Wild : Le Chemin de Croix de Reese Witherspoon

Critique du dernier film de Jean-Marc Vallée, Wild, avec Reese Witherspoon : Un récit poignant

Après plusieurs années d’errance, d’addiction et l’échec de son couple, Cheryl Strayed prend une décision radicale : elle tourne le dos à son passé et, sans aucune expérience, se lance dans un périple en solitaire de 1700 kilomètres, à pied, avec pour seule compagnie le souvenir de sa mère disparue… Cheryl va affronter ses plus grandes peurs, approcher ses limites, frôler la folie et découvrir sa force.

Voyage initiatique

La traversée en randonnée de Cheryl est une histoire vraie, adaptée d’un best-seller, Wild : From Lost to Found on the Pacific Crest Trail pour un voyage initiatique au sens propre et figuré du terme. Le film de Jean-Marc Vallée, le réalisateur de l’excellent Dallas Buyers Club, s’ouvre sur une séquence très forte qui laisse croire que l’histoire de Cheryl va avoir un destin funeste. Pourtant Wild est loin d’être un film tragique ou la simple aventure d’une femme traversant le Chemin de crête du Pacifique, un parcours de grande randonnée de plus 4 000 kilomètres.

Wild est avant tout un récit de reconstruction à travers le dépassement de soi. Porté par une Reese Witherspoon aux antipodes de ce qu’on lui connait, qui se donne complètement à son personnage, le film est une dramaturgie parfois intense ou poétique, même si tirant un peu trop sur le misérabilisme.Wild est un film qui marquera son spectateur, sans aucun doute, selon sa sensibilité, son histoire personnelle, et sa capacité à se transposer dans les chaussures de marche de son héroine.

Randonnée-thérapie en solitaire

Wild est une histoire particulière. Un voyage initiatique endeuillé vers une reconstruction difficile. Une histoire à la fois douce et forte, tragique et fascinante. Une histoire d’humanité, de femme, de dépassement de soi, de courage, de recherche, mais aussi de découverte. Une histoire presque déjà vue, mais qui n’empêche pas de s’apprécier même si parfois un peu pathos.

Cheryl est une jeune femme issue d’un environnement social difficile. Si elle a réussi sa vie c’est grâce à sa mère, qui s’est dévouée à ses deux enfants après avoir fui un mari violent. Mais Cheryl va tout perdre et se perdre. C’est pour cela qu’elle marche. Sa mère résume à elle seule le plus grand amour de sa vie, ce malgré un mariage aimant. Un amour qui va la mener vers la destruction dans le sexe, l’alcool, et la drogue; quand la vie décide de lui arracher sa mère. Cette randonnée non préparée, voulue au départ presque comme un suicide, sera la première pièce à l’édifice d’une reconstruction difficile, comme une métaphore personnelle et universelle.

Chemin de Croix

Un récit introspectif où la douleur et la souffrance sont des personnages à part entière. Ce chemin de croix vers une rédemption ou plutôt la redécouverte d’un soi questionne le spectateur, au-delà d’arpenter les sentiers en nature sauvage, malgré les flashbacks qui reviennent presque quasi chronologiquement sur les évènements qui l’ont menés à faire ça. Il n’y a pas de morale à proprement parler. Juste une souffrance que s’inflige l’héroïne Cheryl, comme un moyen d’expier ses fautes, comme une exorcisation de sa douleur vers de lendemains nouveaux. Certains y verront du masochisme, d’autre de la poésie, mais au final ce qu’on retiendra de Wild est que rien n’est insurmontable, et que l’être humain, s’il le souhaite, peut trouver en lui les moyens de se dépasser et de surmonter toutes les épreuves de la vie.

Un film à voir, pour la beauté des paysages, son message positif, et la prestation de son héroine dans la peau de Reese Withersoon qui prouve son talent au naturel, bien loin des comédies romantiques que nous lui connaissons tous, et qui mérite amplement ses nominations. Wild n’est peut-être pas un film subtil, parfois bourré de bons sentiments, mais il est sans pretention. C’est ce qu’on y appréciera le plus.Un véritable feel good movie, en ce début d’année difficile.