Mercredi : Academie de Teens classique sauce Addams

0

2.5

Bilan d’une première saison pour la nouvelle série de Netflix, Mercredi, inspirée de la franchise Famille Addams et portée par un grand nom du cinéma : Tim Burton. Une série classique de la firme, pimpée  gothique 

Nouvelle itération inspirée des personnages imaginés par Charles Addams en 1938 sous forme de cartoon dans le célèbre magazine américain The New Yorker, Mercredi (Addams) débarque sur les écrans aujourd’hui de Netflix, pour le plus grand bonheur des amateurs de mystères et d’enquêtes teenagers. Un peu moins pour les fans et puristes de l’univers de la famille Addams, ainsi que celui de Tim Burton.

La famille Addams est désormais inscrite en véritable culte populaire dans l’inconscient collectif. A l’annonce d’une série autour de la petite iconique Mercredi, jadis incarnée par Cristina Ricci dans les années 90, avec à la réalisation et production Tim Burton accompagné de son compositeur de toujours, Danny Elfman, on s’attendait à une véritable réinvention et revisite de la famille macabre sur le petit écran.

Pouvoirs, Academy et enquête mystérieuse

Si en termes de réinvention, Mercredi propose une intrigue qui n’a rien à voir avec ce que l’on aurait imaginé, entre surnaturel et enquête paranormale mystérieuse, l’esprit de la famille Addams n’est pas au rendez-vous.

Infusée de mystère et de surnaturel, la série suit les aventures de Mercredi Addams, désormais étudiante à la Nevermore Academy. Alors qu’elle apprend à dompter ses nouveaux pouvoirs psychiques, la jeune fille doit aussi déjouer une série de meurtres monstrueux qui terrorisent la ville, et résoudre le mystère auquel ont été mêlés ses parents il y a 25 ans, le tout en tentant péniblement de nouer de nouvelles relations au sein de Nevermore.

Pimp my academy series

Dans Mercredi, portée par l’héroïne incarnée par Jenna Ortega, habitée par ce rôle, on retrouve les tropes habituels de plusieurs autres créations originales de Netflix : Une académie, une adolescente rebelle et paria, loin de la norme, des élèves aux antipodes de l’héroïne qui finiront par être ses amis après avoir été ses rivales, un triangle amoureux, et un mystère à résoudre seule ou ensemble.

Un peu comme Riverdale, Sabrina, La saga Winx, Greenhouse Academy, Elite…etc, Mercredi nous propose une nouvelle série dans une école privée, avec tous les clichés habituels qui vont avec. Au visionnage de ses 8 épisodes, Mercredi est clairement une de ces séries, pimpée sauce Addams.

Sans surprise

Et même si la série se distingue d’autres vis-à-vis des détails narratifs et du cachet gothique, puisqu’il s’agit de la franchise et imaginaire Addams, une certaine lassitude se ressent au fil du visionnage, face à une intrigue balisée au possible, sans surprise réelle, si ce n’est de suivre l’évolution de l’héroïne dans sa quête d’un assassin, ou monstre qui lui veut du mal.

Pourtant, Mercredi ne manquait pas de bonnes idées, ou de qualités, notamment celle de se concentrer sur un personnage iconique comme celui de Mercredi, pour explorer tout son potentiel sur plusieurs épisodes. Quitte à la voir évoluer ou découvrir des facettes de sa personnalité comme jamais vu auparavant, que ce soit dans les films de Barry Sonnenfeld, les séries TV des années 60, 70 ou 90, ou les diverses adaptations en animation de la famille.

Ado rebelle

Ici, au-delà de son style gothique et son désintérêt des téléphones portables et autres technologies de notre monde, ainsi que des pouvoirs de vision – nouveauté intégrée ici au personnage histoire de servir une intrigue de mystère somme toute classique – Mercredi est une ado comme beaucoup d’autres.

Une paria rebelle, qui ne répond à aucune autorité, indépendante mais qui va découvrir qu’elle ne peut survivre sans ses congénères. Une jeune fille qui découvre les sentiments amoureux, tout en étant en conflit direct avec sa mère. Et une jeune femme qui, réfractaire à son arrivée, va adorer sa nouvelle vie dans une école privée.

Pur produit Netflix

Une histoire classique, saupoudrée par un peu de macabre, modernisée et lissée au possible histoire de coller au cahier des charges de Netflix. Car oui, Mercredi est un pur produit Netflix dans ce qu’il y a de plus classique pour la firme de streaming, bien qu’inspirée d’une franchise populaire avec ses propres codes et genre.

Côté genre, on déplore vivement l’absence de comédie et de fun comme le veut la tradition Addams. Même la Chose, revue et corrigée par Tim Burton, puisqu’elle a été rafistolée visiblement, n’est qu’un sidekick plus qu’un personnage avec son identité.

Anti-conformiste… mais pas trop

La famille Addams, notamment au cinéma, c’était une véritable critique du conformisme et de l’Amérique capitaliste et son American dream, tant visuellement que narrativement.

Ici, le seul conformisme dont il est question est celui de l’adolescence et ses clichés gothico-macabres, dans une académie de monstres. On ne s’attendra donc à aucune réelle comédie satirique sur les personnages autour de Mercredi, alors que la famille Addams à l’origine, existe pour souligner l’absurdité de ce que l’on considère comme normal dans une société. Ici, elle est une élève banale, comme toute les autres, sauf qu’elle refuse de les fréquenter, dans une école à côté d’une ville américaine classique dont on ne questionne pas grand chose.

Les brèves apparitions du reste de famille Addams, de Morticia incarnée par Caterine Zeta Jones (qui n’arrive pas à la cheville d’Angelica Huston soyons honnêtes) à Gomez ou Pugsley, dans certains épisodes, sont de l’ordre de l’anecdote ou nécessaires à une quelconque avancée de l’intrigue. Même l’oncle Fester manque de piquant et de fun, pour être présenté ici comme un looser clepto qui a besoin d’une planque, au moment où notre héroïne se retrouve abandonnée par ses pairs.

Mais où est Burton ?

Côté réalisation, bien que Tim Burton soit à la barre sur 4 épisodes, l’univers classique de l’artiste cinéaste est quasi absent. Si l’on retrouve dans les traits de Jenna Ortega en Mercredi tout ce que le réalisateur aime chez ses personnages féminins : traits maigres, teint blafard, grands yeux… si ce n’est le design du monstre central de la série, le gothico-macabre burtonien est timide tout du long de la série au delà du cliché du manoir et de la garde robe moderne noire et blanche de l’ado.

Ce qui renforce les défauts de Mercredi, notamment celui de ressembler à beaucoup d’autres productions Netflix du même acabit. Cependant, la composition musicale de Dany Elfman est rafraichissante et offre une ambiance particulière quand elle se laisse entendre dans la série. Elle porte notamment certaines scènes, ce qui n’est pas négligeable.

Conforme à Netflix

En somme, Mercredi est une adaptation de la famille Addams qui n’en est pas vraiment une, puisqu’elle semble être un clone des productions habituelles du géant du streaming. Pour une série inspirée d’une franchise qui célèbre l’anti-conformisme, on se retrouve avec une création originale par Alfred Gough et Miles Millar – spécialiste de séries pour ados – conforme aux oeuvres de ses studios.

Les amoureux de Tim Burton, ou de la Famille Addams au cinéma ou ailleurs seront sans conteste déçus, alors que ceux qui ont adoré Riverdale ou Sabrina, retrouveront tous les éléments qu’ils aiment. Qu’on ne se méprenne, la série reste divertissante, mais loin du potentiel de sa franchise. Reste à savoir si Mercredi convaincra assez de spectateurs, pour offrir une saison 2 moins devinable et plus proche de l’esprit Addams.

Crédit photos : ©Netflix.

Mots-clefs, ,

Partager