Mind Games : avec de gros sabots

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2.0

Critique de la nouveauté de ABC Mind Games, trop peu subtile pour le sujet.

ABC proposait hier soir encore un nouveau drame à 22h : Mind Games avec Christian Slater et Steve Zhan dans les rôles principaux. Créée par Kyle Kitten (Lone Star, Awake), la série suit deux frères qui ouvrent une agence en consulting bien spéciale. Ils se proposent de règles les petits et grands problèmes des gens en utilisant l’art de la manipulation et des sciences comportementales. Deux frères qui ont une relation très complexe. L’un, Clark (Zhan) est un psychologue de génie mais bipolaire, l’autre, Ross (Slater) est un ancien arnaqueur tout juste sorti de prison. Un concept intéressant, surtout que, pour une fois à la télévision, c’est un homme qui est atteint de bipolarité et non une femme. Cela auraît pu être rafraîchissant si cela avait été correctement utilisé.

Le premier épisode de Mind Games est efficace dans le sens où il répond à toutes les exigences d’un pilote : les personnages sont bien présentés, les diverses intrigues établies, les fils rouges déjà mis en place et les diverses relations entre les personnages sont déjà bien dessinées. Il ne manque qu’une chose : exposer clairement en quoi consiste vraiment les jeux de manipulations des frères Edwards. Kyle Kitten oublie que chaque téléspectateur n’est pas forcément un spécialiste des sciences humaines et psychologie comportementale. Si on arrive à comprendre que le but de Clark et Steve avec leur petite entreprise est d’aider leur client en manipulant d’une manière ou d’une autre leurs opposants, il devient bien difficile de comprendre comment ils y parviennent et surtout qu’ils se basent sur de réelles recherches.

Mauvais choix

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Dans Mind Games Steve Zhan joue un bipolaire et génie très convaincant. Trop convaincant puisque Clark est, comme tout génie qui se respecte, clairement dans son monde. Il est souvent très nerveux, et crie, parle très vite, de préférence en multipliant les grands gestes et autres mouvements parasites qui distraient le téléspectateur. Ainsi tenter de comprendre les théories énoncées par Clark alors qu’il est en plein milieu d’une crise relève d’une gageure. Kitten aurait dû laisser l’exposition à un autre personnage, ou bien montrer que Clark a besoin de son frère pour être compris par les autres et pouvoir fonctionner en société. Malheureusement, Kittenl a choisi de laisser une bonne partie de l’exposition sur les épaules de Zhan. Ainsi si le téléspectateur voit bien que l’un est manipulé et comment il est manipulé, il ne sait pas vraiment pourquoi ça marche, et aura tendance à remettre en doute la crédibilité déjà fragile de Mind Games. Mentalist ou Lie To Me ont déjà montré ces techniques de manipulations et de manière bien plus claire.

Il faut espérer que par la suite de la série, l’exubérance et les crises de Clark soient beaucoup mieux utilisées et à des moments mieux choisis. On peut aussi espérer qu’il y ait moins de hurlements. Si on comprend bien que les deux frères ont une relation très intense faite de « Je t’aime moi non plus » et qu’ils sont pratiquement co-dépendants, bien malgré eux, on a l’impression qu’ils ne peuvent pas se parler sans se hurler dessus. Cela devient très fatiguant au bout de 43 minutes.

Trop de bons sentiments

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Mind Games souffre aussi d’une volonté de beaucoup trop jouer sur l’émotionnel. Entre la relation entre les deux frères, les relations amoureuses qu’ils entretiennent (ou non), et l’affaire de la semaine où ils sauvent un jeune adolescent en convaincant une mutuelle de couvrir son opération cardiaque expérimentale, on voit très bien que Kitten veut jouer sur la corde sensible du téléspectateur. A tel point que ça devient pesant. Le secret d’une bonne manipulation, surtout de téléspectateurs, est d’être discrète. Ici, c’est raté.

Mais la subtilité est aux abonnés absents dans Mind Games. Clark montre combien il est fou en déplaçant et retournant des meubles régulièrement, Ross dévoile combien il est un manipulateur mais a très très peur que son frère l’abandonne des manières les plus visibles qu’il soit. De plus, on nous demande d’accepter l’idée que manipuler le comportement des gens c’est une bonne chose, parce que ça peut sauver des petits enfants malades (et noirs, de préférence). On voit aussi déjà se dessiner les complications diverses et variées et on peut déjà prévoir les réactions de certains personnages lorsque des vérités seront dévoilées. Une série qui semble prévisible dès la fin de son pilote part sur un mauvais pied.

Mind Games a cependant un certain potentiel, puisque ces défauts peuvent être facilement gommés après le pilote. Mais le public américain lui en laissera visiblement pas la chance. Ce premier épisode n’a été suivi que par 3,6 millions de téléspectateurs pour 1,1% des 18-49 ans.

Crédits Images : ©ABC

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