autre point fort : la bande originale du film qui habille cette production colorée à bon sens et rythme ces séquences de combats avec intelligence.

Divertissement pop-corn débridé

On aurait aimé que la troupe se forme plus tôt au lieu de se concentrer sur la star qui titre le film, et non en fin, histoire de mettre en avant cette ligue féminine comme le veut le titre.

Cependant, si l’on prend Birds Of Prey comme il doit être pris : à savoir un produit de divertissement pop-corn surfant sur la mode #MeToo sans avoir de réel discours sur le sujet, le film est loin d’être si désagréable. Il peut même être divertissant.

 

Birds of Prey : Bande Annonce

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