Jojo Rabbit, le dernier film de Taïka Waititi, sort ce mercredi en salle. Une satire onirique à voir absolument, saluée par le Cerveau

Il a déjà fait beaucoup de bruit outre-atlantique, sacré de multiples récompenses et nominations. Le dernier film de Taika Waititi, génie derrière Vampires en toute intimité, connu pour son style décalé ou le tonitruant Thor 3 : Ragnarok, est l’un des événements cinéma de ce début d’année. Un film feel-good sur fond de nazisme (oui le Cerveau est lui-même déstabilisé par l’association du nazisme et du feel good), pour une véritable poésie sur grand écran.

Adaptation du roman Le Ciel en Cage de Christine Leunens, Jojo Rabbit est le surnom de Jojo, un petit allemand solitaire (qui est plus vieux dans le roman, Waititi ayant préféré un héros plus proche de l’enfance que dans le matériel originel). Sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu’imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle et grandir malgré lui.

Satire réussie

Rares sont les artistes qui osent s’attaquer à des périodes aussi sombres de notre Histoire comme celle de l’occupation et du nazisme. Si l’excellente série Lazy Company a prouvé que l’on pouvait par le biais de la satire et de la dérision, faire réfléchir sur cette période funeste de l’Histoire du monde, Jojo Rabbit pousse le curseur un peu plus loin.

Présentée comme une comédie délirante dans la veine de Vampires en toute intimité du même réalisateur, Jojo Rabbit est bien plus. Si le film mène en dérision l’absurdité et la folie de la doctrine nazie, par le biais d’un enfant – avec toute l’insouciance qu’implique le monde l’enfance – se moquant de l’idéologie de la politique d’Hitler à travers cet ami imaginaire (campé avec brio par le réalisateur en personne), Jojo Rabbit propose de célébrer par la même occasion toute l’humanité et douceur de ceux qui ont subi la guerre. Une véritable ode humaniste qui ne manque pas de générer son lot d’émotions puissantes, du rire aux larmes.

Comme un air de Wes

Avec de faux airs de Wes Anderson, Waititi propose un film unique, rempli de poésie et de douceur malgré l’horreur de la guerre et du nazisme. Il ne manque pas de scènes douloureuses et mélancoliques, de tristesse ou d’onirisme, pour mieux dénoncer l’absurdité de la guerre et de l’antisémitisme.

Taika Waititi signe un film émouvant, drôle et dépaysant, à mi-chemin entre la satire historique (comme un hommage au Dictateur de Chaplin) et la fable. Comme une Ode à la résilience humaine loin des idéologies de haine destructrice.

Dans Jojo Rabbit, on ne cherche pas à dépeindre la vie nazie, ni même aborder les ravages du nazisme sur une population lambda comme tout film de guerre. Ici, on s’attarde sur la beauté qui peut naître au milieu de la noirceur. La beauté humaine. Waititi célèbre les liens humains, ce qui unit deux êtres malgré toutes leurs différences, ainsi que la reconstruction après un épisode dramatique, qu’il soit de l’ordre de l’accident ou crime de guerre.

Douceur enfantine

Le jeune Jojo est l’élément feel-good principal de Jojo Rabbit, bien que ce dernier adhère à une idéologie aussi négative. Pétillant, frais et innocent, ce petit enfant qui pourtant a vécu de grands drames nous offre une joie et de purs instants de bonheur communicatifs dès le début du film, au milieu du chaos de la guerre, que ce soit coincé entre les inquisiteurs de la Gestapo ou le camp d’entraînement de la jeunesse nazie aux faux airs de scouts, ou dans ses échanges avec son ami imaginaire.

Si le film suit les déambulations d’un petit enfant de 10 ans obligé de grandir alors que son monde se détruit autour de lui, il est aussi une célébration du monde de l’enfance et son imaginaire. Sans conteste comédie dramatique, Jojo Rabbit est aussi un film sur l’éducation.

L’éducation d’un enfant vis-à-vis de son rapport à l’autre, notamment celui désigné dans une doctrine comme l’ennemi. Mais aussi un film qui éduque le spectateur sur l’humanisme, la bienveillance et la solidarité malgré la différence. Notamment dans des moments de guerre ou d’adversité.

Talentueux

Quand on connaît le talent de Waititi on sait à quoi s’attendre au visionnage de Jojo Rabbit. Il est un des rares cinéastes à savoir jouer de l’absurde pour analyser, dénoncer une société ou une tranche historique difficile, comme il le fait si bien dans ce long-métrage. L’absurde et le grotesque, non sans éduquer sur l’horreur de la guerre et du nazisme.

Servi par un casting 5 étoiles, avec un Waititi dans le rôle d’un Hitler plus fou que jamais (et pas dans le sens que l’on imagine), une Scarlett Johansson touchante et pleine de vie en mère résistante, Sam Rockwell dans la peau d’un Commandant Nazi déluré, chargé d’éduquer la jeunesse hitlérienne, Alfie Allen, Rebel Wilson… Jojo Rabbit est un grand moment de cinéma offert dans une réalisation colorée et pétillante.

Un film qui mérite ses nominations et récompenses, pour les émotions qu’il génère en salle, le bonheur partagé avec ce héros si doux, qui nous rappelle à quel point l’enfance est un refuge comme nul autre. A voir absolument !

Jojo Rabbit : Bande Annonce

Crédit photos : ©Fox Searchlight