Le réalisateur du sublime Lost City of Z et Two Lovers revient en salle dans une épopée spatiale portée par un grand acteur : Brad Pitt. Une histoire sombre de conquête et recherche du soi, de deuil et d’apaisement qui flirtes avec les étoiles. La critique.

L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.

Portrait intimiste

Ad Astra est, avant d’être une épopée spatiale solitaire dans la lignée d’un certain Gravity, le portrait intimiste d’un homme en recherche du soi. Un homme qui coche toutes les cases du fantasme masculin américain (à savoir : grand beau caucasien monolithique, analytique et militaire de surcroît), qui au fil du film va se découvrir et faire face à tout ce qui a pu régir sa personnalité depuis sa plus tendre enfance.

Un homme qui va faire une réflexion sur lui-même au fil des évènements auxquels il va devoir faire face, pour un héros plus humain que jamais. Un héros en quête de sens et de compréhension, notamment vis-à-vis du fantôme du père, un grand héros national (incarné par un Tommy Lee Jones remarquable) – lui-même militaire et astronaute comme Roy  –  et l’abandon de ce dernier.

Brad Pitt : l’astre du film

Campé par un Brad Pitt qui se révèle au fil des séquence tout en fragilité, le héros de cette histoire spatiale – loin des schéma classique du space opéra – va découvrir son humanité quand enfin il va faire face aux choses qui l’ont hanté, héritées par sa famille et déconnecté des autres. Un voyage dans les étoiles très inspiré par Campbell, avant de le ramener sur Terre près de ses semblables, après avoir enfin retrouvé sa propre humanité.

Comme une aventure psychanalytique, cette histoire d’abandon et de lien filial entre un père et son fils, un classique du cinéma, propose une véritable réflexion sur la solitude et notre condition humaine. Une psychanalyse offerte par un Brad Pitt loin de ce qu’on connait, parfois monolithique, parfois petit enfant vulnérable, souvent époustouflant dans Ad Astra. Son interprétation de Roy est assez époustouflante, notamment dans la seconde partie du film, à partir du moment où le personnage commence à accepter de faire face à ce qui le hante psychologiquement avant la renaissance et la découverte d’un nouveau soi.

SF inspirée

Avec Ad Astra, James Gray s’essaye pour la première fois à la science-fiction. Si clairement le film s’inspire du parcours du héros d’Apocalypse Now ( bien qu’il soit moins nuancé), l’influence marquante et marquée pour ce long-métrage serait 2001 : l’Odyssée de l’espace. A l’image du film culte, Ad Astra propose un voyage dans les étoiles plus vrai que nature, moins tape à l’œil que d’autres production du genre, d’un réalisme époustouflant.

Vision futuriste contemporaine

Avec quelques soupçons d’esthétique à la Blade Runner, Ad Astra propose une vision très contemporaine et plausible de l’espace, dans un futur plus ou moins proche, inspiré par notre temps. Les décors et costumes, que ce soit sur Terre, Mars ou la Lune sont plus plausibles que jamais, permettant une immersion assez forte dans cet univers qui nous est étranger.

Bien que la musique soit le grand bémol dans cette production plus que réussie et léchée, James Gray réussi à s’approprier des esthétiques connues pour les mêler à la sienne, afin de proposer une expérience spatiale plus vraie que nature, notamment dans un film aussi intimiste, loin de tout explosions, effets spéciaux et autres ressors de blockbuster.

Universel mais Impersonnel

Ad Astra est une belle réalisation et expérience cinématographique, mais il possède quand même quelques défauts pour un film qui aurait pu flirter avec la perfection.  Si le voyage psychanalytique de ce héros plus humain que jamais n’est pas déplaisant, le Cerveau regrette le détachement entre le spectateur et ce dernier. Pour un sujet universel comme l’abandon du père et la solitude, on regrette le manque d’émotion pour un film qui se rapproche du manuel de psychanalyse plus que de l’expérience humaine, rendant le film un poil impersonnel malgré son sujet.

L’autre regret concerne le parti-pris nihiliste qui malheureusement est oublié en fin de film. Au cours de l’expédition de Roy, chaque séquence ou instant au fil de ses étapes propose une catastrophe, qui forcera le personnage à faire face à lui-même et se comprendre.

Si l’on comprend le choix de finir sur une note positive, axée sur l’humain plus que la recherche extra-terrestre (la morale étant d’avant chercher dans les étoiles, concentrons-nous sur l’humanité), la dernière séquence très happy-end gâche un peu l’aventure spatiale tendue, rythmée et successivement chaotique du héros.

Ad Astra reste cependant un très bon film, qui sublime Brad Pitt, dans un registre loin de ce que nous connaissons de lui. Une belle expérience cinématographique à découvrir ce 18 septembre en salle.

Ad Astra bande annonce VOST

Crédit photos : ©Fox Searchlight