L’adaptation de contes pour enfants au cinéma a le vent en poupe du côté d’Hollywood et pas souvent pour le meilleur. Blanche Neige et le chasseur est la seconde adaptation inspirée par les frères Grimm à arriver sur grand écran cette année. Un règlement de conte perdu entre la Fantasy et la fresque historico-épique. On débriefe.

Il était une fois…..Dans un sombre royaume, une Reine maléfique en quête de jeunesse éternelle. Pour échapper à la colère de la reine, jalouse de sa beauté, Blanche Neige se réfugie dans une forêt fantastique. Le chasseur chargé par la reine de tuer cette dernière, va être envoutée par le charme et la force de cette guerrière (tout est relatif) et devenir son allié dans son combat contre le mal.  Une réécriture du conte légendaire qui se veut épique mais qui déçoit tant par son scénario décousu et linéaire que par son actrice principale.

Le Monde merveilleux du stéréotype

Dans cette relecture du conte de Grimms (1812), qui se veut plus historique et épique que le conte originel, la multitude de stéréotypes frappe le spectateur dès les premières scènes. Le premier concerne Blanche Neige, véritable cliché de la princesse pure qui tient jusqu’au bout, même emprisonnée, dans sa tour, priant son dieu pour une salvation prochaine de son royaume. Une jeune princesse, respectée par tous, que ce soit la nature ou ses sujets. L’innocence et la pureté, valeurs mises en avant dans ce film au scénario si simpliste que c’est à se demander si les scénaristes connaissent la définition ou l’utilité d’un connecteur logique entre les scènes, ou tout simplement construire une intrigue qui tient la route.  Cette adaptation se voulait comme un voyage initiatique de l’héroine. Le voyage est bien là, l’initiation et l’aventure restent quasi absentes. Un stéréotype de princesse encore plus accentué par le jeu de Kristen Steward, que l’on souhaitait voir différemment. Malheureusement  pour le spectateur, la Bella de Twilight n’est pas très loin… Toujours aussi expressive qu’une table basse (modèle ikea 40euro, et encore on est gentil), l’actrice propose un personnage lisse et surtout parfois absent. Ce qui est dérangeant quand il s’agit de l’héroïne de l’histoire. Amis de la dépression : bonsoir ! Stewart ne montrera ce dont elle est capable qu’en fin de film. Une fin qui se veut héroïque et guerrière, qui arrive comme un cheveu sur la soupe d’ailleurs et qui ne dure qu’une bonne dizaine de minutes, montre en main.
Chris Hemsworth, le chasseur, n’est pas mieux. Stéréotype du veuf désabusé, misanthrope et bourru, il se décide à suivre la belle princesse dans sa quête  en deux temps trois mouvements. Un personnage aussi profond que celui de William, fils du Duc et ami d ‘enfance de Blanche Neige, prince vaillant de tous les clichés de contes pour enfants. Un décalage marqué entre l’écriture très superficielle de ces personnages et l’esthétique travaillée du film est omniprésent du début jusqu’à la fin.

Instabilité

Rupert Sanders a voulu pour son Blanche Neige et le chasseur un monde médiéval d’une esthétique assez proche de Kingdom of Heaven de Ridley Scott. A la fois historique, féerique, gothique comme Alice au Pays des Merveilles de Burton, Blanche Neige et le chasseur propose une esthétique sans défaut que l’on salue. Les couleurs et les décors sont travaillés dans le détail pour offrir un véritable voyage au spectateur. Malheureusement pour la cohérence entre les mondes, il faudra repasser puisque elle est quasi inexistante. Le réalisateur passe d’un plan séquence à un autre, de la forêt noire à la forêt des fées -l’interlude paisible qui nous rappelle à la fois le film Willow de Ron Howard ou la cultissime mini-série La caverne de la rose d’or– à une forêt enneigée, au château sombre de Ravenna, à la cour du Duc, sans même expliquer où les personnages se trouvent. L’incohérence et l’instabilité sont de mise dans ce conte épique. Parfois peinture historique du Moyen-Age, parfois fantasy avec ses créatures imaginaires, parfois gothique avec son esthétique et ses décors lugubres, pendant plus d’une heure le film se cherche sans vraiment choisir un genre parmi ces trois. Et cette instabilité dérange.

Charlize Theron, véritable reine !

Charlize Theron fait régner la terreur. Une véritable reine noire. La première scène qui la met en avant est celle du bain en début de film, dont elle sort comme une statue de marbre. Une déesse malfaisante et délicieusement horrible qui porte le film de bout en bout. Avec ses costumes époustouflants, conçus par la styliste officielle de Tim Burton, Colleen Artwood, l’actrice prouve une fois de plus l’étendue de son talent dans Blanche Neige et le chasseur.  Psychotique, jalouse, nevrosée, passionnée, apeurée et terrifiée par l’idée de vieillir, Ravenna est le personnage qui fascine et envoûte le spectateur. Maléfique, puissante et terriblement belle, l’actrice porte à bout de bras cette pseudo fresque historico-épique, en se donnant corps et âme dans son personnage. Et ça fonctionne. S’il y a bien une prestation de l’actrice aussi forte que celle qu’elle nous avait offert dans l’Associé du diable ou surtout Monster, c’est bien celle-ci. Elle qui était presque absente dans Prometheus, est à l’honneur dans Blanche Neige et le chasseur, avec son accent anglais et sa voix sulfureuse ensorcelante.

Blanche Neige est le chasseur prouve une fois de plus le mal d’inspiration d’Hollywood par son instabilité scénaristique et son manque de profondeur. A mille lieux de la comédie de Tarsem Singh, de l’adaptation de Disney ou du conte qui l’a inspiré, le film pose les bases sans pour autant explorer en profondeur son potentiel. Alors que le feu vert a été donné pour une suite, on peut imaginer que ce premier opus n’est qu’un premier exercice avant une sequel plus travaillée. Cependant le film fonctionnera facilement avec un public jeune qui s’amusera et voyagera à travers les décors travaillés, les créatures fantastiques et la fresque historico-épique proposée dans ce long métrage.

Bande annonce VOST


Crédit photos : ©Universal