Skyfall restera dans les mémoires comme le James Bond le plus sombre de la franchise, explorant des thèmes jusqu’ici effleurés comme sa relation avec M.  M. Sam Mendes signe un très beau film, un peu long certes, mais qui embarque son spectateur aux quatre coins de la planète et dans le monde de l’espionnage.

Laissé pour mort après l’échec d’une mission en Turquie, James Bond reprend du service alors que l’intégrité et la sécurité du MI6 et de M sont menacées par un ancien agent de Sa Majesté.

Sombre

Sam Mendes ne cache pas l’influence que The Dark Knight a eu sur Skyfall. Il nous offre donc un James Bond sombre et violent, dans ces thèmes et dans sa photographie. Daniel Craig y apparait sous les traits d’un James Bond fatigué, alcoolique et limite dépressif qui n’aurait certainement pas repris du service si le MI6 n’était pas directement en danger.
La prestation de Craig est impeccable et il est difficile de savoir s’il est dans le rôle ou si c’est son âge qui le fait apparaître si fatigué. Avare d’émotion, son James Bond ne sourit pas, ne pleure pas. Un vrai tueur de sang froid, le meurtre étant son métier comme il le fait remarquer pendant son entretient psychologique.

Machiavélique

À l’opposé de James Bond se trouve Silva interprété avec brio par Javier Bardem, qui devrait se spécialiser dans les rôles de méchants charismatiques. Après No country for old men, il joue ici l’un des meilleurs ennemis de James Bond et certainement le plus crédible. Sa prestation est mesurée et humaine et ses motivations sont totalement légitimes. Une bonne trouvaille narrative qui revigore la franchise et change des habituels méchants obsédés par la conquête du monde. Silva et Bond sont les deux faces d’une même pièce, chacun vivant la trahison de M d’une façon différente. Silva est subtile là où Bond est brute et violent. Machiavélique, il a une longueur d’avance pendant tout le film. Et en tant que spectateur ça s’apprécie.

Esthétique

Ce James Bond est certainement l’un des plus beaux films de l’année. La photographie et les décors subliment certains plans. Les silhouettes se découpent dans la lumière des néons à Shanghai ou dans les flammes en Écosse. Le repère de Silva ressemble aux limbes du dernier niveau d’Inception, vide et dépourvu de vie. L’arrivée de James à Macao sur une pagode est parfaite et rend à Bond fraîchement rasé un standing qui lui échappait depuis le début du film. Le travail du directeur de la photographie Robert Deakins égale ici celui de Wally Pfiser sur la trilogie de Christopher Nolan.

 Les  (Re)Nouveaux

Skyfall renoue avec de nombreux aspects des anciens James Bond, mais avec un nouvel angle. Le nouveau Q (Ben Whishaw, Le Parfum) le fait remarquer à Bond, ce n’est plus l’époque des stylos explosifs mais bien celle de l’espionnage digital. Un nouveau Q prometteur, tout comme le sont Naomie Harris (Calypsos dans la trilogie Pirates des Caraïbes), dans un personnage destiné à revenir dans les prochains films, et Bérénice Marlhoe qui aurait mérité plus de temps de film.

Terminé les gadgets, dans ce Bond, l’espion préféré de la Reine Mère a juste un pistolet et une radio. Simple, mais efficace, loin de l’Aston Martin invisible de Meurs un autre jour. La dernière scène du film renoue avec les premiers James Bond et nous rappelle que l’espion 007 fait ce métier depuis 50 ans déjà.

Avec Casino Royale puis Quantum of Solace, les James Bond deviennent de plus en plus sombres. Skyfall marque un pas, voire deux de plus dans cette direction.

Le temps nous dira ce que réservent les prochains James Bond peu importe la couleur de peau de son interprète.

 Skyfall – Bande Annonce #1 – VF

©Sony Pictures