Ce dimanche à 20h35, France 4 propose le second film issu de la franchise X-Files : Régénération. Brain Damaged vous offre une critique avisée du film.

X-Files, c’est le culte des années 90. Une série qui aura changé le paysage audiovisuel en son temps et qui aura tanné ses téléspectateurs à coups de mystères, de monstres en tout genres, de conspirations gouvernementales et d’aliens pendant près de 10 ans. Créée par Chris Carter, X-Files Régénération c’est le retour pour la seconde fois de la série au cinéma.

Au delà du fait qu’il est très agréable de revoir Mulder et Scully à l’écran, ce second opus est une véritable déception pour  les puristes et les spectateurs lambdas. Un film qui explore beaucoup trop le Shipperisme et dans lequel on ne retrouve pas la marque de la série. Ceux qui connaissent la série d’origine en dilettante auraient tendance à rester sur leur faim lorsque le film s’achève puisque bien en-dessous de la première adaptation au cinéma de la série culte anciennement connue sous le nom de Aux Frontières du Réel. Un long métrage pondu par Chris Carter et Frank Spotnitz assez faible, mal écrit, pour une réalisation sans finesse ni réel effort.

Des visions de monstre pas très monstrueuse

L’histoire développée dans ce film, à savoir une espèce de Frankenstein des temps modernes, aurait pu être plausible et intéressante, voire effrayante. Mais malheureusement cela a été mal mis en scène que ce soit scénaristiquement ou visuellement par manque de temps, d’argent…? On ne le saura jamais. Rien n’est clair dès le début et aucune scène n’est exploitée à son paroxysme, pour effrayer et faire réfléchir le spectateur, comme a pu le faire la série dans le passé. Une histoire qui aurait pu être bonne si elle avait été écrite intelligemment, en profondeur et non dans l’urgence puisque le film a été commandé par la Fox trois mois avant le début de tournage, le script écrit et révisé en un temps record. Au bout d’une 1h10 de film, on ne comprend toujours pas pourquoi ce pseudo Frankenstein tente de se greffer un corps de femme, pourquoi ces expériences, et pourquoi ni comment le Père Joe arrive à avoir des visions en rapport avec ces meurtres. Ces réponses ne sont données que quelques minutes avant la fin du film. L’idée de mettre en corrélation l’intrigue de Scully dans son hôpital tentant de soigner un petit garçon atteint d’une maladie dégénérative avec celle du monstre et des visions du Père Joe aurait pu être bonne, mais une fois de plus, ce n’est pas exploité correctement, c’est bâclé, expédié au dernier moment, sans même comprendre le rapport entre cette procédure de cellules-souches régénérées dans le cerveau du gamin avec la greffe de corps du Russe agonisant atteint d’un cancer… Scène hilarante d’ailleurs : le spectateur aura la chance pour une fois de voir Scully, chirurgienne, préparer son opération en faisant de simples recherches sur Google ( WTF ?!). Côté acteurs, Duchovny et Anderson n’ont plus l’alchimie  du passé, ni aucun équilibre de jeu. Tous deux pourtant bons acteurs, apparaissent pétrifiés d’ennui  dans beaucoup de scènes, voire absents… Ce qui est bien dommage !

La vérité est ailleurs…Scully aussi

Quand Mulder reste fidèle à lui même, obnubilé par le monde de l’étrange et l’occulte, le personnage de Scully, lui, a beaucoup changé. Celle qui commençait à croire au paranormal les deux dernières saisons de la série est redevenue sceptique et est désormais médecin dans un hôpital religieux. Plus de FBI, elle vit avec son Mulder dans un trou perdu de la campagne américaine. Une Scully rationnelle de retour plus scientifique que jamais, mais qui est tiraillée entre sa foi et sa rationalité une fois de plus, entre son envie de suivre la quête de Mulder et la volonté de résister à cela. Une dynamique propre à ce couple d’Agents du FBI, mais qui n’a malheureusement plus aucun sens surtout quand on connait la mythologie, la fin de la série, et l’évolution du personnage. Une Scully perdue, presque dépressive comme elle l’a été en fin de série. Peut-elle croire que la seule puissance en qui elle a foi et pour qui elle a dédié son savoir et son travail (elle exerce dans une institution religieuse ne l’oublions pas) est capable de pardonner les pires atrocités, à savoir la pédophilie du Père Joe, et puisse s’exprimer à travers lui ? Ce qu’on l’on définit chez les humains comme étant la personnification du diable et de l’horreur, peut-il obtenir le pardon divin ? Elle tente d’accepter le don de l’ancien prêtre, pour sauver les victimes du russe mais aussi afin de savoir si elle pourra sauver l’enfant qu’elle soigne, le petit Christian (une fois de plus le nom du petit n’est pas choisi au hasard « Christian » référant au catholicisme et une fois de plus à la religion, le Christ… ). Des questions d’ordre philosophique sont posées, mais que très peu et surtout de manière très discrète dans certains dialogues, chez certains personnages, qu’on ne décèle que si l’on s’inflige un second visionnage (et le cerveau n’est pas maso, même s’il avoue s’en être tapé 4, pour être sûr de ne pas rêver…).

Pour les fans avant tout

Le réalisateur et le studio ne l’ont pas caché à sa sortie : le film a été produit essentiellement pour les fans.  Avec un nombre incalculable de clins d’œil et de jeux visuels qui ont été parsemés dans le film pour les fans, certains spectateurs auront du mal à suivre. Sachant que le Fandom de la série est essentiellement féminin et shipper, on peut imaginer que le choix de focaliser l’intrigue sur la romance entre ces deux personnages désormais mythiques est régi par l’envie de satisfaire les fans avant les spectateurs. Un jeu de piste pour les addicts très divertissant, puisque quand on a suivi la série pendant 9 ans, le fan retrouve un semblant de ce qui a pu générer l’addiction durant les années 90. Le cerveau est par contre très déçu par la scène post-générique, ridicule et complètement insensée, clin d’oeil final pour les fans… Une scène inintéressante aussi bien au niveau de l’intrigue du film, du couple, de la série, aux allures de blague ratée. Malheureusement à trop vouloir contenter les fans, l’histoire en pâtit…

X-Files Régénération, un film à part, qui on l’espère ne ternira pas le culte qu’a pu l’être la série des années 90 ! Ce Dimanche 20 Novembre, à 20h35 sur France 4.

 

Crédit photos : 20th  Century Fox 2008