Après  Les Hommes du président, d’Alan Pakula, ou Spotlight de Tom McCarthy, Pentagon Papers et l’autre grand film qui célèbre la presse et le sacerdoce de ceux qui ont dédiés leurs vies et carrière à l’information.

Spielgerg : conteur des temps modernes

Le pitch du film est clair : Première femme directrice de publication d’un grand journal américain, The Washington Post, Katharine Graham s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times, qui mène ses propres investigations.

Ces révélations concernent les manoeuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis.

Féministe, engagé, depuis quelques années Steven Spielberg, l’Entertainer, Papa de E.T, de Jurassic Park, Des Dents de la Mer… le raconteur de belles histoires et d’émotions, cherche a être encore plus engagé dans ses réalisations, sur les sujets qui le touchent. On l’a vu très tôt avec la Liste de Schindler, Lincoln, Le Pont des Espions…. Un réalisateur qui a envie de raconter des histoires inspirées de faits réels, sur des sujets importants. Et c’est une fois de plus le cas avec Pentagon Papers.

Un film très actuel

Pour ceux qui ne le savent pas, Steven Spielberg a repoussé l’un de ses films pour réaliser Pentagon Papers, suite à l’investiture de Donald Trump à la présidence des USA, vu le caractère urgent des sujets et thématiques traités dans le film. Alors que le président Trump cherche à museler la presse qui ne le brosse pas dans le sens du poil, à coup de refus d’accréditation et de censure, Spielberg, lui, tente avec Pentagon Papers de rappeler l’Amérique et le monde à l’ordre concernant la liberté de la presse et de la vérité, tout comme le besoin fondamental de lui accorder une liberté inconditionnelle.

Mais surtout le caractère primordial de protéger ses droits inscrits dans la constitution. Il le rappelle avec une histoire bien réelle, celle du Washington Post et des Pentagon Papers, avec deux personnes qui ont été elles-mêmes très engagées, portés dans le film par Meryl Streep et Tom Hanks : Katharine Graham, et Ben Bradlee.

Rappel à l’ordre et célébration de la presse

Un film captivant et engageant qui célèbre ces journalistes d’investigation, les équipes de rédaction, les newsrooms et tous ceux qui ont dédié leur travail et carrière à l’information et la vérité. Avec une plongée dans une époque oubliée, celle des grosses machines d’impression, des journaux papiers, des machines à écrire, des téléphones à pièces et enquêtes interminables, entre recherches de sources et décryptage de documents de milliers de pages en papier, loin des moteurs de recherche et autres raccourcis de navigation comme Ctrl+F.

A l’heure d’internet et des fakes news, Pentagon Papers rappelle le véritable travail d’investigation et de vérification d’une information. Spielberg essaie aussi, avec Pentagon Papers, de rappeler aux spectateurs que l’histoire se répète, et que ces médias, ces journaux, que certains fustigent ou accusent de dissimuler la vérité, n’ont pour but que de la transmettre et la révéler au monde, notamment concernant des affaires d’états et sensibles. Peu importe le prix et les dangers. Et ce, bien avant Wikileaks, LuxLeaks ou les Panama Papers.

Sexisme et féminisme

L’autre sujet important du film, porté par une Meryl Streep, encore plus étonnante dans son jeu que jamais (comme quoi elle pourra toujours étonner le spectateur malgré autant de récompenses), est la place des femmes dans le travail. Surtout à des postes décisionnaires.

Si l’intrigue se déroule dans les années 70, en pleine époque des débuts  mouvements de libération de la femme, il n’en reste pas moins très actuel. Les états du personnage de Kat Graham, arrivée à un poste qui ne lui était pas destiné puisqu’elle est une femme, ont une résonance criante avec la difficulté et la place des femmes à des postes importants, encore aujourd’hui.

Tais-toi et fais ce qu’on te dit

Certaines scènes et autres séquences parleront à beaucoup de femmes et jeunes femmes aujourd’hui, qui ont encore du mal à imposer leur place et voix dans des milieux très masculins, ou décisionnaires. À l’heure du manque de parité au gouvernement et de l’écart des salaires entre hommes et femmes pour les mêmes postes, Spielberg tente de dénoncer des pratiques qui datent d’époques que l’on imagine révolues, mais qui existent encore et toujours.

Le combat de Kate Graham pour s’imposer et imposer ses décisions, avec courage face à tous ces hommes qui tentent de la diriger, la faire taire ou manipuler, est un combat qui parlera à beaucoup, et qui en ces temps de libération de la voix féminine concernant l’harcèlement sexuel au travail, ou en pleine semaine de Marche des Femmes aux USA, est un exemple pour un véritable rappel féministe et engagé de la part du réalisateur.

Production 5 étoiles

Avec un casting 5 étoiles, 3 géants du cinéma en un seul et même long-métrage, il est difficile de ne pas s’engager dans Pentagon Papers dès le début du film. Spielberg oblige, la réalisation est bien évidemment indiscutable et parfaite pour le sujet du film, dans des décors et costumes d’époque impeccables au détail près.

Le tout sublimé qui plus est par des mélodies signées par le grand John Williams, au autre grand nom du cinéma et musiques de films. Des mélodies et une composition classique pour Williams, mais si parfaite et en adéquation avec la vision du réalisateur, pour un film de cachet comme on en voit rarement à notre époque. Un film renouant avec une certaine tradition de cinéastes, loin des blockbusters et autres remakes d’aujourd’hui.

Pentagon Papers : Bande Annonce VOST

Crédit photos : ©Universal Pictures