Un décès, un drame, un enfant hors du commun pour un film fort en émotions dramatiques.

Adapté du roman de Jonathan Safran Foer, Extrêmement Fort, Incroyablement Près, c’est l’histoire du petit Oskar, orphelin de père à la suite des attentats du 11 Septembre 2001. Oskar est convaincu que son père, décédé lors des attaques sur le World Trade Center, lui a laissé un ultime message dissimulé quelque part dans la ville. Se sentant délaissé par sa mère en deuil et guidé par un esprit bouillonnant qui refuse de croire en ce qu’on ne peut observer, Oskar part explorer New York à la recherche d’une serrure, celle-là même qui correspondrait à une clé mystérieuse trouvée dans le placard de son père. Son voyage dans les cinq quartiers de New York lui permet de dépasser son propre chagrin pour acquérir une meilleure compréhension du monde observable qui l’entoure.

Un garçon pas comme les autres

Oskar n’est pas un petit garçon comme les autres. Surdoué, il entretient une relation particulière avec son père qui tente de l’aider à vivre dans ce monde qui lui fait peur, qu’il ne maitrise pas et qu’il comprend parfois mieux que d’autre. Aventurier, ce petit garçon de 9 ans, voit sa vie rythmée par son père, proche de ce dernier avec qui il découvre le monde.

Mais la tragédie qu’il va subir va le forcer à faire face à lui-même et grandir sans celui qui, non seulement le protégeait, mais l’aidait à affronter ce monde qui, malgré son étrange acuité à le percevoir, lui reste étranger. Plus qu’une perte paternelle classique, Oskar va devoir tenter de vivre son deuil avec toute une nation, tout en dépassant ses peurs les plus insurmontables avant de se reconnecter avec sa mère, avec qui il n’a pas la complicité partagée avec son père. Cette quête, aussi futile et insensée qu’elle puisse être, n’est qu’un prétexte pour l’enfant de tenter d’avoir un dernier appui de celui que le destin a décidé de lui retirer. Une quête qui le mènera à déchiffrer et comprendre l’étrange histoire de son père et de son grand-père et se reconnecter avec toute sa famille.

Un scénario authentique

L’authenticité est ce qui frappe dans ce film. Non, on ne parle pas des évènements du 11 septembre que toute une planète a vécu, mais l’authenticité concernant le deuil et le chemin d’acceptation d’une perte familiale majeure à un âge très jeune. Ici les attentats ne sont qu’un prétexte pour mettre en valeur la perte du père et la tragédie familiale qui peut en découler. L’évènement en soi, la destruction des tours n’a plus vraiment d’importance dans la trame narrative et n’est effleuré qu’à travers quelques flashbacks et les messages du défunt laissés sur le répondeur. Le drame en soi, le « pire jour » comme l’appelle Oskar est le décès de son père, peu importe la façon, qu’il se refuse d’admettre : pour preuve Oskar s’inflige des pincements pour être sûr de ne pas rêver. Un père qui prenait tellement de place dans sa vie, un appui, désormais disparu. Toutes les rencontres au cours de son périple dans ce voyage initiatique, les Blacks ou le sourd qui vit chez sa grand mère, à travers New-York vont l’aider à avancer vers l’acceptation et la reconnexion avec sa mère, qu’il rejette. Un schéma de drame familial assez classique, qui à coup sur décrochera des larmes aux spectateurs et encore plus à ceux qui ont vécu une tragédie similaire (ndlr : oui nous avons pleuré du début jusqu’à la fin) – une torture émotionnelle qui décroche sourires et larmes dans une succession de scènes aussi lyriques que dures à supporter, parfois assez clichées, portées par ce petit garçon dans une intensité dramatique hors du commun.

La clef

La clef comme métaphore d’une porte vers une dernière et ultime connexion avec un père qui a disparu est un prétexte pour célébrer la variété, la diversité et la grandeur de New York, un personnage aussi important que celui d’Oskar. À travers cette ultime aventure d’un petit garçon en deuil, le film célèbre la population de cette ville qui est aussi meurtrie que ce petit garçon. Meurtrie, mais unie dans un deuil que tout le monde partage, mais que le petit garçon refuse de partager. Un deuil irrationnel dont la clef de guérison n’est que l’acceptation de cette mort, aussi irrationnelle et injuste puisse-t-elle être.

Parfois un peu lisse et assez facile dans le traitement de la thématique centrale, le film n’en reste pas moins poignant. Une réalisation dans des décors New-Yorkais irréprochable portée par une musique d’Alexandre Desplat profonde et forte en émotion. On déplore malheureusement le rôle peu exploité de Sandra Bullock (la mère), qui n’est pas assez mise en avant sauf dans les scènes finales ou elle finit enfin par recréer un lien maternel avec son enfant. Allez on prépare les mouchoirs et on y va le coeur lourd pour en ressortir léger et ce malgré tout le pathos servi dans ce long métrage sur la tragédie du 11 septembre 2001.

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