Ce mercredi, les fans du Roi Lion vont rugir de plaisir avec le remake « live » (mais en animation quand même) du dessin animé culte de Disney. Simba et ses amis reviennent sur les écrans dans un remake très fidèle. La critique.

C’est l’un des plus grands succès de Disney, avec un box-office à sa sortie en 1994 dépassant les 320 millions de dollars,  Le Roi Lion revient en salle ce mercredi, pour un remake en « live-action » (bien que techniquement ce Roi Lion est plus en images de synthèse qu’en décors réels.). Quid du remake de l’un des dessins animés les plus aimés des années 90, madeleine de Proust de beaucoup de petits désormais grands ? La nostalgie sans magie, tel est ce qui nous attend en salle.

Le cycle éternel du remake

C’est l’histoire de la vie. Le cycle éternel. Celui du Remake. Lancé dans un cycle de réinvention et remake de ses classiques les plus cultes, de Cendrillon, en passant par Aladdin dernièrement, Disney propose sa nouvelle « vision » du Roi Lion. Une vision plus « réaliste » livrée par Jon Favreau à la réalisation, qui avait déjà fait le bonheur des studios de la souris aux grandes oreilles avec son interprétation très émouvante et réaliste du Livre de la Jungle.

Favreau : Roi de la savane de synthèse

Avec ce remake, le réalisateur expose à nouveau son talent derrière la caméra, en proposant un véritable safari visuel, éclatant de réalisme et d’une beauté incontestable. Les images, pourtant générées par des logiciels de synthèse, sont d’une vraisemblance à couper le souffle. On ne saurait distinguer les prises de vues réelles de celles issues d’un ordinateur.

Certaines séquences sans dialogues au cœur de la meute de lions pourraient mêmes s’apparenter au genre documentaire par leurs détails, tant côté nature morte, que chez nos amis félins. Sur le plan de la réalisation, il n’y a pas à dire, Jon Favreau est à hauteur de ce qu’on attendait après son Livre de la Jungle.

Réalisme sans magie

Cependant, le réalisme a un coût : celui de la magie. Certains choix scénaristiques dans un souci de vraisemblance évidemment, ont effacé le symbolisme et la magie si propre au Roi Lion. Un prix à payer pour un Disney bien moins émouvant qu’il aurait pu l’être, et qu’il l’était.

Certains puristes pourraient même être déçus, si l’affection qu’ils portent pour Le Roi Lion réside essentiellement sur le rapport émotionnel bien plus que visuel. Le réalisme à tout prix est d’autant plus étonnant pour un film où des lions sont anthropomorphisés, dans une comédie musicale animée. Pourtant c’est bien ce qui a été choisi pour ce remake.

Copié-collé

Si la réalisation propose beaucoup de réalisme, elle n’est pas pour autant des plus inventives ou créatives. Avec une œuvre aussi culte, un véritable doudou pour beaucoup de spectateurs dans le monde, impossible de laisser libre cours à la réinterprétation, ou de s’éloigner du matériel originel par peur de décevoir ceux qui vont courir en salle pour revivre un grand moment ciné de leur enfance.

Un respect du matériel original compréhensible, avec un cahier des charges bien rempli de la part de Disney bien évidemment, mais dommage, quand l’original propose une véritable émotion, voire exacerbée. Surtout quand on sait que le réalisateur du film a su offrir une œuvre émotionnellement chargée précédemment, elle aussi avec des animaux aussi réalistes.

Fidèle à l’original, à petits détails près

On aurait pourtant aimé que chaque plan ne soient aussi similaires aux originaux, notamment lors des séquences musicales. Plus copié collé, que réinventé, ce remake du Roi Lion propose tant bien même de nouvelles séquences, dont notamment une chanson pour Nala, accompagnée avant d’une séquence où cette dernière prend la fuite pour trouver de l’aide et tomber sur Simba.

Le film allonge les séquences dans la jungle de Timon et Pumba, propose aussi le voyage d’une boule de poil très naturel (et digestif) avant d’atterrir chez Rafiki. Des scènes supplémentaires, qui – soyons honnêtes – n’offrent pas grand-chose de plus narrativement au film originel. Un copié-collé qui se cantonne au simple rôle de divertissement cela dit, au pas des musiques et mélodies inchangées de Hans Zimmer,

Ce petit rien qui manque…

A trop se prendre au sérieux, Le Roi Lion perd ce petit rien qui faisait de lui un grand dessin animé. Ces petites notes d’humour si funs après certains passages tristes ou sérieux pour les plus petits. Ainsi, Rafiki perd la facétie et l’humour qui lui est si propre. Pas de Kung fu avec les hyènes, de danse autour de Simba avant de lui faire comprendre qui il est. Son rôle de grand sage de la savane aura été réduit à sa fonction la plus basique.

Toujours dans la comédie ou l’humour, si ce n’est la célèbre chanson «  je voudrais déjà être Roi » et quelques dialogues de Timon et Pumba – furtifs- ce Roi Lion réduit l’humour au possible, toujours dans un souci de réalisme. Les hyènes pâtissent aussi de cet humour gommé au possible. Et c’est bien dommage.

Moins spirituel

La séquence où Mufasa apparaît à Simba adulte sera donc réinventée avec des nuages mais sans voir son visage ( comme un Dieu qui s’adresse à son prophète…. bizarre), la chanson très dictature de Scar raccourcie et lissée, pour ne citer que ces deux-là. Le Roi Lion – le remake, veut être visiblement moins dans la facétie et plus dans le sérieux, du début à sa fin.

Même le duo suricate et phacochère perd son charme, puisque lissé. Le couple d’amis animaliers à qui l’on doit le célèbre modo culte « Hakuna Matata » perdent leur charisme si caractéristique (et ce n’est pas que la VF qui les dessert, non pas que le Cerveau n’aime pas Jamel Debbouze en Timon, mais le choix n’était pas des plus heureux). Moins turbulents, plus parents bienveillants, on devra même dire adieu à la séquence si courte mais pourtant si drôle de diversion à « l’hawaïenne ». Triste.

Why so serious ?

Une prise au sérieux qui efface toute magie, dans un film où la magie et l’émotion étaient les points les plus forts du Roi Lion originel, au point qu’il traverse trois générations et devenir l’une des comédies musicales cultes de Broadway depuis plus de 10 ans. Le Cerveau ne dira pas que ce remake est mauvais, loin de là. Il se cantonne juste à la fonction de remake au sens propre, en oubliant les essentiels de la redite ou revisite pouvant rivaliser avec son culte : l’émotion ou la réinvention.

Cela dit, la madeleine de Proust reste efficace, puisque même sans nouveauté, on se surprend à vouloir (presque, on est pas tout seul dans un cinéma… n’est-ce pas ?) fredonner les célèbres paroles familières que l’on entend dès l’ouverture du film. L’histoire de la vie. La ronde infinie… d’un cycle éternel.

Bande Annonce : le Roi Lion (2019)