Lupin est revenu sur les écrans de Netflix pour la seconde partie de ses aventures ce vendredi 11 juin 2021. Quid de la suite et fin des arnaques du gentleman cambrioleur d’Omar Sy ? La critique du Cerveau.
Lupin est revenu ce vendredi pour sa seconde partie sur les écrans de Netflix. Une seconde partie qui vient répondre au cliffhanger de l’épisode 5, suivi des aventures d’Assane dans sa quête de vengeance en mode gentleman cambrioleur. Une partie 2 qui a débarqué partout dans le monde ce 11 juin 2021, alors qu’on avait laissé croire qu’elle serait diffusée en fin d’année. Un plan diabolique imaginé par les équipes de Netflix, qui tel Lupin avec ses victimes, voulaient s’amuser avec l’attente des spectateurs.
Moins invisible
Voulue comme une fiction qui donne de la place aux invisibles, Lupin aura été la sensation série française de l’année 2021, avec une œuvre qui marque des records à l’international, ultra-plébiscitée dans le monde, au point de devenir série numéro 1 de la plate-forme pendant plusieurs semaines un peu partout sur le globe. Une série qui détrônerait même les autres succès de Netflix comme le Jeu de la Dame ou Bridgerton.
Lupin est sans nul doute la première série française à connaître une acclamation de cette mesure (malgré une audience qui ne tient qu’à la parole de Netflix) sur la plate-forme, après les échecs de Marseille, et la série Marianne, qui pour le coup avait étonné le Cerveau sans vraiment conquérir un public aussi large que Lupin.
Avec des critiques dithyrambiques outre-Atlantique et un peu partout à l’international, Lupin est sans conteste un phénomène série de l’année, bien que la critique française, elle, ait été un peu plus réservée sur cette dernière, voire parfois négative.
Course poursuite et un peu d’action (pas trop quand même)
Toujours sous la plume de George Kay et sous les yeux cette fois-ci des réalisateurs Hugo Gélin et Ludovic Bernard, cette suite des aventures d’Assane – ce fan ultime du personnage de Maurice Leblanc au point d’incarner une version plus actuelle de son héros légendaire – enchaine juste après les évènements d’Etretat, avec le kidnapping de son fils par l’un des petits bras de son ennemi.
S’enchaine alors une course poursuite pour le père, accompagné de Youssef, l’autre fan de Lupin mais côté police, jusqu’à la résolution et les retrouvailles. Le reste de la saison sera marquée par des fuites et autres manigances, le jeu du chat et de la souris entre Assane et Pellegrini, des twists plus ou moins ludiques, jusqu’au climax final et la vengeance attendue d’Assane. Le tout, agrémenté de flashbacks autour de l’enfance orpheline d’Assane, aux côtés de celles qu’il aime.
Toujours timide
Une partie 2 en 5 épisodes à l’image de la première, moyenne, qui ne va pas là où elle le devrait et aborde timidement les sujets de controverse qui pourraient faire de Lupin une grande série, avec un regard réel sur notre pays : L’assimilation, l’immigration, le racisme, la corruption, la manipulation politique… au détriment de ceux que la société voit immédiatement comme des voleurs ou des assassins alors qu’ils sont avant tout des victimes du système.
Entre fausses scènes d’actions et mises en scènes de cambriolages ou fuites malines du héros face à ceux qui le pourchassent, les premiers épisodes de la partie 2 de Lupin se regardent mais avec une certain ennui, bien qu’ils soient divertissants. Cependant, si l’on cherche la surprise ou la stupéfaction, ce ne sera pas le cas, rien des 5 scenarii qui clôturent cette histoire ne viendra vraiment époustoufler ceux qui regarderont cette suite, bien qu’elle soit amusante et distrayante.
Omar Sy fait le job
Ce qui est bien dommage, car avec au casting Omar Sy, dont on connaît toute l’étendue du talent et la sensibilité, le héros aurait pu être un personnage hors normes et marquer une véritable avancée dans le PAF.
Rares sont les personnages de cette envergure issus de la diversité dans les série. On aurait aimé que ce héros qui se prend pour un Lupin des temps modernes soit un tantinet mieux écrit, plus en nuances et en énergie. Si Sy insuffle autant de charisme au personnage qu’il peut le faire, son écriture lissée n’aide pas à l’élever au rang de grand héros et de légende, à l’image de celui qui l’inspire.
Quant au reste du casting, il est de plus en plus éclipsé au fil des épisodes pour se concentrer essentiellement sur l’avancée de l’intrigue et la mise en place des enjeux nécessaires à la résolution de cette dernière. Les femmes deviennent presque invisibles et quasi faire valoir des intentions primordiales d’Assane, à savoir la chute de Pellegrini.
Episodes finaux plus énergiques
Il faudra attendre les deux derniers épisodes pour vraiment prendre du plaisir dans cette intrigue un peu monotone, avec enfin de vrais emprunts au personnage originel, celui qui inspire cette série et Assane : entre le gentleman respectable et le cruel voleur, chef de la manipulation et des scénarii improbables pour mettre au point ses larcins. Lupin – l’original – n’a jamais été qu’un homme courtois et poli qui épargne tout le monde. Dans les romans, il peut être cruel et dur pour arriver à ses fin. Un personnage tout en nuance, choses dont Diop manque cruellement.
Pour voir cela chez Assane et sortir du personnage unidimensionnel, il faudra patienter jusqu’aux derniers épisodes. Se dévoile enfin dans ces dernier, mais toujours timidement, un homme capable de manipuler celles qui l’aiment, leur faire du mal au passage ou les abandonner, voire user de son meilleur ami, faire-valoir de ce dernier au sens propre du terme.
Un final sans accroc
Le final se déroule cependant sans accroc et avec un peu plus dynamisme, bien que l’on voit tous les ressorts de cette intrigue balisée. On sait très bien que l’antagoniste se fera avoir à son propre jeu, que la vérité éclatera au grand jour, dans une espèce de brouhaha final et de fuite du héros presque légendaire. Une évasion sans fausse note dans un dernier épisode un peu plus énergique que le reste.
Malheureusement, Lupin Partie 2 se clôt sur un sentiment de manque. Manque de nuances, de profondeur, mais surtout de réelle prise de position sur la visibilité des minorités à l’écran.
Si Lupin marque un tournant avec l’avènement d’un homme noir incarnant un héros inspiré du patrimoine culturel français dans une série à visibilité internationale, on aurait aimé qu’elle ne soit pas qu’une simple carte postale de Paris sur fond de vengeance ingénieuse. On salue l’idée de casser le mythe du noir vindicatif des quartiers, en le réinventant à la sauce Lupin. Mais il n’en reste pas moins qu’un homme noir qui vole pour arriver à ses fins. A quand un héros issu de la diversité loin des clichés du voleur ou du délinquant en France ?
Crédit photos ©Netflix
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur